Paul Emond est l’un des auteurs dramatiques belges les plus en vue actuellement. Alors que les éditions Lansman viennent de publier plusieurs de ses pièces (Le royal, À l’ombre du vent, Caprices d’images, Grincements et autres bruits), ainsi que le texte de ses quatre conférences données l’an dernier dans le cadre de la Chaire de Poétique de l’Université de Louvain-la-Neuve (Une forme de bonheur), sa pièce la plus récente, Grincements et autres bruits, est en tournée en Wallonie et dans le nord de la France après sa création à Mons en mars dernier. Un numéro de la revue Alternatives théâtrales vient, d’autre part, de lui être consacré.
Le Carnet et les Instants : Vous amenant à…
1. Paul Emond revient à la fiction narrative avec des moyens nouveaux et un pouvoir évocatoire plus aigu que jamais. On ne se remet pas si facilement de la lecture de ce monde en facettes, qu’il évoque comme une suite d’éclairs.2. Son livre a l’apparence d’un recueil de quarante-neuf récits courts, variations sur l’autonomie de notre reflet dans la glace. Ces récits ne proposent pas une intrigue psychologique continue. Ce ne sont pas non plus des fables. L’essence d’une histoire complète y est chaque fois contenue, avec une grande force suggestive. Mais ils vont à l’essentiel, par flashes rapides, sans perdre de temps en faux événements extérieurs. Tout ce qui y est rapporté est fidèle à l’émotion des premières fois.3. L’auteur est un témoin impartial. Il…
Deux textes de Paul Emond, Don Quichotte avant la nuit et Gracchus, rassemblés dans une même publication, mettent en scène des êtres proches du trépas. L’ange de la mort rôde à chaque page. Cet entre-deux – entre vie et mort – est symbolisé par une belle illustration de Maja Polackova en page 55.Dans Don Quichotte avant la nuit, deux hommes se tiennent côte à côte dans un grand lit, dernière résidence de leur passage sur terre. L’un apprécie particulièrement la lecture. L’autre est un grand bavard. Une femme, surnommée la passeuse, les accompagne dans leur dernier voyage et leur prodigue des soins, notamment sa fameuse huile de passage. Tous deux n’ont plus beaucoup d’appétit et s’assoupissent souvent. Après avoir lu Don Quichotte de la Manche, le premier,…
Art de l’illusion qui révèle les vérités cachées, le théâtre crée une scène sur laquelle comparaissent les passions des hommes, l’échiquier du pouvoir, les conflits entre morale et politique, la grande tragi-comédie de l’Histoire. Dans ce deuxième tome d’Histoire de l’homme, le dramaturge et romancier Paul Emond agence une « pièce fleuve, mobile, chaotique et à suivre » se découpant en saynètes qui revisitent au fil d’un humour philosophique le mythique et le banal, la folie des hommes, des dieux et les grandes orgues des pulsions. Le secret de la puissance corrosive des scènes a pour nom condensation. Qu’il déterre les facettes contemporaines du mythe d’Orphée, d’Ulysse, qu’il s’empare de l’invention de monsieur Guillotin, qu’il agence à…
Matrices textuelles inépuisables, les histoires des Labdacides, des Atrides composent des mythes fondateurs que la littérature n’a cessé de réinterroger. Au travers de deux monologues théâtraux Créon et Loin d’Antigone, le dramaturge, écrivain et essayiste Paul Emond délivre une relecture à la fois contemporaine et intemporelle du cycle tragique qui emporte la dynastie des Labdacides. Puissamment inspiré, le premier texte campe le bilan rétrospectif que Créon, roi de Thèbes, porte sur son règne. Le déplacement de focale, le dépassement des clichés qui, depuis des siècles, recouvrent la division entre Créon, représentant de la raison d’État, et Antigone, symbolisant la révolte, permet au dramaturge de donner à entendre un autre Créon, tyran inflexible, orgueilleux,…