La louange de la vie

À PROPOS DE L'AUTEUR
Max Elskamp

Auteur de La louange de la vie

BIOGRAPHIE

D'une double ascendance, à la fois wallonne et flamande, Max Elskamp est né rue Saint-Paul le 5 mai 1862 dans une riche famille anversoise. À l'Athénée royal de la ville, qu'il fréquente tardivement, il fait la connaissance d'Henri van de Velde. C'est le prélude à une amitié qui durera jusqu'à la mort du poète et qui influencera certaines de ses conceptions esthétiques. Après bien des angoisses, il finit par réussir des études de droit entamées à Bruxelles en 1880. Un bref séjour à Paris le ramène à Anvers à la fin de 1884.

Son premier recueil, encore parnassien, L'Éventail japonais (1886), connaît une édition confidentielle, de même que Le Stylite, un récit élégiaque en prose, non dépourvu d'influences mallarméennes (1891). Avec Henri van de Velde, il entreprend une action en faveur des beaux-arts qui aboutit à la création de deux associations, L'Art indépendant (1886) et L'Association pour l'art (1892), tournées vers la peinture moderne. On est loin, dans ces années de jeunesse, de l'image traditionnelle d'un Elskamp vivant en reclus dans son hôtel du boulevard Léopold.

À la même époque, il traverse une crise psychologique grave dont il sort transformé. Acquis désormais à une conception mystique de l'art et à la recherche d'un langage propre, il rompt avec son milieu bourgeois. La mutation est évidente dans Dominical (1892), qui entraîne les foudres de La Jeune Belgique, peu sensible aux recherches novatrices d'Elskamp. Ce recueil inaugure une première période de la carrière littéraire du poète où, de 1892 à 1898, s'enchaînent Salutations, dont d'angéliques (1893), En symbole vers l'apostolat (1895) et Six Chansons de pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre (1895), illustré de bois gravés de l'auteur. Le Mercure de France rassemble, en 1898, les œuvres précédentes sous le titre La Louange de la vie et assure, pour la première fois, une large diffusion de la poésie elskampienne. Accueilli favorablement par la critique, ce premier cycle scelle sa réputation d'imagier d'une Flandre heureuse, dont il décrit, en réaliste, les petites gens et la piété naïve. L'image dominante de la ville, un thème central de son œuvre devient la métaphore obsédante à laquelle il s'identifie et, selon Christian Berg, la syntaxe virtuelle de l'œuvre à faire, puisqu'elle opère, elle aussi, par raccourcis.

On a attribué à ses origines flamandes l'usage si personnel qu'il a réussi à faire du français. D'après Robert Guiette, Elskamp aurait ainsi sublimé ses sentiments contradictoires face à une culture dont il ne parlait pas la langue. Mais, sous l'apparente simplicité des accents populaires et les influences du folklore, se cache une stylisation savante, une démarche esthétique, qui inscrit Elskamp dans la mouvance symboliste et qui l'apparente aux tenants de l'écriture artiste. Byzantinisation, la tentative d'Elskamp de s'approprier totalement la langue va dans le sens d'un obscurcissement systématique du texte où les images finissent par confluer en une image totale qui transfigure le quotidien, pour amener la poésie à la lisière de la légende et de l'imaginaire. L'accumulation des procédés, empruntés systématiquement à la chanson populaire, génère un effet incantatoire et témoigne d'une exploitation systématique de toutes les possibilités expressives du langage. L'emploi de l'anacoluthe, l'utilisation des constructions en de, les recherches sur le rythme brouillent systématiquement les rapports sémantiques entre les mots, assurant à ses textes un grand pouvoir de suggestivité poétique. Tout cela fait de l'auteur, au-delà du Symbolisme, l'un des représentants de la modernité.

Durant un long silence d'une vingtaine d'années, Elskamp se consacre à des activités de folkloriste, s'intéressant aux traditions et aux objets de l'art populaire : il lèguera ses collections, en 1907, à la ville d'Anvers. Cette même période est marquée par la confirmation de sa foi bouddhique et par les débuts de son amitié avec Jean de Boschère, avec qui il entretiendra une longue correspondance. Après l'épreuve de l'exil hollandais, pendant la guerre, les recueils se succèdent à nouveau : ce sont, en 1921, Sous les tentes de l'exode, en 1922, Chansons désabusées et La Chanson de la rue Saint-Paul. Suivent : Les Sept Notre-Dame des plus beaux métiers, Les Délectations moroses, Chansons d'amures et Maya. En 1924, paraissent encore Remembrances et Aegri somnia.

Si l'on divise ainsi traditionnellement l'œuvre d'Elskamp en deux parties, c'est plutôt par raison de convenance chronologique que pour remettre en question l'unité profonde qui commande aux poèmes de l'auteur, alimentés par ses propres expériences et plus encore par la quête permanente de la connaissance qui les oriente.

Outre leur caractère biographique, les derniers ouvrages du poète sont nourris par un certain nombre de thèmes récurrents. Au motif de la ville, toujours présent, répondent les rêveries de l'exotisme, entretenues par l'évocation des noms géographiques, et la présence de grandes figures mythiques et légendaires.

Les livres d'Elskamp ont un charme particulier grâce aux illustrations de l'auteur sur bois, vignettes ou culs-de-lampe. Sous des dehors naïfs, ces gravures sont proches d'un style qui conjugue simplicité et raffinement. Elles ajoutent à un langage emblématique une image tourmentée, d'un envoûtement constant, qui confine souvent à la méditation.

Elskamp meurt le 10 décembre 1931. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 18 janvier 1921. Trois œuvres – Huit Chansons reverdies, Les Fleurs vertes, Les Joies blondes – seront encore publiées à titre posthume. Effigies, resté à l'état d'épreuve, ne verra le jour qu'en 1989.


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