Résultats de recherche pour “Loufane” 1 à 27 (27)

L'amour est le plus beau des dialogues de sourds

"Cela commence comme un jeu, un défi : s'écrire cent lettres autour de l'amour et de l'écriture.…

Œuvres poétiques complètes. Tome 3 (1969-1977)

À propos du livre Les six derniers recueils de Marcel Thiry, réunis dans ce troisième et dernier volume…

Pou-poule !

Un album rondement mené avec une mise en scène originale. Dans les tons ocre et bleus, la jeune illustratrice Loufane conte l'histoire d'un poulailler où toutes les poules aiment le coq, sauf une : Lola. Car…

Un loup tout nu

Un loup très élégant déchire son beau pelage noir un jour de chasse. Crac ! Il est maintenant presque tout nu ! Tout le monde se moque de lui, et il ne fait plus peur à personne.…

L’Homme est bête et l’a toujours été

Pascal a écrit : « L’homme, imbécile ver de terre, mais c’est préjuger de ce lombric dont nous ne savons…

Les Paons et autres merveilles

En 1924, Jean de Bosschère quitte Londres et s’installe non loin de Rome, sur la via Appia Antica. Il commence à rédiger  Marthe et l’enragé…

Lettres à Philippe Sollers : 1981-2008

Avec ce deuxième volume des lettres de Dominique Rolin à Philippe Sollers, couvrant cette fois les années 1981 à 2008 –…

Aquam

Bernard ANTOINE , Aquam , Murmure des soirs, 2022, 466 p., 22 € , ISBN : 978-2-93065-782-0 Bernard Antoine , l’auteur d’ Aquam , a surgi du néant en 2018 pour décrocher d’emblée deux prix, le Saga…

Tentatives de louange

Ecrits au cours de ces quinze derniers mois — à l’âge de 99 ans —, ces poèmes célèbrent l’espérance obstinée et adressent une louange aux illuminations encore…

Œuvres poétiques complètes. Tome 2 (1932-1936)

Ce deuxième tome des Œuvres poétiques complètes de Charles Plisnier réunit les cinq recueils publiés…

« La Belgique même s’en est mêlée, justes cieux ! » Léon Bloy et la Belgique, I, Édition des écrits sur Léon Bloy publiés de son vivant par des Belges ou en Belgique

Premier d’une série d’ouvrages d’Émile Van Balberghe  sur Léon Bloy, celui-ci, « La Belgique même s’en est mêlée, justes cieux ! » Léon Bloy et la Belgique, I , est dévolu à l’édition des écrits sur Léon Bloy, publiés de son vivant, par des Belges ou en Belgique. La matière est considérable, constituée par un corpus documentaire établi avec précision et rigueur, en recourant toujours aux documents originaux, par cet érudit de l’extrême qu’est Émile Van Balberghe. Pourquoi Léon Bloy a-t-il intéressé autant ses contemporains belges, écrivains et critiques ? On peut se poser la question, sachant que cet imprécateur professionnel n’a pas manqué d’assassiner aussi la Belgique de ses propos : Si vous êtes un poète et un chrétien, fuyez la Belgique. Ce pays est incontestablement le chef-lieu de l’Hypocrisie, de l’Avarice, de l’Imbécillité catholiques. […] La bassesse belge est unique  ; et n’a d’égale que la sottise… S’il ne vint jamais en Belgique, ce fut la Belgique qui vint à lui, comme le souligne Pierre Glaudes dans sa préface. C’est bien le pays avec lequel il eut le plus de contacts, d’échanges et aussi de démêlés parfois comiques.L’intérêt de cette réunion de textes est multiple. Outre le fait que l’activité critique belge à l’égard de Bloy a fait le pendant à la fameuse « Conspiration du silence » en France, qu’elle compensait, d’une certaine manière, c’est un pan entier de l’histoire littéraire de la fin du XIXe siècle qu’elle met au jour et elle nous permet de renouer avec l’effervescence des revues d’avant-garde en Belgique. L’approche de cette copieuse documentation est aisée tant son organisation est minutieusement réglée. Elle est d’ailleurs annoncée très explicitement, après la préface de P. Glaudes et une introduction stimulante de l’auteur, dans un chapitre très clair décrivant l’économie de l’ouvrage.Qu’en est-il de ces écrits divers, lettres, articles, communications, échanges avec Léon Bloy ou à propos de ses publications, « en Belgique ou par des Belges » ? Lors de cette période, qu’on désignait jusqu’il y a peu sous la dénomination « Fin de siècle », moins nette aujourd’hui, la vie littéraire était très vivante en Belgique : efflorescence de revues, grandes et plus petites, et donc de critiques, attentifs à ce qu’il se passait, tant en Belgique qu’en France. Ce fut une période faste pour la littérature belge ; pour le naturalisme et surtout pour le symbolisme, dont les productions imprimèrent un essor majeur à nos lettres. En ce qui concerne précisément Léon Bloy, qui n’appartient proprement à aucune de ces deux mouvances, pas plus en France qu’ailleurs, bon nombre de littérateurs ou de critiques s’intéressent très tôt à ses écrits, la frontière n’étant guère difficile à franchir pour les publications françaises, de quelque qualité qu’elles soient. Sans entrer dans le détail de cette période assez longue de la réception des publications de Bloy recensées dans le présent volume (1883-1916), ni nécessairement suivre l’ordre chronologique des parutions tel qu’il est rigoureusement respecté ici, il faut en retenir les contributions les plus éminentes et probablement les plus influentes, alors ou aujourd’hui. Il est en effet remarquable que, face à cette « conspiration du silence », dont Bloy fera très tôt et pour longtemps son fonds de commerce, les écrivains et critiques belges se prononcent d’abondance, et généralement de façon très positive voire enthousiaste.Le plus remarquable de ces avis est sans aucun doute celui de Verhaeren. Avec d’entrée une exclamation aussi retentissante que « Voici quelqu’un ! », le commentaire ne peut être que vibrant autant qu’attentif. Des Propos d’un entrepreneur de démolitions , un livre que « tout le monde ferait bien de lire », il évoque « une témérité hirsute, une impudeur sacrée, une rage pie » ; une « rage arborée », inique parfois, mais toujours « belle, rude, sincère ». Selon  Verhaeren toujours, qui nous donne à lire dans ses critiques lucides la même démesure inventive que dans sa poésie, Le Désespéré « s’impose avec toute la force de ses qualités dominantes : la sincérité, l’originalité, la force », mais aussi la « douceur insigne ». Edmond Picard lui aussi réagit très explicitement à l’irruption bloyenne et offre l’hospitalité de L’Art moderne à « ce grand artiste à plume poignardante » : « un des plus étonnants phénomènes littéraires de ce temps ».Il va sans dire que Bloy est très attentif à ces articles laudatifs et qu’il s’ensuit toute une correspondance, qui n’ira pas sans heurts, le temps passant et les humeurs se dégradant.Ainsi en ira-t-il, par exemple, de ses relations avec Edmond Picard, avec lequel il se querellera. Mais ce dernier, à l’occasion d’un compte rendu de Exégèse des lieux communs , dans Le Peuple , cette fois, tentera par des éloges un peu épais d’effacer cet épisode.Camille Lemonnier qui parrainera Bloy et le fera entrer au Gil Blas , pour un temps assez bref au demeurant, n’est pas avare de louanges et, dans L’Estime littéraire , trace un portrait élogieux de « l’hyperbolique et grandiose Léon Bloy, le génie le plus classiquement latin dans la littérature française depuis trois siècles ». Il y revient dans ses Souvenirs littéraires .Autre grande voix, celle de Max Elskamp, que Bloy n’identifiera pas sous le pseudonyme d’Em. Haëe, qui publie dans Le Spectateur catholique un article où il le qualifie de « Père des lettres françaises » mais où il exprime aussi une infinie compassion pour la pauvreté, le dénuement, le désespoir pitoyables de ce « Prince de la souffrance ». Quelle est, pour l’auteur du Désespéré , l’observation la plus gratifiante ? Il ne manque en tout cas pas d’y voir une « consolation ».Maeterlinck, dans une lettre à Louis Vauxcelles qui avait publié une interview de Bloy, évoque à propos de La Femme pauvre le génie, lorsqu’il ose une comparaison avec Le Roi Lear. Jules Destrée s’exprimera plusieurs fois et longuement sur Léon Bloy. Dans Notes et silhouettes , il analyse les écrits de plusieurs pamphlétaires et notamment compare Vallès et Bloy qui a nettement sa préférence et est pour lui est au moins des deux le « plus littéraire des pamphlétaires». Opinion sur laquelle il reviendra, reconnaissant tout de même à Vallès d’incontestables qualités d’écrivain déployées dans la trilogie des romans tandis qu’il définira ainsi Sueur de sang  de Bloy : « ignoble et sublime ».Hubert Krains dira son admiration plus précisément à propos de Christophe Colomb devant les taureaux  : Bloy est « un tireur merveilleux, qui n’égare jamais une balle », avec les « raffinements d’un artiste moderne » et la « sauvage grandeur d’un écrivain biblique ».Certains nuancent leur avis. Jean d’Ardenne, qui s’étonne du silence français alors que tant d’auteurs médiocres jouissent des faveurs de la critique, regrette le cynisme, l’excès, le paroxysme du Désespéré , dont il loue tout de même « l’inouïsme ». Maurice Dullaert dans Le Magasin littéraire est plus dubitatif. Ce qui donne lieu à un échange de correspondance prolongé : Bloy qui ne supporte pas la moindre remarque restrictive le traite de dilettante .Quant à Georges Rency qui y va franchement (« Il faut oublier sa personnalité antipathique pour ne considérer que ses beaux livres »), il donne à l’auteur de La Femme pauvre une leçon d’humilité en le comparant avec le Zola de La Faute de l’abbé Mouret , mais il reconnaît que la langue de ce « grossier personnage » est « une merveille ».Bloy le traite d’imbécile !On…

Les voies sauvages

La montagne a toujours fasciné le commun des mortels. Qui ne s’est jamais extasié depuis un avion survolant quelque massif ? Qui n’a jamais levé les yeux vers ces grandes dames…

Les paons et autres merveilles

En 1924, Jean de Bosschère quitte Londres et s’installe non loin de Rome, sur la via Appia Antica. Il commence à rédiger Marthe et l’enragé…

Histoire de l’homme

Art de l’illusion qui révèle les vérités cachées, le théâtre crée une scène sur laquelle comparaissent les passions des hommes, l’échiquier du pouvoir, les conflits…

À mi-chemin entre Amsterdam et Paris, Septentrion, 50 ans de relations culturelles néerlandophonie - francophonie

En 2021, Septentrion fête son 50e anniversaire . Une publication de culture générale concernant le monde néerlandophone, mais dans la langue et à destination du voisin: c’est ce qui rend Septentrion unique. La revue a grandi, mûri, est devenue adulte, mais il y a eu constamment du mouvement à l’arrière-plan. Histoire, non seulement d’une revue, mais tout autant des relations culturelles, jalonnées de temps forts et de creux, entre la néerlandophonie et la francophonie. * Le succès d’une publication se mesure-t-il aux lieux où elle est l’objet de toutes les louanges? Peut-être bien. Le 18 mars 1981, le Flamand Jozef Deleu était l’hôte des salons de l'hôtel du Petit-Luxembourg à Paris, la résidence du président du Sénat Alain Poher. Étaient notamment présents Sadi de Gorter, premier directeur de l’Institut Néerlandais de Paris et ami fidèle de Deleu, et une brochette de hauts dignitaires de France, de Belgique et des Pays-Bas. Pas moins de quatre cents personnes ont assisté à la remise du prix Descartes à Deleu par Louise Weiss. La distinction était attribuée par l’Association France-Hollande, un organisme qui s’était assigné pour mission de promouvoir les liens culturels entre la France et les Pays-Bas. Son président, l’ancien préfet Yves Cazaux, s’est livré à un vibrant éloge de Jozef Deleu, qui, à la fois fondateur et rédacteur en chef de Septentrion. Revue de culture néerlandaiseXX , méritait ce prix plus que personne d’autre. Le premier numéro de Septentrion était paru en 1972. Deleu, fils d’une mère flamande et d’un père français, avait placé en exergue de son avant-propos une citation de Paul Valéry: “Enrichissons-nous de nos mutuelles différences”. Septentrion, revue de culture genérale, entendait offrir trois fois par an une information de qualité sur l’aire linguistique néerlandaise (soit les Pays-Bas et la Flandre, partie néerlandophone de Belgique) et mettre en évidence les influences réciproques entre la néerlandophonie et la francophonie. Avec Septentrion, Deleu n’en était pas à ses premières armes. En 1957 déjà, il avait fondé la revue Ons Erfdeel (à présent de lage landen), qui allait bientôt s’affirmer comme l’une des principales publications périodiques de culture générale en néerlandophonie. Le tout premier numéro portait d’ailleurs le titre Ons Erfdeel - Notre Patrimoine. Ce choix initial d’une édition bilingue trahissait le vif intérêt de Deleu pour la Flandre française. La rapide progression de Ons Erfdeel doit avoir été une surprise pour Deleu lui-même. Il était instituteur depuis de longues années, mais il quitta l’enseignement pour porter la Stichting Ons Erfdeel (Fondation Notre Patrimoine) sur les fonts baptismaux. Deux ans plus tard, en 1972, la fondation entamait la publication de Septentrion. L’immeuble construit pour la fondation est situé à Rekkem, en Flandre-Occidentale, à même la frontière franco-belge et juste à mi-chemin entre Paris et Amsterdam. Les choses bougent Nous pouvons dire aujourd’hui que Septentrion est né à un moment-clé. Un moment où le renforcement de l’autonomie culturelle des différentes communautés linguistiques de Belgique au sein du pays a engendré en Flandre un besoin accru de collaboration avec l’étranger. Quasi automatiquement, la Flandre s’est tournée en premier lieu vers les Pays-Bas. Le rapprochement avec le Nord a mené en 1980 à la création de la Taalunie, organe officiel qui allait développer une politique stimulante pour le néerlandais aux Pays-Bas et en Flandre (et, plus tard, également au Surinam) et se vouer au soutien du néerlandais dans le monde. L’année suivante s’ouvrait à Amsterdam la maison culturelle flamande De Brakke Grond. Sous l’impulsion, entre autres, de la Fondation Notre Patrimoine, des voix se sont également manifestées en faveur du développement d’un rapprochement culturel et d’une coopération avec d’autres pays. En Flandre (d’abord essentiellement dans la sphère privée, puis aussi dans une partie du monde politique), il apparaissait de plus en plus évident que des relations de bon voisinage sont primordiales pour une communauté de langue et de culture. Le plus proche voisin était la francophonie, elle méritait la priorité. De plus, la fixation de la frontière linguistique en Belgique (1963) avait atténué la crainte de l’impérialisme francophone. C’est dans cette atmosphère et ce contexte que Septentrion a vu le jour. Suspendus aux lèvres de Hugo Claus Éditer une revue en français sur les Pays-Bas et la Flandre, cela n’en restait pas moins une entreprise téméraire. Mais Deleu a su rallier à sa cause aussi bien des traducteurs talentueux que d’éminentes personnalités des sphères académique et sociétale belges et françaises pour constituer le comité de conseil. La rédaction ne comprenait pas seulement des Flamands, mais aussi, notamment, un Français et deux Néerlandais. La revue pouvait dès lors démarrer sur de bonnes bases. En feuilletant aujourd’hui les premières années de parution, on ne s’étonnera pas du succès de Septentrion. Dans la ligne de son objectif culturel au sens large, la revue offrait d’emblée une mine d’informations sur la littérature, les arts plastiques, une grande variété d’autres disciplines artistiques et des sujets sociaux d’intérêt général. Ces informations prenaient forme dans des articles de fond, mais aussi, au fil du temps, dans des textes plus courts en prise sur l’actualité. Une intéressante trouvaille a été celle des «lettres flamandes et néerlandaises», rendant compte, chacune à sa manière, de la vie culturelle et des thèmes généraux de société. À la fin des années 1970 paraît la première des “chroniques” pleines de verve de Sadi de Gorter. Ce compagnon de la première heure, passeur de cultures s’il en est, allait publier une “chronique” dans chaque numéro et ne s’arrêter que peu avant sa mort en décembre 1994. À partir de 1986, Septentrion a paru non plus trois, mais quatre fois par an. La rédaction a réussi à s’attacher davantage de plumes de qualité, auteurs et critiques qui (principalement dans le monde néerlandophone) jouissaient d’un grand renom. La presse française ne demeurait pas insensible aux objectifs de la revue et à sa haute tenue. Libération voyait en Septentrion “une contribution directe à la bonne entente entre les peuples dans le cadre d’une Europe un peu plus unifiée chaque jour”. En même temps paraissaient de plus en plus souvent des numéros plus volumineux dans lesquels un thème déterminé était présenté de manière approfondie. Quelques exemples au hasard: des numéros thématiques consacrés à la poésie contemporaine, tantôt néerlandaise, tantôt flamande, un autre à James Ensor, un autre encore à la Grande Guerre. Au début du XXIe siècle ont notamment paru des numéros thématiques sur l’Escaut et la Meuse, un sur le Québec et un sur les relations entre les Plats Pays et Paris. Ces deux derniers exemples nous amènent à une période où Jozef Deleu a cessé d’être le rédacteur en chef, Luc Devoldere ayant pris sa succession en 2002. Les numéros thématiques ont couramment donné lieu à l’organisation de soirées culturelles, souvent dans des salles de prestige ou autres lieux réputés, comme l’ Institut Néerlandais à Paris, le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, l’Opéra royal de Liège ou le Théâtre royal de Namur. Ces soirées ont toujours suscité un vif intérêt et ont, à l’occasion, été rehaussées par la présence de sommités. L’affiche n’était évidemment pas étrangère à cet engouement, notamment lorsqu’elle comportait des noms dont la réputation avait gagné la francophonie, tel l’écrivain Hugo Claus (1929-2008), venu en personne à diverses reprises donner lecture de quelques-uns de ses poèmes en traduction française. Chaque fois, l’assistance était suspendue à ses lèvres. Une excursion dans le nord…

La folie fait vivre

La portée actuelle de l'Eloge De La Folie d’Erasme XX C’est seulement grâce à la folie que l’homme peut affronter la vie en ce monde. Si l’on prend tout au sérieux, la…

A quand un monument à la mémoire de Jean Meslier ?

Tous les grands personnages ont leur statuaire et leur toponymie. C’est là le reflet de leur célébrité,…

Le souffle du temps, Histoire peu ordinaire d’une famille belge aux origines allemandes, 1830-2000

Le récit s’ouvre sur un paysage d’été en Angleterre. Albert Brauner marche d’un bon pas vers Manchester. Il va y retrouver Germaine, sa femme, dont il a été séparé pendant les quatre années de la Grande Guerre. Au terme de ce court prologue, Albert s’effondre, frappé en plein front d’une balle. «  À une centaine de mètres, un homme agenouillé dans les hautes herbes se lève, range son fusil dans son étui et s’en va sans jeter un regard vers l’homme abattu  ».Le récit s’achèvera sans qu’ait été résolue l’énigme de cette exécution d’un homme qui sera enterré avec les honneurs réservés aux combattants de l’armée anglaise. Stéphanie ter Meeren, issue par sa lignée paternelle des Brauner, a voulu explorer cette généalogie hors du commun issue du « patriarche », Thomas Brauner. Né Français, en 1814 – la Belgique n’existait pas -, il deviendra en 1844 l’un des organisateurs de l’enseignement primaire dans le pays qui est créé en 1830. La Belgique, en 1843 venait de voter la loi organique organisant l’enseignement primaire et devait se doter d’un  réseau d’écoles normales en Flandre et en Wallonie.Pour mener à bien son exploration familiale, Stéphanie ter Meeren imagine le personnage d’une étudiante qui organise à sa demande les archives d’un vieil homme, Étienne Brauner,  le fils du soldat assassiné sur le chemin de Manchester, le petit-fils du patriarche Thomas Brauner.À travers lettres, archives manuscrites, carnets et documents officiels, la narratrice reconstitue les destins singuliers de personnages inscrits dans l’Histoire, la grande. Ainsi le lecteur participe-t-il à l’exode qui jeta sur les routes belges et françaises des milliers de civils effrayés. Les Brauner se réfugient dans leur domaine de Vossebeek , un château acquis par Auguste, la grand-père d’Etienne, où les rois Léopold II et Albert Ier aimaient à participer à des parties de chasse. Des amis y séjournent souvent, comme les époux Derbeid dont Gustave s’est rendu célèbre par ses travaux sur la tuberculose et qui, comme de nombreux médecins, a rejoint le front. On lit l’émotion qui étreint au quotidien les mères et les femmes des jeunes gens qui se sont portés volontaires. On vit ce que représente l’occupation par l’armée allemande de la plus grande partie du territoire belge. Les détails sont éloquents à cet égard : comment se déplacer vers Bruxelles, quelles informations reçoit-on et comment, que racontent les soldats en permission lorsqu’ils reviennent au château transformé en hôpital : l’incendie de Louvain, les apprentissages sommaires de pilotage d’avions, les blessés, les mutilés…Petit à petit, le dialogue se noue entre l’étudiante et le vieillard tandis que le lecteur se nourrit d’anecdotes tombées dans l’oubli, dont les plus intéressantes sont celles liées au patriarche. Ainsi ces expositions scolaires que le public londonien couvrait de louanges au Crystal Palace ou la création de la revue L’Abeille , la première revue de pédagogie en Belgique…Le récit de Stéphanie ter Meeren, couvrant un siècle et demi d’Histoire, ne peut être ici synthétisé. Il se disperse parfois mais ne cesse jamais de piquer la curiosité et l’étonnement du lecteur. Ce dernier ne saura pas les vraies raisons de l’exécution d’Albert Brauner, assassiné d’une balle dans la tête alors que la guerre à laquelle il avait participé en héros, s’achevait enfin. Peut-être y a-t-il dans ce personnage-là la matière à un vrai roman ? Un roman d’espionnage qui déploierait dans la fiction, toute la richesse et la complexité d’une destinée dont ce livre est un…