Adeline Dieudonné

PRÉSENTATION
Découverte en 2017 avec son seule en scène Bonobo moussaka (ensuite publié aux éditions Lamiroy), déjà troussé au vitriol, la comédienne et autrice bruxelloise Adeline Dieudonné avait transformé l’essai grâce à Amarula, petit bijou de nouvelle douce-amère aux personnages singuliers. Le texte avait séduit à l’unanimité le jury du Grand Concours de nouvelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et définitivement mis le pied à l’écriture de la lauréate. Vint ensuite l’étape cruciale du roman. La vraie vie, conte initiatique cruel, culotté et émancipateur publié chez l’Iconoclaste déjoua tous les pronostics en empochant le Prix Fnac, le Prix Filigranes, le Prix Première Plume, le Prix Renaudot des Lycéens, et enfin, parce que l’on peut aussi être prophète en son pays, le Prix Rossel et le choix Goncourt de la Belgique, mais aussi de l’Italie. Jamais une telle moisson de prix n’aura couronné une plume belge lors d’une rentrée littéraire, à plus forte raison pour un premier roman. Un tel parcours méritait bien qu’on s’y attarde de nouveau avec l’autrice, engagée et prompte à s’amuser des mots comme des situations. Quel a été le déclic pour écrire votre pièce Bonobo moussaka ? À une époque, je bossais dans un bureau d’architectes d’intérieur. Je vendais des plaids et des coussins et je me disais que ça n’avait aucun sens. Aujourd’hui, dans la plupart des textes que j’écris, il y a toujours un passage sur la décoration… ça a dû me rester ! (rires). Je me sentais paumée. Pendant plusieurs mois, j’ai essayé de faire une reconversion dans le développement durable. Un jour, au Bar du matin, à la table à côté de la mienne, il y avait Thomas Gunzig. On se connaissait peu, mais il trouvait intéressantes mes réflexions. Il  m’a demandé pourquoi je n’écrirais pas. Je pensais que ça n’intéressait personne, le point de vue d’Adeline Dieudonné sur monde. Il m’a rétorqué que lui, si et que je n’avais de toutes manières rien de mieux à faire aujourd’hui. Il m’a dit : « Essaie peut-être d’écrire pour la scène. ». Mes débuts sont vraiment nés d’une nécessité de changer les choses. Vous ressentiez une forme de perte d’innocence ? C’est un thème qu’on retrouve en filigrane dans l’ensemble de vos textes… À ce moment-là je lisais pas mal d’essais sur l’écologie et la transition énergétique et je prenais conscience que j’avais mis au monde deux enfants dans ce contexte-ci… je voyais l’inertie politique et générale, et je ressentais l’urgence de réagir. Ce n’était pas longtemps après la COP21, j’étais allée jusqu’à Paris pour prendre le pouls de la situation. Je découvrais plein d’initiatives qui émergeaient, mais rien qui aboutissait. C’est aussi l’année où est sorti Demain, le documentaire. Ma prise de conscience de l’état du monde était un peu brutale. Notamment me rendre compte de l’aspect systémique : que la crise était environnementale, certes, mais que ça avait des impacts sociaux, économiques, etc. J’étais persuadée que c’est un tout qui doit changer radicalement. Dans Bonobo moussaka, la narratrice dit à son enfant : « Toi, tu n’es pas encore un chacal… ». Il y a déjà là, en germe, l’observation de la sauvagerie qui sera au cœur de La vraie vie… Les métaphores animalières me viennent assez naturellement… je me vois comme un animal, qui aurait évolué différemment des autres et qui serait en rupture avec le monde vivant, quand les autres vivent plutôt en symbiose. Notre façon de nous situer ou de réagir dans la hiérarchie et les rapports de domination ou même de prédation entre nous ou envers les plus faibles, les enfants ou les autres espèces m’intéresse. Je trouvais instructif de donner à voir des crocs ou de voir apparaître des mimiques dans un contexte supposément aussi civilisé qu’un dîner. Quels retours avez-vous obtenus après ce spectacle ? Pour Bonobo moussaka, je m’étais fixé un challenge: la première étape était de terminer ce texte. Je m’étais souvent attelée à écrire, notamment des scénarios de films, mais sans jamais les terminer ou les envoyer à des tiers voire des producteurs. C’était la première fois que j’entreprenais un projet toute seule. La deuxième étape était de le jouer deux fois, dans un petit café-théâtre à Bruxelles, et ça me paraissait accessible de remplir la salle, en rassemblant tous mes amis. Quand j’ai eu fini d’écrire, j’ai  envoyé le texte à Nathalie Uffner : vu mon manque de notoriété, elle ne pouvait pas me programmer au Théâtre de la Toison d’Or et m’a plutôt conseillé de le monter et de le rôder dans des petites salles. Ma première représentation était à Lasne, au Rideau Rouge. J’étais pétrifiée. Heureusement, Gaëtan Bayot, mon metteur en scène, était là pour m’insuffler du courage. Mais il y a même eu une standing ovation. Ce public-là, tout de même particulier, s’est senti visé, mais en a ri. Beaucoup de gens sont venus me voir en me disant : « Waw, tu nous fais vaciller dans nos petites certitudes, ça fait du bien ». Je ne suis pas certaine que ça ait bouleversé leurs habitudes, mais une petite impulsion après l’autre, eh bien… c’est en tout cas comme ça que moi, j’ai changé de regard. Après la pièce, nous voici à l’étape de Pousse-Café, l’édition 2017 du Grand concours de nouvelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles pousse cafe recueilJ’avais pris une discipline d’écriture quotidienne et n’avais pas envie de m’arrêter. Je me suis dit que ça serait sans doute une bonne chose de confronter une de mes nouvelles à un jury de professionnels. J’étais persuadée qu’elle ne serait pas prise, mais je pensais que je recevrais peut-être quelques notes ou conseils en retour. J’avais déjà en partie ce texte en tête, et l’ai adapté pour qu’il puisse coller au thème, en intégrant le passage sur la liqueur que boit Juliette avec André. Comme j’ai beaucoup fait d’impro, gérer un thème n’est pas un souci … Je l’ai non seulement envoyé au concours mais aussi, de nouveau, à Thomas Gunzig. Il m’a répondu : « Je dois donc t’annoncer que tu es écrivain. Mais un grand pouvoir implique une grande responsabilité : celle de continuer à écrire. Les nouvelles, ça n’intéresse pas grand monde, donc commence dès demain à écrire un roman ! » J’ai conservé ce mail, que j’ai relu quarante-cinq fois au moins, en me disant que ça valait sans doute la peine que je m’accroche. C’est à ce moment que j’ai entamé l’écriture de La vraie vie.
Lire aussi : Amarula dans le recueil Pousse-café
En tant que jeune autrice, comment vit-on l’attente des résultats d’un concours ? Au mois de janvier, j’ai reçu un mail qui m’annonçait qu’Amarula faisait partie des cinquante nouvelles finalistes. J’étais super fière, les retours personnels parlaient d’images marquantes, de très peu de choses à retravailler. J’ai un peu affiné mais à peine. Pour moi, c’était déjà un très beau résultat, mais le mail suivant m’indiquait que j’étais parmi les dix gagnants. Le jour dit, je suis arrivée à la remise de prix, à la bibliothèque de Saint-Josse. Venir chercher le recueil imprimé était en soi un accomplissement. Sur scène, les noms se suivaient, sans que je réalise, au point de me dire qu’ils avaient peut-être fait une erreur en me conviant. Au deuxième, ça n’était toujours pas moi, puis enfin, l’annonce incroyable ! Il n’y a pas un seul prix que j’ai reçu depuis qui m’ait fait autant plaisir que celui-là. J’avais déjà bien entamé La vraie vie à ce moment-là, mais j’étais un peu perdue dans ma trame et ça m’a vraiment redonné de l’énergie.  Où interviennent les Opuscules, dans cette chronologie ? dieudonne seule dans le noirEn juin 2017, j’avais vu l’appel à textes des éditions Lamiroy, pour la collection sur le point d’être lancée en septembre. J’avais dans mes tiroirs une nouvelle inachevée, c’était une bonne occasion de la retravailler. J’ai donc envoyé Seule dans le noir à Éric Lamiroy. Il a été le premier éditeur à croire en moi, et dans la foulée, il a publié Bonobo moussaka. Quand je lui ai dit que j’écrivais un roman, il m’a suggéré de viser la France, persuadé que je méritais mieux que ce qu’il était en mesure de m’offrir avec sa structure et que je trouverais sans souci un éditeur ou une éditrice. Avez-vous fait lire le manuscrit de La vraie vie à beaucoup de gens à différentes étapes du travail? Non… je l’ai fait lire à Thomas, bien sûr mais aussi à Stéphane Levens, désormais mon attachée de presse mais avant ça, maman de la meilleure amie de ma fille à l’école. Son métier lui donne une vision globale de ce qui s’écrit. Par hasard, elle avait rencontré deux jours avant Julia Pavlovitch qui lui avait dit être à la recherche de nouveaux talents pour les éditions de l’Iconoclaste. Cette version du roman qu’elles ont lues toutes les deux n’était pas encore du tout aboutie. Julia m’a expliqué qu’elle me renverrait mon manuscrit rempli d’annotations, pas du tout au point en l’état. Pendant trois mois, de façon très intensive, j’ai entièrement réécrit, guidée par mon éditrice. Il est probable – mais je ne le saurai jamais – que si j’avais envoyé cette première version du manuscrit à de grosses maisons (comme Grasset ou Gallimard), ils m’auraient renvoyé un refus, faute d’y voir du potentiel ou compte tenu du retravail à effectuer. Ça a été aussi le grand mérite de l’Iconoclaste de prendre un pari à une étape intermédiaire. La vraie vie est un roman initiatique, qui parle directement à la jeunesse, lui montre quelle peut être sa place dans le monde, dans la société. Cette transition du personnage de l’enfance vers l’orée de l’âge adulte était claire dans votre esprit dès le départ ? dieudonné_la vraie vieJe n’étais pas catégorique quant à l’âge de l’héroïne… Au départ, j’envisageais d’amener les lecteurs beaucoup plus loin dans sa vie, peut-être même de la raconter dans son intégralité. Au fur et à mesure de la réécriture, ça s’est resserré. Par conséquent, à aucun moment je n’ai eu en tête de m’adresser spécifiquement aux ados ou à la jeunesse. Cette question d’un public, je ne me la suis jamais posée, quel que soit le texte que j’ai écrit. J’anticipe très peu : j’écris un peu le nez dans le guidon. On sent également que vous avez très peu de tabous quant aux sujets que l’écriture peut ou ne peut pas aborder… Dans Amarula, vous parlez même d’un ponytail (ndlr : accessoire sexuel) ! Ce n’est pas tant transgresser qui m’intéresse : c’est plutôt une question ludique. Pour m’amuser, dans l’écriture, il faut que je me surprenne, que j’aille plus loin. C’est exactement comme les enfants qui jouent dans la cour de récré : ils fixent peu de limites à leur imaginaire. C’est parfois en étant un peu dans l’outrance, qu’une flèche se plante et me permet d’explorer. Dans la nouvelle Le ventre idéal (ndlr : Opuscule #63), la narratrice arrive dans la maison et tombe nez à nez avec une collection de speculums et une autre de forceps. C’est too much, mais à partir du moment où je balance ça,  derrière je peux surenchérir avec tout ce que je veux. Je pense que ce ton-là vient aussi de l’influence de Thomas Gunzig : c’est aussi ce que j’aime dans ses textes. On sent qu’il s’amuse et qu’il y va. Les femmes que vous nous donnez à lire (la mère de La vraie vie,  la narratrice du Ventre idéal) sont parfois brisées, cadenassées par la société ou leur entourage, mais certaines ont l’élan de réagir, comme Françoise, dans Bonobo moussaka, qui va tenir tête au patron de son mari… Ce sont évidemment des questionnements qui me travaillent. Peut-être que d’un point de vue un peu métaphorique, ça représente un peu mon parcours : me mettre à écrire, c’était commencer à dire enfin qui je suis. Il y a vraiment quelque chose de l’ordre de l’émancipation dans ce geste, que je ressens moins maintenant que je suis publiée. C’était l’amorce qui comptait. C’était laisser s’exprimer la petite madame à l’intérieur de moi alors qu’on a plutôt tendance, par conditionnement, à  enfermer dans un cachot, bien profondément, celle qui exprime son désir sexuel de façon très assumée, celle qui gueule, celle qui est grossière. Toutes ces représentations féminines moins classiques, non normées. Ce que je suis, viscéralement, il me fallait le laisser sortir, c’était la première étape avant que ça puisse survenir chez mes personnages. Je crois que ça restera un thème récurrent dans mon écriture, parce que je suis obsédée par cette autonomisation de la femme, et aussi par son déconditionnement. À nouveau, je suis certaine que la fiction a un rôle à jouer là-dedans. adeline dieudonné la vraie vie La vraie vie existe aussi en format audiolivre, chez Lizzie. J’ai dû passer un casting, ça n’était pas gagné d’avance que ça soit moi qui l’enregistre. Mais à raison, car tous les comédiens ne sont pas forcément de bons lecteurs. Il fallait encore que je fasse mes preuves, les producteurs n’avaient aucune garantie quant à ma voix. J’ai pris ça comme une preuve de professionnalisme de leur part. Deux essais sont ressortis : le mien et celui d’une comédienne française qui avait une chouette voix, un peu éraillée, un peu âpre et plus jeune. Chez Lizzie, ils aimaient beaucoup les deux et m’ont demandé de trancher. J’avoue avoir mis ma modestie de côté : ça me faisait super plaisir de le faire. Ça a été rapide, une journée et demie d’enregistrement. Ça m’a permis de redécouvrir mon texte parce que l’enregistrement a eu lieu fin août, à peine quelques jours avant la sortie et les débuts de la promo. Je ne l’avais pas relu depuis le mois de mars. J’ai été surprise par l’émotion. Il y a des passages où je n’arrivais plus à lire. C’est mettre pendant un temps ses personnages sous clé pour ensuite les ressortir du placard ? Oui, c’est curieux d’être bouleversée par son propre texte. Il y a là quelque chose presque de l’ordre de la masturbation. Il y a deux passages pour lesquels j’ai pleuré pendant l’écriture et la relecture : ce moment où la narratrice revient de la forêt et où sa mère la soigne puis l’encourage à partir. Et le moment où le professeur Pavlovitch explique ce qui est arrivé à sa femme. Je me suis demandé pourquoi je racontais une histoire tellement dure. Mais c’est hélas une réalité et il faut en faire état. Les attaques à l’acide sont un crime relativement impuni alors que l’Ukraine est juste à côté…et à nouveau, ça touche surtout les femmes : on s’attaque à leur beauté, leur identité, leur visage. Dans mon roman, ce n’était pas prémédité, mais cette obsession du visage abîmé revient souvent : chez le glacier, chez Yaëlle, et à la fin du livre. Ça va de pair avec la quête identitaire de mon personnage. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? dieudonné le ventre idéalPour l’instant, ça reste un peu compliqué : la promo de La vraie vie ne s’arrête pas et je dois gérer certaines choses liées aux traductions en langues étrangères. J’aimerais me mettre à l’écriture de mon deuxième roman mais il faudrait que je puisse être un peu dans ma bulle. Je commence à trouver du temps en déplacement, le temps des voyages en train vers les lieux de rencontre en librairie, notamment. Je suis en train de travailler sur l’adaptation du Ventre idéal pour le cinéma avec Thomas Gunzig. Ce n’est pas encore signé donc je ne peux pas encore trop en dire. Georges Lini voudrait porter La vraie vie à la scène. Pour l’adaptation au cinéma, je vais a priori collaborer sur l’écriture de scénario. Anne-Lise Remacle
Article paru dans Le Carnet et les Instants n°202 (2019)


PORTRAITS ET ENTRETIENS
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Découverte en 2017 avec son seule en scène Bonobo moussaka (ensuite publié aux éditions Lamiroy), déjà troussé au vitriol, la comédienne et autrice bruxelloise Adeline Dieudonné avait transformé l’essai grâce à Amarula, petit bijou de nouvelle douce-amère aux personnages singuliers. Le texte avait séduit à l’unanimité le jury du Grand Concours de nouvelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et définitivement mis le pied à l’écriture de la lauréate. Vint ensuite l’étape cruciale du roman. La vraie vie, conte initiatique cruel, culotté et émancipateur publié chez l’Iconoclaste déjoua tous les pronostics en empochant le Prix Fnac, le Prix Filigranes, le Prix Première Plume, le Prix Renaudot des Lycéens, et enfin, parce que…


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NOS EXPERTS EN PARLENT
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« À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. » Papa tire du gros gibier, dès qu’il peut. Ici et jusqu’en Himalaya. Cette « chambre des cadavres« , c’est celle où il dispose ses trophées. Il y a des têtes de sanglier, d’antilopes, de zèbres, même un lion entier. Et une hyène dans un coin. Prédateur, papa l’est aussi envers maman, bien sûr, et maman esquive la violence conjugale en se faisant la plus transparente, la plus molle possible, encaissant juste les coups. La narratrice et son petit frère Gilles vivent une relation fusionnelle. À l’aube de la puberté, ils dorment encore ensemble, se partagent tous leurs secrets et réenchantent leur quotidien…


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Adeline DIEUDONNÉ, Kerozene, Iconoclaste, 2021, 258 p., 20 € / ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-37880-201-1Kerozene est le nouveau livre d’Adeline Dieudonné, cette autrice belge débarquée dans l’horizon littéraire à la rentrée 2018 avec La vraie vie, qui mettait en scène une jeune fille et son frère dans une fable acide et drôle au ton qualifié de poétique du cauchemar. Un premier roman traduit, depuis, en plusieurs langues et qui s’est écoulé à plus de 300 000 exemplaires. L’adaptation théâtrale sera d’ailleurs visible sur les planches dès que le Covid ne s’en mêlera plus, tandis que Marie Monge, réalisatrice française, en élabore une version cinématographique.Lire aussi : Adeline Dieudonné. Attention, autrice féroce? (Le Carnet et les Instants n°202)Comme…


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Connaissez-vous Une histoire et…Oli ? Ce programme de France Inter qui propose des contes audios pour les enfants a invité différents écrivain.e.s à leur imaginer des récits. Ainsi, Chloé Delaume, Katherine Pancol, Zep, Delphine de Vigan, Guillaume Meurice ou Alain Mabanckou se sont prêtés au jeu, rejoint par l’autrice belge multi-primée Adeline Dieudonné. Loin de l’univers et du ton de La vraie vie ou Kerozene, elle a imaginé pour le podcast, et pour le plus grand plaisir de sa fille, les mésaventures cocasses d’une petite louve.Baïla vit au sein de sa meute, dans un pays lointain, sauvage et enneigé, et régale les autres loups de ses extraordinaires récits. Malheureusement, sa vie est gâchée par des problèmes digestifs : Baïla fait des prouts à longueur de journée,…


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Reste. Taillé dans l’impératif, le titre claque, porte en lui la tonalité du roman mais aussi une des fonctions de la littérature : octroyer de la vie à ce qui n’est plus, faire comme si le perdu était encore là, intimer « reste » à ce qui a sombré dans la mort. C’est au milieu d’un décor de montagnes, entre un chalet et un lac, que la narratrice adresse des lettres à la femme de son amant, lui conte leur histoire d’amour secrète. Sans détour, la première lettre s’ouvre de façon abrupte sur le fait tragique.

Mardi 5 avril 2022.
M. est là, allongé près de moi. Il est mort.
Il est mort.
J’espère, en les écrivant, que ces mots m’aideront à appréhender cette réalité  

La disparition de l’être aimé emporté par une…


Karoo

L’Iconoclaste frappe un grand coup pour cette rentrée littéraire. La Vraie Vie, premier roman d’Adeline Dieudonné, est une pépite qui mélange l’humour, la poésie, la cruauté et la sensibilité. Un conte moderne qui prend aux tripes.

La Vraie Vie aborde des thématiques brûlantes d’actualité comme la place de la femme dans sa propre famille, le symbole du père ou encore la sexualité d’une jeune adolescente. Le tout avec le regard d’une pré-ado aussi pugnace qu’intelligente.


Karoo

Après un premier roman au succès commercial et critique (La Vraie Vie ; plus de 200.000 exemplaires vendus ; prix Renaudot des lycéens, prix Rossel, prix du roman Fnac, entre autres), Adeline Dieudonné se renouvelle en présentant une création singulièrement débridée : Kérozène. Une écriture sans tabou au service de personnages barrés.

« 23h12. Une station-service le long de l’autoroute, une nuit d’été. Si on compte le cheval mais qu’on exclut le cadavre, quatorze personnes sont présentes à cette heure précise. »
Munie d’une plume décomplexée, Adeline Dieudonné tire le portrait savoureux d’une galerie de personnages, avec pour point commun leur passage par une station-service. Un style prenant, variant subtilement au gré des protagonistes, et qui…