L’Instant précis où Monet entre dans l’atelier


RÉSUMÉ

A travers une seule image, obsédante, lancinante, celle qui capture l’instant précis où Monet entre dans son atelier, je me suis efforcé de peindre les dernières années de la vie de Monet. C’est dans ce grand atelier de Giverny où il a peint les Nymphéas qu’il se sent à l’abri des menaces du monde extérieur, la guerre qui gronde aux environs de Giverny, la vieillesse qui approche, la vue qui baisse inexorablement. C’est là, dans l’ombre de la mort, qu’il va entamer le dernier face-à-face décisif avec la peinture. C’est là, pendant ces dix années, de 1916 à 1926, que Monet va poursuivre inlassablement l’inachèvement des Nymphéas, qu’il va le polir, qu’il va le parfaire.


À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Philippe Toussaint
Auteur de L’Instant précis où Monet entre dans l’atelier
Jean-Philippe Toussaint est l’un des auteurs belges contemporains les plus réputés internationalement. Il doit cette notoriété à une oeuvre d’une grande originalité,  et d’une densité exceptionnelle. Fils de l’écrivain journaliste Yvon Toussaint, il est né à Bruxelles en 1956, mais fera, en raison des activités de correspondant de son père, l’essentiel de ses études à Paris, principalement à Science-Po. Il débute en 1985 avec un premier roman paru aux éditions  de Minuit (maison à laquelle il restera indéfectiblement fidèle) qui fait immédiatement sensation. Il est non seulement salué comme  l’une des plus éclatantes manifestations du Nouveau Nouveau Roman, mais connaît aussitôt un retentissement considérable, en particulier au Japon où, par la grâce d’un traducteur de première force, Toussaint s’impose comme l’auteur de langue française le plus apprécié. Une dizaine d’ouvrages s’en sont suivis, qui lui ont valu une belle moisson de prix, depuis le Sander Pierron de notre Académie jusqu’au Médicis, en passant par le Rossel (qu’il partage avec Henry Bauchau) ou le Triennal, frôlant même à plusieurs reprises le Goncourt. Toussaint est aussi photographe et cinéaste : on lui doit notamment l’adaptation à l’écran de son roman Monsieur ainsi que La Patinoire, film aussi drolatique que magistral, injustement méconnu.


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Jean-Philippe TOUSSAINT, L’instant précis où Monet entre dans l’atelier, Minuit, 2022, 32 p., 6,50 € / ePub : 4,99 €, ISBN : 9782707347831Il faut remercier Ange Leccia. En effet, l’artiste, qui présente son œuvre (D)’Après Monet au musée de l’Orangerie du 2 mars au 5 septembre de cette année, a donné envie à Jean-Philippe Toussaint d’écrire sur Monet. Et c’est un délice de livre minute, dans un format que l’auteur pratique régulièrement depuis La mélancolie de Zidane, une fulgurance.L’instant précis où Monet entre dans l’atelier s’ouvre sur la phrase du peintre : « Je suis si pris par mon satané travail qu’aussitôt levé, je file dans mon grand atelier ». Une…


AVIS D'UTILISATEURS


Tania

Ma première visite à l’Orangerie pour voir les salles des Nymphéas reste une de mes plus grandes émotions esthétiques à ce jour, la plus grande en peinture, peut-être. J’avais dix-sept ans. J’ai appris alors l’histoire de ces grands panneaux, chef-d’œuvre du peintre, histoire qu’on retrouve en filigrane du texte de Jean-Philippe Toussaint, axé sur les perceptions et sur la création artistique.

Sur mon blog : http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/07/27/l-instant-precis-3272151.html


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Jean-Philippe TOUSSAINT , L’instant précis où Monet entre dans l’atelier , Minuit, 2022, 32 p., 6,50 € / ePub : 4,99 € , ISBN : 9782707347831Il faut remercier Ange Leccia. En effet, l’artiste, qui présente son œuvre ( D)’Après Monet au musée de l’Orangerie du 2 mars au 5 septembre de cette année, a donné envie à Jean-Philippe Toussaint d’écrire sur Monet. Et c’est un délice de livre minute, dans un format que l’auteur pratique régulièrement depuis La mélancolie de Zidane , une fulgurance. L’instant précis où Monet entre dans l’atelier s’ouvre sur la phrase du peintre : «  Je suis si pris par mon satané travail qu’aussitôt levé, je file dans mon grand atelier  ». Une phrase simple en apparence, et qui a déclenché la rêverie puis le travail de Toussaint. L’auteur de La télévision , dont le narrateur ne parvenait pas à avancer dans son essai sur Titien, nous invite à tourner autour de cette image, de pénétrer dans l’atelier du Maître, plus précisément à «  saisir Monet là, à cet instant précis où il pousse la porte de l’atelier  ». Nous sommes en 1916. Monet travaille aux grands panneaux des Nymphéas . Non loin de Giverny, la guerre fait rage, et Monet se réfugie dans son atelier. Le texte se compose de neuf longs paragraphes qui s’entament de la même manière, l’ouverture de la porte. Chaque période explore une des frontières que l’artiste est en train de traverser à cette heure matinale. Monet oscille. Il est «  entre la vie, qu’il laisse derrière lui, et l’art, qu’il va rejoindre  ». Entre l’ombre de la nuit et la lumière du jour. Entre deux âges. Entre la vie et la mort. Il travaille «  dans l’incertitude  », n’ayant aucune idée du destin des Nymphéas , dont il ne sait pas bien quoi faire, ni comment les agencer, qu’il travaille à ne pas finir. Car finir, c’est mourir. «  Jamais, de son vivant, il ne laissera les grands panneaux quitter l’atelier pour rejoindre l’Orangerie  ».C’est cette oscillation, cette incertitude, que Toussaint place au cœur de son texte, et dont on sait qu’elle participe à une thématique qui le fascine depuis ses premiers romans et essais. Il faut relire L’urgence et la patience , où il tente de révéler le passage entre la lente maturation intérieur et le déclic, le geste de la création. Il faut relire La mélancolie de Zidane , qui s’attache à saisir l’instant précis où tout bascule, et qui creuse déjà l’importance de ne pas finir . Bien entendu, il faut lire et relire l’œuvre romanesque de Jean-Philippe Toussaint, une des plus raffinées et puissantes tout à la fois de la littérature française contemporaine, et qui foisonne de ces situations, personnages, lieux entre deux .Tout est affaire de précision en matière d’équilibre. Une goutte de pluie peut faire chuter le funambule le plus adroit. Dans le cas de Toussaint, l’ entre deux vibre et atteint l’harmonie. La mécanique de ses phrases est d’une telle finesse, la composition de ses tableaux d’une telle subtilité, que le lecteur croit voler alors qu’il marche sur un fil.Dans L’instant précis où Monet entre dans l’atelier , dès le début, le « je » de Toussaint est là, qui s’insère dans les lieux et se murmure en aparté. «  C’est le moment du jour que je préfère, c’est l’heure bénie où l’œuvre nous attend  ». Toussaint a rêvé Monet, et il partage ce rêve avec nous. Il parle de création, donc il parle aussi de lui. L’équilibre est parfait. Nous pénétrons avec lui dans l’atelier. Nous voyons le soleil se lever. Nous trouvons dans la beauté un refuge à la violence du monde. Et nous nous efforçons de ne pas finir. De rester entre deux . Nicolas…