Quelle étrange activité que celle du critique littéraire ! Ajouter des mots aux mots, des phrases aux phrases, ses propres phrases sur celles d’un autre.
Certains énervés du compte rendu font déjà connaître leur avis alors que les ouvrages ne sont pas encore empilés sur les présentoirs des libraires. Ils occupent en quelque sorte la position du fantassin de première ligne qui reçoit, tels des projectiles, les livres de plein fouet et qui couche, la main tremblante, ses impressions dans un carnet, les yeux aveuglés par les gerbes de fusées et les oreilles bourdonnant du fracas des shrapnells.
D’autres, de peur de miser sur un mauvais cheval, attendent la fin de la campagne et, tel le brancardier, ramènent à l’arrière des lignes, juste avant l’arrivée des vautours, ceux qui n’ont pas été déchiquetés par le souffle des batailles.
Ecrire dans le Mensuel littéraire et poétique n’a que très peu à voir avec ces activités. Christophe Van Rossom, qui y collabore régulièrement depuis bientôt dix années et dont on trouvera dans ce volume la quasi totalité des articles qu’il y a publiés, fait partie de ces lecteurs qui obéissent à l’injonction d’André Breton affirmant qu’il faut que l’«on se taise, quand on cesse de ressentir» – ce qui n’implique pas d’ailleurs qu’il faille parler chaque fois que l’on ressent. Au-delà du mouvement d’humeur tout autant que de la louange mille fois lue, Christophe Van Rossom avance une véritable analyse de fond. N’ayant que des liens lâches avec l’«actualité» littéraire, cette critique critique moins qu’elle ne crée.
Extrait de la préface de Laurent Six
Auteur de A voix haute : Notes critiques au Mensuel littéraire et politique, 1992-2001
Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations
Cet essai parut initialement en 1967. Par l'auteur des Controverses du christianisme.…
Les influences anglo-saxonnes sur les lettres françaises de 1850 à 1880
À propos du livre Cette étude voudrait retracer l'action générale des influences anglo-saxonnes sur nos Lettres françaises de Belgique, de 1850 à 1880. L'Angleterre victorienne resplendit alors; les États-Unis conquièrent leur rang, imposent leur génie ; notre littérature, elle, malgré Van Hasselt, de Coster, Pirmez, semble marquer à peine sur la carte du Réalisme international. Il semble même que des temps ingrats soient revenus pour l'art, après ces années de 1815 à 1850, dont M. Gustave Chartier, dans Le Mouvement romantique en Belgique, a entrepris de révéler tout l'intérêt, montrant le dynamisme des influences étrangères et, parmi elles, des anglo-saxonnes. C'est le destin de ces dernières que nous suivons au cours des trois décades qui nous séparent encore de la Jeune-Belgique. Nous tenterons de dire leur sens dans sa plénitude, tel que nous le démêlons de l'écheveau cosmopolite et comme nous l'a livré l'analyse d'une vie intellectuelle, où littérature, philosophie et politique…
Au moment des révoltes politiques de 2013 en Turquie, l'écrivain K. Görgün fait partie des occupants de…