« Minuit sonne à l’église. Mes pensées se déposent en espagnol, comme si la langue de mon enfance m’avait recolonisée tout entière, une flaque d’or s’élargissant au fond de moi. Toute la colline fermente contre le ciel, autant d’arbres fraternels, soudés comme les vagues dans la mer, bercée par leur masse en mouvement. Les morts sont autant d’arbres, ils poussent parmi nous, mêlés à nous, être mort est une belle chose, simple et agréable. La nuit est douce, piquetée d’astres, j’imagine les chèvres dans les cimetières goûtant de leur langue rêche la bière répandue sur les tombes.
Une balle tirée d’un point obscur pourrait pénétrer par la fenêtre et m’atteindre à cet instant. C’est une conviction très forte, une évidence en cette nuit des morts : quelqu’un est là, qui me vise le cœur. »
Autrice de La chienne de Naha
À tous ceux qui rêvent de voyages au cœur de terres lointaines, la Chienne de Naha de Caroline Lamarche promet de les entraîner loin, très loin de la petite Belgique. Au Mexique, avec un conte triqui pour fil rouge, l’instant présent plonge ses racines dans le passé et l’ici devient l’ailleurs, dénouant les fils emmêlés de toute une vie.
Chez les Indiens triquis, un homme vivait seul avec sa chienne à Naha. Tous les jours, il partait en quête de nourriture. Mais, un jour, lorsqu’il rentra chez lui, il fut surpris de découvrir que tout était prêt. Le repas n’attendait plus que lui et un ordre absolu régnait dans la maison. Le lendemain, l’homme décida de se cacher derrière l’arbre qui bordait sa maison afin de découvrir l’explication de ce phénomène.…