Il y a Katia qui sculpte des statues géantes et Elena qui rêve le roman de sa vie. Deux sœurs qui ne se sont jamais quittées et qui pourtant ne se reconnaissent pas. Il y a une maison d’enfance habitée par les fantômes d’aujourd’hui. Il y a un éphèbe qui pose dans la serre-atelier et qui se prend pour sa propre statue. Il y a un sosie de Vladimir Nabokov, sourd comme un pot et avachi dans son fauteuil. Il y a un voyage en train qui n’a jamais existé. Il y a des enfants qui transgressent des règles invisibles et des adultes qui mentent pour eux. Il y a une famille où on est russe de père en fille et où on ne connaît la Russie que par le récit des voyageurs. Il y a Ismaël, si triste et si tendre, qui serait l’amoureux idéal, s’il n’était pas toujours si lointain. Il y a le temps désarticulé, qui confond le passé et l’avenir dans une même course contre la montre. Il y a un compte-à-rebours de trois semaines qui précipite l’histoire vers sa fin implacable. Il y a un joueur caché.
Auteur de Deux sœurs
Maxime LAMIROY, Deux sœurs, Préface de Luc Dellisse, Lamiroy, 2024, 192 p., 20 €, ISBN : 978-2-87595-954-6 Roman éblouissant qui prend place au sein d’un projet ambitieux, d’une œuvre totale intitulée La défense Nabokov, Deux sœurs s’offre comme un vertige fictionnel qui prend à bras-le-corps le geste créateur, les questions du génie, de l’inexorable avancée du temps. L’émotion à la lecture de ce chef-d’œuvre posthume est hyperbolique, Maxime Lamiroy étant mort cette année à l’âge de trente-deux ans. Autour de deux sœurs — Katia la sculptrice et Elena, romancière de sa propre vie —, gravite une tribu de personnages, un éphèbe-muse qui pose pour Katia, le mari de celle-ci qui fait songer à un…
" Je sens ses bras autour de ma taille. Il me serre si fort. Je n'ose ouvrir les yeux. La chaleur de sa langue sur la mienne, que c'est doux, que c'est bon. Je profite de ce baiser qui n'en finit pas, de ses mains qui crient tendresse, de ses jambes qui disent caresses, de ce corps qui surgit de l'arbre en chantant l'Amour !". Les sept visages de l'eau, un mariage d'amour et de haine où le passé imprègne le présent et détermine l'amour. FranMi nous emmène à travers une recherche d'identité, d'un rôle social dans une communauté villageoise qui, à l'instar de Saint-Léger, son village d'adoption, présente plein de contradictions. Comment vivre, comment demeurer dans un environnement où les traditions et habitudes anciennes se frottent à la consommation et la vitesse…