Camille Lemonnier, Et s’il entrait dans la Pléiade ?


RÉSUMÉ

« Je dois dire que j’ai découvert Camille Lemonnier grâce à vous », cette phrase n’est pas une fiction, mais une réalité. Le lecteur belge ou français ne découvre pas Molière ou Zola. Le nom et l’œuvre sont connus, un passage obligé. Camille Lemonnier, écrivain belge, est spécifiquement l’auteur qui fait l’objet d’une découverte. Le nom sonne familier et après s’être renseigné, le lecteur franchit le pas. Il lit un roman, il est subjugué. Alors, survient la différence entre le lecteur français et le lecteur belge. Le premier fait une découverte, le second prend conscience d’un scandale. Qu’un auteur aussi magistral soit ignoré de son propre peuple, qu’il ne soit pas inclus dans les programmes scolaires aux côtés des auteurs français, voilà ce qui scandalise le lecteur belge. L’œuvre oubliée de Camille Lemonnier est le symbole même de notre ignorance et notre désintérêt pour notre propre culture. La prise de conscience pousse à la révolte pour la reconnaissance. La voie choisie de Frédéric Saenen : militer pour l’entrée de Camille Lemonnier dans la prestigieuse collection de la Pléiade. C’est un premier pas. Les suivants mèneront à la création de notre propre collection Pléiade et à l’enseignement des auteurs belges. À moins que nous restions toujours le peuple vagabond et sans attaches d’une terre d’exil…

L'article #06 : Camille Lemonnier





NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

L’écrivain, critique, collaborateur du Carnet et les Instants, Frédéric Saenen persiste et signe. Il finissait son précédent essai, Camille Lemonnier, le « Zola belge » par ces mots : « Le tour du Maréchal des lettres n’est-il pas venu d’être le prochain Belge à entrer de plein droit dans la collection de la Pléiade, après Simenon, Michaux et Yourcenar ? » Un an plus tard, dans L’article, le mensuel des éditions Lamiroy, il propose Camille Lemonnier, Et s’il entrait dans la Pléiade ? une critique fiction d’anticipation.Nous sommes à l’automne 2029, sur le point de fêter le bicentenaire de la Belgique, la France a ratifié son adhésion à l’extrême-droite, Maurice…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:pléiade - "Camille Lemonnier, Et s’il entrait dans la Pléiade ?"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Drieu la Rochelle face à son œuvre

Pierre Drieu la Rochelle fait partie de ces…

Yourcenar en images

Fondatrice du Centre International de Documentation Marguerite Yourcenar, auteure d’une…

Le regard éclairé. À propos de Philippe Jacottet, Reiner Kunze, Franz Moreau, Norge, Joseph Orban, Marcel Piqueray, Quasimodo et André Schmitz

Le 19 octobre 2019… Une date tout droit sortie du « monde d’avant », celui où il était encore loisible de se réunir devant une scène de concert ou un grand écran, à la tablée d’un restaurant ou, pourquoi pas, pour entendre parler de poésie. C’est ce qui se passait à Bruxelles, ce samedi-là, à l’occasion d’une des rencontres internationales organisées par le Journal des Poètes . Afin de «  célébrer cette émotion appelée poésie  », les participants y évoquaient tour à tour une figure, belge ou non, et par-delà des voix s’exprimant dans des registres très différents. L’émotion, c’est en effet ce qui relie des personnalités aussi diverses que Norge, Joseph Orban, Marcel Piqueray ou Salvatore Quasimodo. Le volume s’ouvre sur une évocation presque intime signée Jean-Marc Sourdillon , éditeur à la Pléiade des œuvres de Philippe Jaccottet. Les poèmes de Jaccottet y sont envisagés dans leur résonance interrogative la plus profonde, comme des questions dont la béance même garantit l’existence. «  Une façon […] non pas d’expliquer ou d’analyser le réel, comme le font les sciences ou la philosophie, mais de l’aimer ou de le redouter  ».De Joseph Orban, qu’elle connut très bien, Danielle Bajomée trace un portrait ajouré de failles touchantes, «  entre ombre et indigo  » : «  Je l’ai presque toujours perçu comme un garçon triste, sombrement lumineux, peu aimable, toxique parfois, mais à l’esprit pur  », écrit-elle. Sa réflexion se détache pourtant de son ancrage biographique pour accéder à une lecture très fine des proses brutes, jusqu’à la violence, d’Orban. Elle souligne aussi le paradoxe – qui chez le poète n’est souvent que dynamique de style – d’une écriture où l’ignoble s’exprime avec une jubilation métaphorique confinant à la préciosité. C’est que, jusqu’à ses derniers jours, Joseph Orban aura ouvert, sur le réel et les mots pour le dire, des yeux d’enfants éblouis qui conservaient intact leur sens du merveilleux. Judith Chavanne est poétesse et aussi essayiste, avec une étude sur Jaccottet justement. Dans le présent ensemble, elle a pourtant préféré savourer le silence qui émane des mots laissés par le poète Allemand Reiner Kunze (né en 1933). Alors qu’il est connu et reconnu en Allemagne, Kunze est moins familier pour le public francophone, qui peut cependant le découvrir à la faveur d’une traduction d’ Invitation à une tasse de thé au jasmin (Cheyne, 2013). Cette « anthologie », établie par Kunze personnellement, constitue l’entrée idéale dans son œuvre et sert de fil conducteur à l’exploration menée par Judith Chavanne, qui nous amène à découvrir une production où le problème éthique prend toute son importance : Kunze a commis l’erreur littéraire, partant morale, de se faire, pendant un temps, le chantre du régime communiste. Jusqu’à ce qu’il porte sur le monde qui l’entoure «  un regard éclairé  ». Un retour à l’élémentarité des choses le dessille et marque le début de sa dissidence intérieure. Le programme, périlleux à appliquer dans la RDA des années 60, vaut encore en 2021 : «  S’en tenir / à la terre // Ne pas jeter d’ombre / sur d’autres // Être dans l’ombre des autres / une clarté.  »Qu’il s’agisse encore des pages consacrées à André Schmitz, Salvatore Quasimodo, Franz Moreau, Norge ou Marcel Piqueray, les interventions rassemblées ici dépassent le niveau de la simple étude formelle pour accéder à celui de l’interpellation métaphysique. À chacun,…