L’Homme est bête et l’a toujours été | Objectif plumes

L’Homme est bête et l’a toujours été

RÉSUMÉ

Pascal a écrit : « L’homme, imbécile ver de terre, mais c’est préjuger de ce lombric dont nous ne savons à peu près rien ! » Il a raison, et bien au-delà du lombric…

Comme l’homme se juge intelligent par définition, il dénigre ce qu’il ne comprend pas. J’ai connu une dame qui, devant des propos dépassant son entendement, disait à son interlocuteur, après quelque ré-flexion : « Tu es bête ! »

Les animaux ont le malheur d’être privés de la parole (un bonheur, corrigeront certains misanthropes). L’homme peut donc sans peine les écraser de sa supériorité. Pris au mieux, il les nomme ses frères inférieurs. Comédie ! Il n’est guère enclin à les tenir pour membres de sa famille. En fait l’animal est hors cause. Pendant des siècles, les savants ont soutenu que les « bêtes » n’éprouvaient pas de sentiments. C’étaient des machines, sans plus. On peut lire, par exemple, dans le dictionnaire de Trévoux : « Il y a bien de l’apparence que M. Descartes a été poussé par sa doctrine à soutenir que les bêtes ne sentent point… » Dans le Discours de la Méthode, l’auteur ne les compare-t-il pas à des horloges ? Ce n’est pas la seule bêtise sortie de la plume de ce savant illustre. Au rebours de l’ animal privé d’élocution, l’Homme, vous le savez, disserte, explique, clame, s’exclame et déclame, susurre et murmure, vocifère, tonitrue, injurie, commente, invective, chuchote, louange, déplore, célèbre, vitupère ; en bref, use de diverses nuances pour exprimer tant bien que mal, et souvent plus mal que bien, ce qui lui passe par la tête. Cette faculté lui a permis de formuler force concepts abstraits qui ont singulièrement compliqué son existence sans lui ap-porter la moindre certitude. De surcroît, penché sur lui-même, il s’est découvert une foule de particularités qui ont donné naissance à plu-sieurs sciences, la plupart conjecturales et peu aptes à le sortir de ses perplexités…      (R. A.)

À PROPOS DE L'AUTEUR
Roger Avermaete

Auteur de L’Homme est bête et l’a toujours été

Roger Avermaete est un homme de lettres, romancier, dramaturge, essayiste, critique d'art , dessinateur, animateur et pédagogue belge.Il fonde en 1919 le groupe Lumière avec des intellectuels d'avant-garde. Il est également fondateur et directeur de l'École des Métiers d'art à Anvers (1926).Membre de l'Institut de France et de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.Il est l'auteur d'une centaine d'ouvrages dont l'une des premières monographies d'art consacrées à la vie du peintre et sculpteur malinois Rik Wouters.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:homme - "L’Homme est bête et l’a toujours été"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Je vais promener ma truffe

À l’occasion du premier anniversaire du décès de Jacques De Decker , de nombreux écrivains, artistes, collègues ou proches livrent un puissant hommage à « l’incurable rêveur de lumière  » qu’il était. Composé à l’initiative de sa compagne Claudia Ritter , le livre Je vais promener ma truffe se présente comme un «  hymne multiforme  » où chacune des (180 !) contributions met en lumière une facette de la personnalité de Jacques De Decker. À l’instar de l’insatiable curiosité de l’homme qui ne fut pas seulement le Secrétaire perpétuel de l’Académie de 2002 à 2020 mais aussi et avant tout un remarquable homme de lettres , le présent ouvrage est émaillé de photographies d’objets, d’œuvres, de lieux et de livres symbolisant sa philosophie généreuse, insolite et amoureuse.Invitant à l’émerveillement, cette balade dans l’univers singulier de Jacques De Decker traverse les villes qu’il a foulées, plonge dans son œuvre, évoque les écrivains qu’il a contribué à faire connaître au travers d’articles ou au détour d’une conversation. Elle témoigne aussi de moments où il était tout simplement présent – où nous l’apercevions, comme l’écrit Rilke, «  entier, découpé dans le ciel.  »La tonalité des contributions est tantôt mélancolique, tantôt joyeuse, tantôt pudique ; elles adressent à Jacques De Decker un salut fraternel autant qu’elles brossent le portrait d’un monument de nos Lettres belges. Puisqu’il maîtrisait parfaitement les trois langues nationales, ce livre est plurilingue et s’enrichit par ailleurs de contributions en anglais, en italien ou en catalan, témoignant de l’amour que Jacques De Decker portait à la langue et à l’autre. Puisqu’il maîtrisait divers genres littéraires, ce livre est protéiforme : anecdotes, poésie, dialogues, œuvres plastiques et musicales vibrent à l’unisson pour célébrer cet «  homme-orchestre  ».À la lecture de ce livre-hommage, l’on comprend que Jacques De Decker n’est pas et ne sera jamais un homme du passé.  Doué d’une impressionnante vivacité d’esprit et d’un sens du dialogue exceptionnel, il continue à faire rayonner les Lettres et nous adresse un sourire espiègle avant de reprendre sa balade et d’aller «  promener sa truffe  ». C’est une certitude : nous continuerons à l’apercevoir…

Léon Degrelle

Auteur d’essais sur Pierre Drieu de la Rochelle , Camille Lemonnier , de romans ( L’enfance…

Ces princes de la futilité

Les communications et discours, rassemblés dans le présent volume, révèlent…