Guy Goffette

PRÉSENTATION
Tout ce qui retient ou séduit Guy Goffette l'exalte et le met dans un grand enthousiasme : les poèmes qu'il écrit ou dont il rêve déjà, les poètes qu'il lit, les anciens comme les modernes, sur lesquels il écrit, prose ou poésie, les textes qu'il choisissait jadis d'imprimer, les voyages qu'il fait, les êtres, hommes ou femmes, qu'i rencontre. Car c'est assurément un passionné, un tourmenté aussi, qui vibre, crée, vit intensément et se donne à chaque fois tout entier à ce qu'il fait.Sa poésie va des chemins de la révolution à l'approfondissement des contradictions intérieures (rester vs partir), des évasions rêvées à l'enracinement regretté (une fois qu'il est parti ou bien quand il revient). Elle est grave (obsession du temps qui fuit, du néant), dynamique, ouverte aux vents de l'inspiration (diversité des thèmes) et n'est certes pas arrivée au terme de son évolution.Né le 18 avril 1947 à Jamoigne, en gaume, Guy Goffette est l'aîné de quatre enfants d'une famille ouvrière. Durant son enfance campagnarde, il a regardé, observé la nature et les gens qui composent le monde rural : tous ses recueils de poèmes l'attestent.A l'école Normale libre d'Arlon, il est l'élève de Vital Lahaye (alors professeur dans cet établissement), remarquable poète lui-même, esprit libre, nourri des penseurs marxistes et amoureux de littérature. Les paroles magistrales tombent sur un terrain particulièrement réceptif et le fécondent rapidement.Dès 1969, année de son mariage, Guy Goffette écrit nombre de poèmes qui seront repris dans Quotidien rouge, son premier recueil.Sa formation d'instituteur semble tracer devant lui une carrière professionnelle sans incidents. De fait, il enseigne à Harnoncourt (commune de Rouvroy), à la pointe méridionale de la Belgique, où il a construit sa maison aux marges du village, à flanc d'une colline à pente douce derrière laquelle se cache la France, tandis que devant lui se déploie un vaste paysage de bois et de verdure.Trois enfants lui naîtront, dont Vivian, jeune cinéaste dont le renom s'affirme et, provisoirement sans doute, adonné aux courts métrages.Guy Goffette continue d'écrire des vers, maintenant que l'impulsion est donnée, qu'il se voit publié dans de nombreuses revues et qu'il est entré en relation avec des "confrères" de renom ou influents. Il se lance un temps dans l'édition. De 1980 à 1987, avec d'autres poètes, il publie la revue Triangle (12 numéros) dont il est la cheville ouvrière; en outre, de 1983 à 1987, il dirige les éditions de l'Apprentypographe (mot forgé pour la circonstance), qui offrent en un nombre réduit d'exemplaires et sur beau papier, de petits livres composés par lui à la main, sur la couverture desquels on trouve notamment les noms d'Umberto Saba et de Michel Butor. Un travail absorbant, tout de méticulosité et de passion, qui dit bien où sont ses amours. Néanmoins, le temps consacré à cette revue et à ces livres "mange" celui qu'il pourrait consacrer à écrire : la double expérience se termine en 1987.Dès 1986, il se consacre à différents travaux de critique littéraire, entre autres à la Nouvelle Revue française. Il prépare et préface différentes éditions de poètes et, passionné par le blues, travaille à la traduction d'un important corpus de chants noirs d'Amérique (blues, negro-spirituals, work songs, hollers, etc.). Il collabore à des encyclopédies : travail nourricier.Il abandonne l'enseignement.Un temps libraire d'occasion, il finit par s'évader. Habitant tour à tour Charleville-Mézières (ô Rimbaud), Limoges, il est actuellement domicilié à Paris. Il voyage également : Yougoslavie, Québec, Roumanie, notamment. Il devient membre du comité de lecture des éditions Gallimard, où il dirige les collections Enfance en poésie et Folio Junior en Poésie.La prose le séduit : il écrit un livre sur Verlaine, un second sur Bonnard, enfin, un roman en 2001.Fort sollicité, il continue de mener une existence très active.

BIBLIOGRAPHIE


PRIX
  •   Prix Maurice Carême de poésie, 1992 (pour l'ensemble de son œuvre)
  •   Prix Goncourt de la poésie, 2010
  •   Prix Rossel, 2006 (Une enfance lingère)
  •   Grand Prix de la Poésie de l'Académie française, 2001
  •   Prix de la Communauté française 1988 et Prix Mallarmé 1989 (Eloge pour une cuisine de province)
  •   Prix Guy Lévis Mano (Solo d’ombres)


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Guy GOFFETTE, Pain perdu. Poèmes, Gallimard, 2020, 150 p., 18 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 978-2-07-289494-7En 2016, comme il le raconte à Nicolas Crousse (Le Soir, 17 mai 2020), Guy Goffette est victime d’un A.V.C. qui l’empêchera d’écrire trois années durant. Or, Gallimard lui demande instamment quelque manuscrit. L’auteur s’avise alors de fouiller son tiroir de poèmes restés inédits, soit qu’à l’époque ils lui aient paru insatisfaisants, soit qu’ils s’intégraient mal dans un projet de recueil. Il en choisit plusieurs, leur apporte les modifications qu’il juge opportunes, opération facilitée par le recul : certains textes remontent à de longues années, jusqu’à 1964… D’autres, qui avaient paru…


Le Carnet et les Instants

Comme Guy Goffette l’aime, son cher Verlaine ! Et comme il nous fait partager cet attachement, cette affection, en généreux passeur de textes et de sentiments ! Alors que le coup de foudre n’a eu lieu qu’à la maturité (Verlaine est entré dans ma vie comme la foudre dans une maison fermée), la cinquantaine approchant (sa première idole a été Rimbaud, l’autre du couple glorieux), depuis, il écrit sur lui fidèlement, tendrement, amicalement. De beaux livres, de sa prose la plus poétique, emphatique, celle qu’on aime tant, celle d’Elle, par bonheur et toujours nue. Après Verlaine d’ardoise et de pluie (1996) et les récits de L’autre Verlaine (2008), il publie, dans la collection « Les auteurs de ma vie » aux Éditions Buchet/Chastel, un volume simplement intitulé…


Le Carnet et les Instants

C’est un recueil polygraphique, pourrait-on dire, que nous donne Guy Goffette avec Petits riens pour jours absolus, titre à la fois modeste et réfléchi coiffant quelques méditations d’une grande richesse affective, comme ses livres précédents. Six parties bien distinctes en effet s’y succèdent, chacune avec ses particularités de contenu, de longueur et de forme. Mais en toutes prédominent le sentiment du temps qui coule irrémédiable, les résurgences impératives et douces-amères de la mémoire, le désir chimérique de refaire la vie enfuie, l’absolue tyrannie de la mort – thèmes qui donnent au livre sa forte unité, tant par eux-mêmes que par le ton dans lequel ils sont traités : un ton sans fatalisme, mais sans davantage de révolte bruyante, comme…


Le Carnet et les Instants

Qu’importe le temps quand on aimeVoilà pourquoi je me promèneLors de son entrée, en anthologie, dans la belle collection Espace Nord (L’oiseau de craie, février 2023), Guy Goffette donnait, à titre d’inédits, une poignée de poèmes ludiques et urbains sous le nom de Paris à ma porte. De quoi éveiller la curiosité d’une Belgique chez qui s’invitaient pour l’occasion, et en exclusivité, les venelles du Ier arrondissement de Paris. Le privilège de cet échantillon devait être de courte durée, et le client fidèle peut aujourd’hui redécouvrir ces textes prometteurs dans leur milieu naturel, entourés de leurs semblables, sous l’indémodable couverture blanche de Gallimard.Je connais mon quartier comme hier mon villageChacune de ses rues, ses bistrots, ses boutiques,Et…