Boulevard des Ombres

RÉSUMÉ

Un monteur de cinéma traqué par des tueurs bien réels. Une starlette disparue lors d’une mystérieuse croisière. Un journaliste «tué» d’une balle dans la tête, alors qu’il était déjà mort. Une prostituée asiatique qui veut repartir à zéro, mais peut-on jamais s’arrêter de trahir ? Un inspecteur, Ring Lennox, qui a perdu le goût de vivre depuis la mort de sa femme – et se console avec le goût des cigares. De Greenwich Village à Chinatown, dans une atmosphère crépusculaire, les…

PRIX
  •   Grand prix de littérature policière 1993
À PROPOS DES AUTEURS
Paul Couturiau

Auteur de Boulevard des Ombres

Né en 1952 à Bruxelles, Paul Couturiau est un fanatique de l'écriture. Il l'a abordée par toutes ses facettes: la traduction scientifique et littéraire, le théâtre, le roman, la bande dessinée et ... la publicité ; celle-ci constitue d'ailleurs sa formation de base. Pendant une dizaine d'années, il a été attaché comme traducteur aux éditions du Rocher. Cela lui a notamment permis de traduire de nombreux auteurs anglo-saxons. Il a également travaillé comme conseiller littéraire dans le même secteur linguistique. Amené par son métier à faire de nombreux séjours aux Etats-Unis, il est tombé amoureux de ce grand pays avec une préférence toute particulière pour les villes de New-York et Miami. De janvier 1991 à juin 1992, il a été directeur littéraire aux éditions Claude Lefrancq. Son épouse, Nadine Monfils, est également un écrivain de renom. Lauréat d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse d'appoint 2021
Jean-Michel Nicollet

Illustrateur de Boulevard des Ombres

NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Pour son premier roman, mon pote Couturiau n’a pas choisi la voie — ni la voix — la plus facile. Il est vrai que pour nous concocter ce Boulevard des Ombres qui s’annonce de prime abord comme un vrai polar « made in U.S.A. ». il pouvait compter sur son expérience de tra­ducteur, ses longs séjours outre Atlantique et ses amitiés américaines. X’empêche. ce n’est pas une mince affaire pour un Euro­péen de poser le décor d’un New York ou d’un Miami qui ne tiennent ni du mauvais feuilleton télévisé ni du pastiche alimentaire français de l’après-guerre (fût-il aussi talen­tueux, au demeurant, que ceux de Vian ou de Malet)… Or. l’Amérique urbaine de Cou­turiau, dont les seuls clichés sont parfaite­ment indigènes, possède la vérité discrète des évidences…


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Nathan. Roman pornographique et misogyne pour jeune fille

«  Alors j’ai cogné ; de toutes mes forces. Du bout de ma chaussure, j’ai déplacé sa tête pour voir son visage et le sang  ». C’est l’incipit du premier chapitre de Nathan qui ne compte que sept lignes… Ce meurtre obscur, sans doute accidentel et dont on ne saura rien de plus sinon qu’il est considéré comme raciste, Nathan se l’impute sans aucune certitude à ce propos. Question ironique à se poser : n’est-ce pas somme toute accessoire en regard de son style de vie d’une rare incorrection? Celui d’un jouisseur, sexiste et désinvolte, figure centrale de cet opus effrontément sous-titré « roman pornographique et misogyne pour jeune fille  ». Normal quand on s’avise que l’auteur n’est autre que Xavier Löwenthal, véritable couteau suisse de la subversion créative : auteur, dessinateur, enseignant, théoricien de la BD, fondateur des éditions « La cinquième couche » et féru de détournements (dont ceux, notamment du Maus de Spiegelman ou des Schtroumpfs). Haut fonctionnaire dans une institution internationale – apparemment établie à Bruxelles – Nathan y anime une «  commission préparatoire  » sur la répression du harcèlement ( mobbing ). Déviance dont il est lui-même accusé suite à la plainte un rien vicieuse déposée par Hermine, sa supérieure directe affectée au service juridique et dépitée par le manque d’attentions que lui porte ce séducteur patenté. À vrai dire il prend cette plainte par-dessus la jambe, autant que les affrontements et les théories exprimées dans le cadre de sa mission comme d’ailleurs la plupart des généralités, des slogans lapidaires et des contraintes promulguées dans le monde d’aujourd’hui, gravement shizophrénique selon le diagnostic de Löwenthal lui-même. Lequel  use benoîtement d’une arme imparable : l’art de pousser ces soubresauts jusqu’au bout de leur prétendue légitimité et de leur faire dégorger leurs apories ou leurs absurdités, que ce soit dans un contexte d’angélisme ou de persécution. En cause notamment le nœud gordien constitué par le redoutable trio : liberté, responsabilité, culpabilité. Avec, pour décor, le combat traditionnel et truqué entre le bien et le mal, en fait aussi imbriqués l’un dans l’autre que les deux têtards figurant le yin et le yang. Problématique qui nourrira entre autres un savoureux dialogue dopé au calva entre Nathan et son vieil ami curé, sorte de quiétiste assez joyeusement inquiet. Cela dit, c’est à la façon géniale et presque enfantine d’Alexandre que Nathan semble avoir résolu le problème du nud. Proche sommes toutes du principe de Schopenhauer selon lequel il ne s’agit pas de se guérir des souffrances de la vie, mais bien de se guérir de la vie en tant que souffrance. Et il s’en donne, le bougre !Pornographe ? Séducteur en tout cas (le contraire exactement du harceleur, animé lui par le dépit d’échouer à séduire), ce qui chez Nathan ressemble davantage à une faculté d’accueil au plaisir (reçu et donné) qu’à une conquête de cosaque. Et si la pornographie n’est en somme que de l’érotisme qui se raconte, alors c’est bien de pornographie qu’il s’agit. Cela dit, Löwenthal y va de bon cœur pour décrire les parties de jambes en l’air de son personnage avec une technicité quasi tutorielle.Cynique ? Nathan l’est assurément, mais à la façon des anciens philosophes grecs, ces «  moralistes  » dont Onfray notamment a rappelé «  qu’en singeant la bêtise humaine, en dénonçant l’hypocrisie et le mensonge, en se riant du pouvoir établi, en démystifiant les idéaux grégaires, ils se sont faits les champions d’une éthique exigeante dont les ‘moralistes’ d’aujourd’hui pourraient utilement s’inspirer  »Mysogine ? Trop allergique en tout cas aux généralités et aux classifications pour assumer ce que l’auteur professe par dérision dans le sous titre du roman, mais aussi à certaines hypocrisies signifiantes comme dans cet épisode – parfaitement rigolo – où, entre deux bruyantes extases, une de ses supérieures, chargée de le contrôler après sa condamnation pour harcèlement (en cause : la fausse plainte d’Hermine), exige de lui les débordements les plus audacieux sous prétexte de mieux démontrer l’ampleur de sa turpitude.Imposteur ? La parole à l’auteur,  déclinée au fil du roman: «  Nathan est le contraire exactement de l’imposteur. Il en a simplement toutes les apparences. Le véritable imposteur, lui, n’en a jamais l’air, n’a pas d’apparence fixe, sait avoir l’air de tout ce qu’on veut, moins l’imposture : il feint le sérieux et le drame, répond parfaitement à tous les désirs, s’adapte et s’identifie à leur objet, au moins formellement. Il conserve donc, envers et contre tout, des apparences convenables. Vides mais convenables  ». Du reste, pour Nathan «  Être considéré comme un imposteur ne le dérangeait pas et, s’il avait porté quelque intérêt à son égo, il aurait même pu en concevoir une forme de fierté  ».Roman provocant ? Sans aucun doute, ce qui en fait, comme toute provocation, un cadeau idéal pour favoriser la réflexion personnelle (en l’occurrence sur l’absurdité ambiante et largement partagée de notre monde contemporain). Avec en sus le plaisir de déguster une écriture inventive et un récit madré où, tels des culs-de-lampe littéraires, alternent çà et là, à l’enseigne des «  deux étendards  », les «  cercles d’or  » diffusés par les cloches de la cathédrale et un malin diable qui se tord de rire dans un coin, comme sur un chapiteau roman. Ghislain…