Paul Emond

PRÉSENTATION
Paul Emond naît à Bruxelles en 1944, neuvième et dernier enfant d'un père propriétaire d'un magasin d'articles de cuir en crocodile (clin d'oeil à son enfance, la valise en crocodile revient dans tous ses ouvrages!) et d'une mère au foyer.Il passe son enfance dans le Brabant Wallon et découvre à travers la lecture passionnée de Jules Verne que, ainsi qu'il le trouvera très exactement formulé par Borgès, «la littérature est une des formes du bonheur».De 1956 à 1961, études secondaires à Bruxelles; il dévore Dumas, Dostoïevski, Baudelaire et Lautréamont.Après sa licence en philologie romane à Louvain, il devient l'assistant de Michel Otten. Boulimie de littérature : Proust, Pound, Bataille, Céline, Stendhal, Segalen, Saint-John Perse, Diderot, Sterne et son Tritram Shandy... Il s'intéresse également aux arts plastiques et au cinéma. C'est à cette période qu'il rencontre le poète Alexis Gayo, auquel le liera désormais une indéfectible amitié. Il passe sa thèse de doctorat sur les romans de Jean Cayrol.De 1973 à 1977, il fait de longs séjours en Tchécoslovaquie, devient lecteur de français à Bratislava, puis boursier à Prague. Il lit coup sur coup trois textes qui vont faire tout «basculer» : La fin des temps anciens de Vancura, Cours de danse pour adultes avertis de Hrabal et La vie et l'oeuvre du compositeur Foltyn de Capek. C'est au cours de ses nombreuses visites à la Galerie nationale de Prague qu'il découvre la statuaire gothique de Slovaquie et à Vienne, la peinture de Schiele et de Kokoschka. Lecture assidue de Kafka et de Kundera. Début de l'écriture romanesque.Il se marie en 1977 avec Maria Polackova, qui développera, pour sa part, une création plastique et revient à Bruxelles.En 1978 : deux rencontres essentielles, deux amitiés : Paul Willems et Gaston Compère. Il entre aux Archives et Musée de la littérature. Avec notamment Frans De Haes et Marc Quaghebeur, il se lance dans de nombreux travaux sur la littérature et le théâtre en Belgique.1980 : naissance de son fils Christophe et rencontre de Perec dont il admire l'œuvre intensément. Se passionne pour la peinture expressionniste. Il participe deux ans plus tard à un «safari-photo» dans le grand Nord, d'où il ramène des images émerveillées de paysages de neige.1984 : voit la naissance de sa fille Suzanne et de l'écriture théâtrale suite à une commande de Philippe Sireuil. À partir de cette date, le théâtre occupera une place de plus en plus grande dans son existence. Il lit beaucoup Shakespeare, Büchner, Tchekhov, Borgès et surtout Dante et Cervantes. L'oeuvre entière de Paul Emond aime d'ailleurs se souvenir par le jeu de l'intertextualité de ces illustres prédécesseurs.Depuis 1987, il enseigne à l'Institut des Arts de Diffusion et depuis 1989, à l'école des Arts Visuels de la Cambre. Nombreuses traductions et adaptations, notamment des Châteaux magnifiques d'Eugène O'Neill, du Marchand de Venise et du Roi Lear de Shakespeare, ainsi que du Journal de Sally Mara de Queneau. Traduit avec Maja Polackova Une Saison à Paris de Dominik Tatarka, à paraître aux Éditions de l'Aube. Vient de terminer un monologue sur un des héros de la Révolution belge : Jean Joseph Charlier dit Jambe de bois, héros de la Révolution belge, ainsi que l'adaptation théâtrale de l'Odyssée.Dirige avec Jacques Carion la collection Poteau d'angle chez Labor.Françoise Chatelain : note de lecture


PORTRAITS ET ENTRETIENS
Le Carnet et les Instants

Paul Emond est l’un des auteurs dramatiques belges les plus en vue actuellement. Alors que les éditions Lansman viennent de publier plusieurs de ses pièces (Le royalÀ l’ombre du ventCaprices d’imagesGrincements et autres bruits), ainsi que le texte de ses quatre conférences données l’an dernier dans le cadre de la Chaire de Poétique de l’Université de Louvain-la-Neuve (Une forme de bonheur), sa pièce la plus récente, Grincements et autres bruits, est en tournée en Wallonie et dans le nord de la France après sa création à Mons en mars dernier. Un numéro de la revue Alternatives théâtrales vient, d’autre part, de lui être consacré.
Le Carnet et les Instants : Vous amenant à…


BIBLIOGRAPHIE


PRIX
  •   Prix triennal du roman de la Communauté française, 1982-1985 (La danse du fumiste)
  •   Prix triennal de théâtre de la Communauté française 1993-1996 (Convives)


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

1. Paul Emond revient à la fiction narrative avec des moyens nouveaux et un pouvoir évocatoire plus aigu que jamais. On ne se remet pas si facilement de la lecture de ce monde en facettes, qu’il évoque comme une suite d’éclairs.2. Son livre a l’apparence d’un recueil de quarante-neuf récits courts, variations sur l’autonomie de notre reflet dans la glace. Ces récits ne proposent pas une intrigue psychologique continue. Ce ne sont pas non plus des fables. L’essence d’une histoire complète y est chaque fois contenue, avec une grande force suggestive. Mais ils vont à l’essentiel, par flashes rapides, sans perdre de temps en faux événements extérieurs. Tout ce qui y est rapporté est fidèle à l’émotion des premières fois.3. L’auteur est un témoin impartial. Il…


Le Carnet et les Instants

Deux textes de Paul Emond, Don Quichotte avant la nuit et Gracchus, rassemblés dans une même publication, mettent en scène des êtres proches du trépas. L’ange de la mort rôde à chaque page. Cet entre-deux – entre vie et mort – est symbolisé par une belle illustration de Maja Polackova en page 55.Dans Don Quichotte avant la nuit, deux hommes se tiennent côte à côte dans un grand lit, dernière résidence de leur passage sur terre. L’un apprécie particulièrement la lecture. L’autre est un grand bavard. Une femme, surnommée la passeuse, les accompagne dans leur dernier voyage et leur prodigue des soins, notamment sa fameuse huile de passage. Tous deux n’ont plus beaucoup d’appétit et s’assoupissent souvent. Après avoir lu Don Quichotte de la Manche, le premier,…


Le Carnet et les Instants

Art de l’illusion qui révèle les vérités cachées, le théâtre crée une scène sur laquelle comparaissent les passions des hommes, l’échiquier du pouvoir, les conflits entre morale et politique, la grande tragi-comédie de l’Histoire. Dans ce deuxième tome d’Histoire de l’homme, le dramaturge et romancier Paul Emond agence une « pièce fleuve, mobile, chaotique et à suivre » se découpant en saynètes qui revisitent au fil d’un humour philosophique le mythique et le banal, la folie des hommes, des dieux et les grandes orgues des pulsions. Le secret de la puissance corrosive des scènes a pour nom condensation. Qu’il déterre les facettes contemporaines du mythe d’Orphée, d’Ulysse, qu’il s’empare de l’invention de monsieur Guillotin, qu’il agence à…


Le Carnet et les Instants

Matrices textuelles inépuisables, les histoires des Labdacides, des Atrides composent des mythes fondateurs que la littérature n’a cessé de réinterroger. Au travers de deux monologues théâtraux Créon et Loin d’Antigone, le dramaturge, écrivain et essayiste Paul Emond délivre une relecture à la fois contemporaine et intemporelle du cycle tragique qui emporte la dynastie des Labdacides. Puissamment inspiré, le premier texte campe le bilan rétrospectif que Créon, roi de Thèbes, porte sur son règne. Le déplacement de focale, le dépassement des clichés qui, depuis des siècles, recouvrent la division entre Créon, représentant de la raison d’État, et Antigone, symbolisant la révolte, permet au dramaturge de donner à entendre un autre Créon, tyran inflexible, orgueilleux,…


Le Carnet et les Instants

Paul EMOND (texte) et Léon WUIDAR (ill.), Ultime passion, La Pierre d’Alun, coll. « La petite pierre », 2023, 64 p., 15 €, ISBN : 978-2-87429-135-7Ultime passion est une nouvelle assez courte, récente vu les références à des techniques d’aujourd’hui. Elle étonne cependant, car Paul Emond condense et résume dans ce bref texte toute une part de sa production romanesque antérieure.Le récit commence par le discours d’un ministre de la Culture se félicitant que l’on puisse dorénavant reproduire et même améliorer les créations artistiques du passé, en l’occurrence des apothéoses du peintre Giambattista Tiepolo. Grâce à l’intelligence artificielle, il est maintenant possible de rendre plus fines les couleurs du tableau, de supprimer les erreurs de l’artiste…


Le Carnet et les Instants

Avec La part des flammes. Deux variations, le dramaturge, le romancier et essayiste Paul Emond nous une livre proposition théâtrale novatrice qui repense le statut du texte, au théâtre en particulier. Reposant sur le dispositif de trois personnages, de trois sœurs qui évoquent tantôt les Trois sœurs de Tchekov, tantôt les trois filles du Roi Lear, la pièce plonge dans les secrets de famille, la mort de la mère, la configuration des liens entre Marie, l’aînée qui se sacrifie, Anne qui a conquis sa liberté et la cadette Marianne, affectée de troubles borderline. Que fait un dramaturge lorsque, dans l’impossibilité de mettre fin à une création, il se sent réquisitionné par ses personnages, des créatures de papier qui lui demandent des comptes et réclament davantage d’autonomie ?…