En mars 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 débute, le photographe belge Cédric Gerbehaye annule un départ pour un reportage au Pakistan et se confine en France avec sa fille. En avril, la propagation du virus explose, faisant de très nombreuses victimes dans la province du Hainaut. Cédric décide alors de rentrer en Belgique et de documenter ce moment qui fait écho aux situations de guerre qu’il a souvent côtoyées depuis qu’il est photographe (Congo, Palestine, Sud Soudan…). La Ville de La Louvière et son bourgmestre accèdent alors à son désir de travailler en immersion, essentiellement au Centre hospitalier universitaire Tivoli mais aussi dans une maison de retraite et dans quelques autres lieux à caractère social. La Louvière est une commune avec une forte tradition ouvrière héritée de la révolution industrielle (sidérurgie). Comme de nombreuses villes belges, elle va être particulièrement touchée par le virus, avec un grand nombre de malades dès la première vague. Avec le soutien de la direction de l’hôpital, Cédric Gerbehaye vivra pendant un an dans la proximité des travailleurs du soin.
Dès le début, il associe l’écrivaine Caroline Lamarche à son expérience. Une première série de photographies et un premier texte, écrit à chaud dans la tension hospitalière, scellent leur collaboration. Sur cette base, ils poursuivent leur immersion durant les trois vagues successives, du printemps 2020 à l’été 2021. L’ensemble entrera dans les collections des archives de La Louvière et sera accessible à tous, pour que vive la mémoire collective.
On est l’armée du soin.
Les porteurs de secours.
Quitter, c’est déserter.
Épuisé, on poursuit.
Malade, on reviendra.
Arène close.
Qui se souvient de la vie d’avant ?
Est-ce ainsi que les humains vivent ?
Ainsi qu’ils luttent pour survivre ?
Autrice de Zoonose