Il est difficile de s’arracher au ton mineur qui prélude au dernier récit de Caroline Lamarche, Dans la maison un grand cerf. Dès le départ, le battement irrité du sang, le sifflement dans les oreilles vient oblitérer l’écoute. Pourtant elle a lieu l’écoute tout intime et si particulière du père qui, en contraste avec le bruit de la conversation à la table familiale, poursuit son marmonnement discret. Déjà cet environnement envahissant et le brouhaha général font comme une censure et évoquent la violence, que ce soit celle de la meute, des chasseurs, de l’amour même qui lui aussi peut forcer. Mais Lamarche dira tout de l’amour éternel des filles pour leur père, quoi qu’il en aille de ses aléas. Il aurait été et serait encore un antidote…
Nous sommes à la lisière : superbe titre pour un recueil de nouvelles qui ne l’est pas moins. Caroline Lamarche s’était déjà, dès ses débuts, révélée comme une auteure exigeante en matière de littérature et d’écriture peaufinée. Le recueil de nouvelles, Le jour du chien, publié aux éditions de Minuit en 1996, lui valut d’emblée le prix Rossel. À la suite d’un chien en errance, elle traçait le portrait d’humanités au bord de gouffres.
Après quantité de romans aux enjeux audacieux et autres textes, elle renoue avec l’exigence de ses débuts, tant les deux recueils s’inscrivent dans la même urgence. Le jour du chien décrivait des souffrances humaines, Nous sommes à…