Pour son premier roman, mon pote Couturiau n’a pas choisi la voie — ni la voix — la plus facile. Il est vrai que pour nous concocter ce Boulevard des Ombres qui s’annonce de prime abord comme un vrai polar « made in U.S.A. ». il pouvait compter sur son expérience de traducteur, ses longs séjours outre Atlantique et ses amitiés américaines. X’empêche. ce n’est pas une mince affaire pour un Européen de poser le décor d’un New York ou d’un Miami qui ne tiennent ni du mauvais feuilleton télévisé ni du pastiche alimentaire français de l’après-guerre (fût-il aussi talentueux, au demeurant, que ceux de Vian ou de Malet)… Or. l’Amérique urbaine de Couturiau, dont les seuls clichés sont parfaitement indigènes, possède la vérité discrète des évidences…
Nous sommes à Metz en 1940. Odile Waldner, bibliothécaire municipale, commence à écrire un journal secret qu’elle destine à son fils, encore tout bébé, afin qu’il sache la vérité sur elle. Car elle pressent que sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille.
Nous sommes à Metz en 2018. Michel Engberg, conservateur au Musée de la Cour d’Or, est épuisé par sa longue quête jusque-là infructueuse à la recherche de manuscrits précieux qui ont – auraient – été cachés pendant la guerre pour les soustraire à la destruction programmée par les nazis. À quelques mois de sa retraite professionnelle, sera-t-il aidé ou utilisé par l’ambitieuse Gabriela Agnelli, nouvelle recrue du Musée, dont « Michel a vite compris qu’elle était de passage à Metz – un…