Jacques De Decker   1945 - 2020

PRÉSENTATION
Jacques De Decker est né à Bruxelles le 19 août 1945. Après des études secondaires à l'Athénée communal Fernand Blum de Schaerbeek, il fait une licence en philologie germanique à l'Université Libre de Bruxelles où il est lauréat du Concours Universitaire avec un mémoire sur le théâtre de Hugo Claus qui paraîtra plus tard à Anvers. Assistant, puis chargé de cours à l'Ecole d'interprètes internationaux de l'Université de Mons, chargé de cours à l'INSAS, Jacques De Decker est aussi entré très tôt dans le monde du théâtre: en 1963, avec Albert-André Lheureux, il a fondé le Théâtre de l'Esprit Frappeur. Cet intérêt pour le théâtre l'a amené à adapter de nombreuses œuvres classiques, parmi lesquelles Le rouge et le Noir (Stendhal), La tragique histoire de coeur du Docteur Faust (Marlowe), Les trois Mousquetaires (Dumas), de nombreuses œuvres étrangères aussi : Les Acrobates de Tom Stoppard, L'autoroute de Peter Nichols, Monsieur et Madame Roméo et Juliette d'Ephraïm Kishon, Pas de deux de Hugo Claus (en collaboration avec Jean Sigrid), Visage connu, sentiments mélangés de Botho Strauss parmi tant d'autres. Mais plus que comme écrivain et homme de théâtre, Jacques De Decker est surtout connu par le grand public pour ses activités de journaliste critique. Critique théâtral à Clés pour le spectacle, collaborateur vigilant de multiples revues littéraires, Jacques De Decker a succédé à Jean Tordeur au service culturel du journal LE SOIR. Il a aussi été l'animateur de l'émission littéraire Écritures, diffusée par la R.T.B.F. (Biographie datée de 1986) Jacques De Decker est membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique.


PORTRAITS ET ENTRETIENS
Le Carnet et les Instants

…Ou comment une personnalité éclectique et puissante, figure tutélaire des Lettres belges francophones, a voilé un grand auteur, humaniste et engagé, moderne et inventif, fidèle en ses tréfonds et au-delà des apparences à son Thyl Ulenspiegel fondateur. 
Durant des décennies, il a épaté par son écriture ou son élocution, sa culture et ses analyses, comme critique, modérateur, préfacier, conférencier… À l’apercevoir de loin, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale (de langue et de littérature françaises de Belgique) ou frère d’un politique éminent, on pouvait lui attribuer un smoking de statue du Commandeur. Il suffisait d’amenuiser la distance, d’oser se rapprocher pour renverser la perception, rencontrer un homme passionnant…


Karoo

Jacques De Decker est un homme de culture par excellence, tour à tour dramaturge , auteur de romans (parmi lesquels le Ventre de la baleine), traducteur de pièces des répertoires anglo-saxon, néerlandais, allemand, plus de soixante ouvrages, tant classiques que contemporains, enseignant à l’Insas entre autres, et longtemps critique littéraire au Soir.
 Quel livre emporterez-vous en vacances ?
Le théâtre complet de George Bernard Shaw, et sa biographie la plus exhaustive (toujours pas traduite). Il n’y a que cinquante ans que j’ai envie de m’y plonger. Débarrassé de la corvée des lectures « d’actualité », quel plaisir de se baigner dans l’intemporalité non pas des classiques, mais de ceux qui n’ont pas (encore) atteint ce statut, du moins en francophonie…


BIBLIOGRAPHIE

DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Écrire des biographies est un exercice apparu tardivement dans la carrière polymorphe de Jacques de Decker. Un exercice qui correspond pleinement à l’une des missions qu’il s’est données : être un passeur culturel. Il répond aussi à un questionnement personnel sur l’importance de l’œuvre (Ibsen) ou sur le génie créateur (Wagner).

Comment en êtes-vous arrivé, dans votre carrière déjà bien remplie, à écrire des biographies ?

En 2005, Gallimard avait besoin, pour lancer le projet « Folio Biographies » [1], de plusieurs volumes. Gérard de Cortanze, responsable de collection, m’a contacté et m’a demandé si je voulais écrire une biographie et quels seraient mes souhaits particuliers. Quand il m’a précisé de quel genre d’ouvrages il s’agissait,…


Le Carnet et les Instants

Romancier, biographe, auteur de théâtre, Jacques De Decker est aussi un passeur littéraire : de par la profession de journaliste littéraire et culturel qu’il a longuement exercée tout d’abord, en tant qu’intervieweur et animateur de rencontres littéraires ou encore comme adaptateur pour le théâtre ensuite, mais également par son attention jamais démentie pour la littérature belge – qu’elle s’écrive en français ou en néerlandais.

Sous les ors du palais des Académies – « pur décorum », nous dit-il, « l’Académie siège dans un palais parce que personne d’autre ne veut d’un bâtiment assorti de telles contraintes » –, il évoque pour Le Carnet et les Instants l’institution dont il devient secrétaire perpétuel honoraire et les Lettres…


Le Carnet et les Instants

Le plus chouette dans ce travail, c’est l’horaire. (…) c’est cool (…) Le quartier du Sablon est sympa aussi, il y a plein de boutiques dans les environs (…). 

Dès la première page, Jacques De Decker adopte un langage simple, familier, et nous projette dans un monologue intérieur, qui s’étendra jusqu’au terme du micro-roman : une jeune femme nous raconte une tranche de vie, elle semble se construire, se reconstruire, autour de son nouveau travail, la surveillance d’une galerie d’art.

Surgissent d’emblée une série d’invariants dedeckeriens. La capacité à faire vivre des femmes (évidente dans ses six pièces de théâtre). Le désir de fuir l’intellectualisme (lui qui fut un grand intellectuel) ou l’académisme (lui qui fut Secrétaire…


Le Carnet et les Instants

Une œuvre ne se laisse pas réduire à l’effet immédiat qu’elle a produit lors de sa première apparition : ni dans l’espace sociologique, ni dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyée. Il faut y ajouter la lumière qui naît d’une entreprise créatrice quand elle échappe aux circonstances originelles et qu’elle entre dans la durée. S’agissant de Jacques De Decker, se souvenir de son talent de chroniqueur, de romancier, de débatteur – et d’incomparable ami pour ceux qui ont pu jouir de sa fréquentation régulière – ne suffit pas. On risque de manquer le cœur du personnage, le centre de sa pensée, et de rester aveugle à l’essentiel.L’illusion rétrospective, par laquelle les auteurs du passé apparaissent dans une perspective favorable due au tri des…


Le Carnet et les Instants

À l’occasion du premier anniversaire du décès de Jacques De Decker, de nombreux écrivains, artistes, collègues ou proches livrent un puissant hommage à « l’incurable rêveur de lumière » qu’il était. Composé à l’initiative de sa compagne Claudia Ritter, le livre Je vais promener ma truffe se présente comme un « hymne multiforme » où chacune des (180 !) contributions met en lumière une facette de la personnalité de Jacques De Decker.À l’instar de l’insatiable curiosité de l’homme qui ne fut pas seulement le Secrétaire perpétuel de l’Académie de 2002 à 2020 mais aussi et avant tout un remarquable homme de lettres, le présent ouvrage est émaillé de photographies d’objets, d’œuvres, de lieux et de livres symbolisant sa philosophie généreuse,…


Le Carnet et les Instants

Se présenter comme « critique littéraire » peut s’avérer une entreprise périlleuse. N’est-ce pas un rictus de défiance, voire de mépris, qui se dessine sur le visage de l’interlocuteur ? Quoi, « critique » ? Parasite, oui. Un bonhomme qui, incapable de torcher correctement un livre, épuise sa vie à passer au crible ceux des autres. Il les descend avec rancœur quand ils lui paraissent trop bons, ou les exhausse s’il est sûr qu’ils ne feront point trop d’ombre à son chef-d’œuvre en sempiternelle gestation.Jacques De Decker n’est pas critique littéraire, et pas parce qu’il a fait ses preuves de romancier, d’essayiste, d’homme de théâtre. Jacques De Decker est un passeur de littérature. Écrire un article est bien peu de chose.…


Karoo

L’art contemporain et les questions qu’il suscite se confondent dans le micro-roman de Jacques De Decker, Suzanne à la pomme, qui nous parle de la vie, du quotidien et du petit monde du quartier des Sablons.

Décédé peu avant la parution de son ouvrage aux éditions Maelström ReEvolution, Jacques de Decker choisit une plume d’une simplicité surprenante dans Suzanne à la pomme. On tente d’y mettre en exergue les aspects essentiels à la survie de l’homme : la culture, le partage et les relations. Suzanne, personnage principale de ce récit, y est décrite comme une femme belle et intelligente avec un soupçon de naïveté accompagné d’un bon manque d’expérience en matière d’art.
« J’étais une gamine, et je savais ce que je voulais connaitre. »
Cette gamine l’est…