Pascal a écrit : « L’homme, imbécile ver de terre, mais c’est préjuger de ce lombric dont nous ne savons à peu près rien ! » Il a raison, et bien au-delà du lombric…
Comme l’homme se juge intelligent par définition, il dénigre ce qu’il ne comprend pas. J’ai connu une dame qui, devant des propos dépassant son entendement, disait à son interlocuteur, après quelque ré-flexion : « Tu es bête ! »
Les animaux ont le malheur d’être privés de la parole (un bonheur, corrigeront certains misanthropes). L’homme peut donc sans peine les écraser de sa supériorité. Pris au mieux, il les nomme ses frères inférieurs. Comédie ! Il n’est guère enclin à les tenir pour membres de sa famille. En fait l’animal est hors cause. Pendant des siècles, les savants ont soutenu que les « bêtes » n’éprouvaient pas de sentiments. C’étaient des machines, sans plus. On peut lire, par exemple, dans le dictionnaire de Trévoux : « Il y a bien de l’apparence que M. Descartes a été poussé par sa doctrine à soutenir que les bêtes ne sentent point… » Dans le Discours de la Méthode, l’auteur ne les compare-t-il pas à des horloges ? Ce n’est pas la seule bêtise sortie de la plume de ce savant illustre. Au rebours de l’ animal privé d’élocution, l’Homme, vous le savez, disserte, explique, clame, s’exclame et déclame, susurre et murmure, vocifère, tonitrue, injurie, commente, invective, chuchote, louange, déplore, célèbre, vitupère ; en bref, use de diverses nuances pour exprimer tant bien que mal, et souvent plus mal que bien, ce qui lui passe par la tête. Cette faculté lui a permis de formuler force concepts abstraits qui ont singulièrement compliqué son existence sans lui ap-porter la moindre certitude. De surcroît, penché sur lui-même, il s’est découvert une foule de particularités qui ont donné naissance à plu-sieurs sciences, la plupart conjecturales et peu aptes à le sortir de ses perplexités… (R. A.)
Auteur de L’Homme est bête et l’a toujours été
Histoire du chien et des hommes
Le chien est notre plus vieux compagnon, présent dès l'aube des temps, à l'âge de bronze. Divinité, il devient ensuite "démon familier". Comme le chat, le chien noir fut particulièrement martyrisé. Ce n'est pas le fait de fabriquer de l'or qui fut fatal à l'alchimiste vénitien Bragadini, mais bien celui de posséder deux chiens couleur nuit... Au XI ème siècle, sur ordre du duc Guillaume II de Bavière, l'homme fut exécuté, les bêtes arquebusées en place publique.Le chien est cité à plusieurs reprises dans la Bible. Dévoreur de cadavre, il osa s'attaquer à la dépouille de Mahomet. "Chien", cinq lettres que l'on prononce l'admiration aux lèvres ou l'insulte à la bouche. Cela dépend des gens, des jours et des circonstances. Symbole de fidélité, il est aussi, paradoxalement, synonyme de débauches sexuelleS.Que de chemin parcouru, depuis Anubis chez les Égtptiens, Hermanubis chez les Grecs, et Xotolt, le dieu de l'horoscope aztèque... Sans oublier, bien sûr, le zodiaque chinois. Lié à la mort, le chien est avant tout avant tout l'au-delà... Mais, en…