Résultats de recherche pour “France Adine” 391 à 420 (925)
« Écrire, c’est scruter le visible pour entendre l’invisible », nous dit Alain Dantinne aux premières pages de Brise de mère . Un livre intense, dans lequel il scrute, en chapitres…
La collection d’essais tirés des conférences prononcées lors de ces rencontres privilégiées que sont les Midis de la poésie comptait déjà, parmi les grands noms qui l’émaillent, Pasolini, Brecht, Bauchau, Duras, Aragon… Grâce à l’étude que livre Gérald Purnelle, professeur à l’Université de Liège, deux Liégeois viennent rejoindre cette cohorte d’éminences : Jacques Izoard et François Jacqmin. Comparer deux poètes, ou plutôt deux voix poétiques, est un exercice plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas de superposer des citations ni de computer des corrélations lexicales ; encore faut-il sonder au cœur et aux reins leur œuvre respective, via les récurrences thématiques, les fantasmes, le ton, la vision dont elle est porteuse. Une naissance et une mort en région liégeoise augmentées d’une contemporanéité d’écriture ne suffisent en effet pas à fonder une connivence entre poètes, même si elles permettent d’entrevoir quelques traits de parenté.Gérald Purnelle a très bien mis en exergue les différences de tempérament des deux hommes, et ce sans entrer dans le détail de leur intimité vécue, mais en se plaçant d’emblée sur le terrain de leur ethos social comme littéraire.Quelles silhouettes, et quelles carrures que celles de ces frères séparés. D’un côté, Jacques Delmotte au pseudonyme de col alpin, « militant » de la cause poétique, qui s’y dépense sans compter, s’y brûlera ; homme de réseaux (il n’a jamais cessé de publier concomitamment aux plus grandes enseignes et dans des revues éphémères, confidentielles) et de rencontres (pas un seul « écrivant » à Liège pour ignorer le passeur magnifique qu’il fut) ; professeur, qui savait susciter l’éveil à la fécondité de la langue française parmi ses classes de techniques / professionnelles, par exemple en leur livrant en pâture un « poème du jour » à discuter, dépecer, noter sur dix ; diseur enfin à la sensualité directe, poète tactile, rebelle jusqu’au bout au(x) cloisonnement(s). De l’autre, François Jacqmin, homme d’un seul nom de famille, avouant volontiers que la découverte de la poésie marqua une « fracture » dans son existence, manifestée par un « manque d’adhésion généralisé », ce qui n’est pas sans évoquer un certain Henri Michaux ; compagnon de route – y avait-il une autre manière d’en être ? – du surréalisme d’après-guerre, s’auto-désignant comme « le membre le plus tranquille de la Belgique sauvage » ; homme du retrait, du confinement de sa parole, de la divulgation au compte-goutte, qui publie son premier recueil d’importance, Les Saisons , à l’orée de la cinquantaine en se tenant loin des coteries, des logiques de conquête du champ. Jacqmin, silentiaire d’un empire intérieur à dimension de jardin.Gérald Purnelle a parfaitement saisi à quel point « l’écriture poétique d’Izoard et de Jacqmin se fonde également sur une permanente perception du monde comme origine et, comme enjeu, sur l’inscription du sujet dans ce monde et dans le langage ». Ce postulat explique la réticence – le refus ? – manifestée par Izoard à intellectualiser le réel, et à l’inverse les ressorts émotionnels, frisant l’extase, qui sont présents dans l’expression de Jacqmin ? Et là où Izoard entre en contact avec des matières, des étoffes, usant sans vergogne de l’œil, du doigt, de la langue, du sexe, Jacqmin approche par cercles concentriques, franchissant par paliers les couches invisibles qui ceignent l’essence des choses. Une essence qui, évidemment, se révèle évanescence.Le verbe est alors ressenti tout différemment de part et d’autre. Pour Jacqmin, il y a une inaptitude à exprimer les profondeurs du sensible : ainsi explique-t-il dans un entretien accordé à Revue et corrigée au mitan des années 80 : Je considère que c’est une injure vis-à-vis du monde que de le désigner, que de lui coller un verbe sur le dos et de dire à cet objet « voilà ce que tu es ». Et je ne fais pas plus confiance à ma pensée qu’au langage, ce qui veut dire que la situation est tout à fait bloquée. On retrouve la contradiction dans le fait que je continue d’écrire. Pour Izoard, par contre, qui exerce son écriture comme un décloisonnement, le langage est vecteur de projection vers l’autre. Ne pas se retrancher derrière les vocables, mais faire en sorte qu’ils soient le salutaire fil conducteur allant de l’un à l’autre. Briser ainsi le halo de vide autour des êtres, les aimer. ( extrait de Ce manteau de pauvreté , 1962 )Le mérite d’une telle étude, au-delà de l’outil d’analyse qu’elle fournit, est de constituer un irrésistible incitant à se ressourcer, d’un mouvement parallèle, chez Jacqmin et Izoard, recto et verso d’une même lecture réenchanteresse du monde, avers et revers d’une même…
Un an à peine après son remarqué Today we live , Emmanuelle Pirotte fait à nouveau la rentrée littéraire. De profundis , son deuxième roman, est publié lui aussi au Cherche Midi.…
Roger Van de Wouwer, l’incorruptible
À l’heure où Paris célèbre une nouvelle fois et en grande pompe les œuvres de René Magritte, une première monographie révèle…
En 1939, l’Amérique commence à Bordeaux. Lettres à Emmanuel Boudot-Lamotte (1938-1980)
Marguerite Yourcenar était une épistolière prolixe. L’époque, ses nombreux voyages, sa vie d’exilée sur son île états-unienne étaient propices à la correspondance. Nombre de ses lettres ont déjà paru en volume [1] , il en paraît encore et probablement qu’il en paraîtra davantage quand ses archives, tenues secrètes jusqu’en 2037, selon sa volonté de fer, seront enfin dévoilées. Volonté de fer : Yourcenar blindait sa correspondance comme son œuvre. Ses lettres à Emmanuel Boudot-Lamotte « n’ont pas été déposées par l’écrivaine dans les archives de la bibliothèque Houghton avec les correspondances destinées d’emblée à la postérité », comme le rappellent Elyane Dezon-Jones et Michèle Sarde, dans l’avant-propos. D’ordinaire, Yourcenar doublait sa correspondance sur papier carbone ; dans ce cas, il semblerait que non. Les lettres originales ont été découvertes par le neveu d’Emmanuel Boudot-Lamotte alors qu’il mettait de l’ordre dans la succession de son oncle. Emmanuel Boudot-Lamotte a été membre du comité de lecture des éditions Gallimard de 1931 à 1944-45, traducteur et surtout photographe indépendant. Chez Gallimard, il a notamment participé à la publication du premier livre de Raymond Queneau, Le Chiendent . Il collaborera avec Marguerite Yourcenar après qu’elle a quitté Grasset pour Gallimard. La guerre terminée, alors qu’il dirigeait les éditions J.B. Janin, ils bâtiront ensemble plusieurs projets – dont une anthologie de nouvelles américaines contemporaines et un Trésor d’art français (compilant et commentant des œuvres de peintures françaises conservées dans les musées américains). Nous en suivons l’élaboration et les avancées à travers les lettres de Yourcenar. Celles de Boudot-Lamotte n’ont pas été retrouvées, seuls quelques brouillons sont donnés à lire. La faillite de l’éditeur aura raison de ces projets.Tout autant que professionnelle, la relation entre Emmanuel Boudot-Lamotte et Marguerite Yourcenar s’avère amicale. Elle envoie des produits introuvables en France pendant la pénurie d’après-guerre, s’inquiète de leur bonne réception, de la santé de sa mère. En échange, il lui envoie des livres, la littérature française de ce moment-là, qu’elle commente, critique.Professionnellement, très travailleuse, elle se montre aussi dirigiste, intraitable, opiniâtre, réussissant à imposer ses volontés, de lettre en lettre ; et ce, toujours dans une langue très élégante… L’épisode de l’anthologie en est un bel exemple. Elle parvient à évincer Florence Codman qui avait débuté le travail de sélection avec elle et à en devenir la seule organisatrice et traductrice, aidée par sa compagne Grace Frick…Outre le plaisir toujours renouvelé d’être en compagnie d’une auteure qui connaît les circonvolutions et les paradoxes de l’âme humaine (« Ne pas changer, loin d’être toujours une preuve de fidélité envers soi-même, constituait parfois une transformation aussi grave et plus insidieuse que le changement »), l’intérêt particulier du livre provient de ce qu’il aborde une période sur laquelle elle est restée discrète : la guerre et son après. « Contrairement à ce que l’on croyait, faute de documents, les années 39-49 sont fécondes et l’exil en Amérique, loin de provoquer épuisement de l’énergie créatrice et désarroi permanent, est utilisé au maximum par Yourcenar pour se lancer dans des formes d’écriture nouvelles ou en continuité avec ce qu’elle avait précédemment entrepris. » (Avant-propos). La correspondance est intense depuis l’embarquement de l’écrivaine à Bordeaux en 1939, elle s’interrompt pendant le conflit mondial, pour reprendre, très nourrie, à partir de 1945. Après 1948, quand la maison J.B. Janin aura déposé le bilan, elle se tarira. À la fin du volume sont ajoutées quelques lettres de Yourcenar à Madeleine Boudot-Lamotte, la sœur d’Emmanuel, notamment à propos de l’édition allemande des Mémoires d’Hadrien . L’ultime missive, datée du 24 avril 1980, parle à cette dernière, en ces termes, de Grace Frick, décédée quelques mois plus tôt : « Depuis huit ans, la situation où se trouvait Grace (cancer généralisé) était si cruelle, que, malgré quelques magnifiques et brèves remontées, on ne pouvait plus lui souhaiter de vivre. » Triste, beau et réaliste. Michel Zumkir [1] Lettres à ses amis et quelques autres , Gallimard, 1995 et coll. « Folio », n° 2983, 1997 ; D’Hadrien à Zénon, Correspondance 1951-1956 , Gallimard, 2004 ; « Une volonté sans fléchissement ». Correspondance 1957-1960 (D’Hadrien à Zénon, II), Gallimard, 2007 ; « Persévérer dans l’être ». Correspondance 1961-1963 (D’Hadrien à Zénon, III) , Gallimard, 2011.…
Il est difficile de s’arracher au ton mineur qui prélude au dernier récit de Caroline Lamarche, Dans la maison un grand cerf . Dès le départ,…
Présence au monde. Essai sur la poétique de Georges Thinès
« Il importe de voir toujours plus haut, toujours plus loin, pour atteindre…
Liu Xia. Lettres à une femme interdite
Écrire à quelqu’un qu’on ne connaît pas, qu’on ne rencontrera probablement jamais, mais dont la pensée vous habite,…
François Emmanuel n’est plus à présenter. Depuis près de trente ans, son œuvre se déploie et elle forme aujourd’hui un ensemble impressionnant. Déclinée en pièces…
Au moment où reparaît, dans la collection patrimoniale Espace Nord, Gisella , le texte sensible et poignant que le poète a consacré à son épouse décédée,…
La réédition d’une œuvre de Stanislas-André Steeman est toujours bienvenue. Elle rend aussi justice à un pionnier du roman policier moderne…
Bruxelles et la Belgique subissent le poids de l’occupation par la République française. Rue Neuve, la maison cadastrée VIIe section n° 460-461 est occupée par deux…
Sous le titre intrigant Perception de Delvaux , une nouvelle de Jean Jauniaux imagine une rencontre touchante, un jour d’été, dans le musée de Saint-Idesbald consacré…
La Chine, la mer, la littérature
L’érudition, la subtilité et la vivacité du sinologue Pierre Ryckmans font des textes réédités, préfacés et postfacés par Jean-Luc Outers et…
La lecture vécue plus que jamais comme une aventure. À la fois intérieure et multiple. Le dernier livre d’ Anatole Atlas, Axiome de la Sphère , nous invite à larguer les…
On ne soulignera jamais assez combien la littérature francophone de Belgique, lorsqu’elle est mise en valeur dans des éditions de prestige, retrouve la place qui lui revient, dont…
Le poète André Doms nous livre, en trois denses volumes – Italiques , Ibériques , Balkaniques -, ses Écrits du voyage . Portés par une invocation vibrante :…
Clovis Patati et Florimond Tictac souhaitent adopter un enfant. Ils deviennent les parents d’une petite Pétronille que tout le monde finit par appeler…
Une petite histoire du roman policier belge
Christian LIBENS , Une petite histoire du roman policier belge, Weyrich, coll. « Noir Corbeau », 2019, 99 p., 6,90…
Daniel Simon a de nouveau frappé. Le directeur des Éditions Traverse et l’auteur de nombreux livres de poésie, de théâtre et d’essais livre ici son…
William CLIFF , Immortel et périssable , choix anthologique et postface de Gérard Purnelle, Impressions Nouvelles, coll. « Espace Nord », 2019, 240 p., 10 €, ISBN :…
Le trépidant roman Nos âmes sœurs raconte le destin de deux jeunes femmes. D’un côté, en Hongrie, il y a Ludmilla, une jeune noble orpheline qui vécut au 15e siècle et dont…
Mettre en lumière les rapports qui se sont tissés entre James Ensor (1860-1949) et Bruxelles, alors qu’on ancre volontiers le peintre à Ostende, c’est…
Archiviste et spécialisé dans la préservation du patrimoine industriel, le Carolo Christian Joosten oriente aujourd’hui sa plume vers le roman policier. Du reste,…
Daniel DE BRUYCKER , Neuvaines 7 à 9 , MaelstrÖm, coll. « Poésie », 2020, 239 p., 16 €, ISBN 978-2-87505-365-7Troisième et dernier tome des Neuvaines , le nouveau…
Où l’on retrouve, sous la plume subtile d’ Alain Berenboom , le détective privé bruxellois Michel Van Loo et sa bande d’amis de la Place des Bienfaiteurs :…
Camille Lemonnier, Et s’il entrait dans la Pléiade ?
L’écrivain, critique, collaborateur du Carnet et les Instants , Frédéric Saenen…
L’avènement des barbares (volume 2) : Le pressoir du monde
Après Arles, théâtre de L’or, la paille, le feu , premier volume de L’avènement…
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