1920-1995 : un espace-temps littéraire. 75 ans de littérature française en Belgique

RÉSUMÉ

En trois conférences d’une heure, dans le cadre des manifestations du 75e anniversaire de l’ARLLFB, trois critiques, par ailleurs écrivains, ont survolé les trois-quarts de siècle de littérature belge de langue française dont cette Compagnie a été la contemporaine. Jacques Cels, Jacques De Decker et Vincent Engel ont ainsi défini un espace-temps littéraire aussi singulier que passionnant. Cette tentative de synthèse à trois voix est une nouvelle étape dans l’étude de nos lettres, étude…

À PROPOS DES AUTEURS
Raymond Trousson

Auteur de 1920-1995 : un espace-temps littéraire. 75 ans de littérature française en Belgique



Né à Bruxelles le 11 juin 1936, Raymond Trousson, au terme de ses humanités à l'Athénée royal de Saint-Gilles, s'inscrit à l'Université libre de Bruxelles, tâte de la philologie classique, n'y trouve pas son compte et bifurque vers la philologie romane, assuré que là est sa place depuis le jour où il a assisté, dans l'émerveillement, à la leçon inaugurale d'un jeune chargé de cours dont il ne savait pas même le nom. C'était le 14 octobre 1955, et le professeur dont le savoir et la parole l'ont ébloui était Roland Mortier, appelé à guider ses premiers pas dans la carrière scientifique. Licencié en philologie romane en 1959, professeur pendant un an à l'Athénée Robert Catteau, où il se lie d'amitié avec Robert Frickx, il accède au Fonds national de la recherche scientifique (F.N.R.S-aspirant en 1960, chargé de recherches en 1963). Dès lors, tout se déroule au pas de charge, la cadence qui convient à sa puissance de travail et qui répond à son besoin d'une activité intense et ininterrompue.

Le thème d'Antigone, sujet de son mémoire de licence, l'a orienté vers la thématologie littéraire. Ce domaine complexe, difficile à défricher et à déchiffrer, exigeant érudition, méthode et esprit de synthèse, est à sa mesure. Il en fournit la preuve éclatante avec sa thèse de doctorat sur Le mythe de Prométhée dans la littérature européenne, présentée en 1963, publiée l'année suivante, saluée sur-le-champ comme un ouvrage fondamental (réédition en 1976). Sur la base d'un dénombrement minutieux des œuvres, le jeune chercheur met en lumière les divers avatars du mythe depuis Hésiode, qui lui donna sa première forme littéraire, et Eschyle, qui en fit le symbole du génie humain. Chemin faisant, il écarte pas mal d'idées reçues. Par exemple, il est inexact que Prométhée ait disparu entre Eschyle et Goethe. Prétendre que l'histoire de Prométhée ne commence qu'après 1789 revient à centrer le mythe sur la révolte, à peu près absente de son symbolisme avant Goethe. Lorsque le voleur du feu devient le héros de la révolte, l'objet de sa contestation varie, au gré de la sensibilité des auteurs et des changements de l'optique collective. Le Titan romantique n'est pas le Titan goethéen…

Auteur d'un Prométhée magistral, Raymond Trousson a contribué à la réhabilitation de la thématologie ou «Stoffgeschichte», frappée d'un discrédit encore manifeste au début des années soixante. Passant de la pratique à la théorie, il entre dans le débat dès 1965 avec un livre qui fait sensation : Un problème de littérature comparée : les études de thèmes. Essai de méthodologie, dont il peaufinera l'argumentation en 1981 (Thèmes et mythes. Questions de méthode). Il importe de clarifier la thématologie par l'adoption de termes débarrassés de toute ambiguïté. L'appellation de mythe littéraire entretenant une confusion, on lui substituera les notions de motif et de thème. Le thème est l'individualisation du motif : par exemple, le motif du séducteur s'incarne dans le thème de Don juan, le motif des amours contrariées dans le thème de Tristan et Iseut ou celui de Roméo et Juliette. Le motif est abstrait et intemporel; le thème part nécessairement de l'œuvre littéraire initiale qui en a fixé les éléments constitutifs. Sur l'assise de ce distinguo capital, Raymond Trousson reconstruit la thématologie, délimite sa matière, caractérise sa méthode comparatiste, situe sa place entre l'histoire littéraire et l'histoire des idées.

En 1967, il entre dans le corps professoral de l'Université libre de Bruxelles. Son œuvre, déjà considérable à cette date, ne cessera de s'enrichir et de se diversifier.

Le XVIIIe siècle y occupe une place prépondérante. En souvenir peut-être de sa première vocation, Trousson s'intéresse à la survivance de la culture antique à l'époque des Lumières. De ses nombreux écrits relatifs à ce sujet, deux ouvrages émergent : Socrate devant Voltaire, Diderot et Rousseau (1967) et, publiée sous le titre Diderot helléniste (1969), la savante édition critique d'un manuscrit inédit de Diderot, la traduction de l'Apologie de Socrate, rédigée en 1749, au château de Vincennes. À partir de 1970, c'est à Jean-Jacques Rousseau qu'il consacre l'essentiel de son activité de dix-huitiémiste. Il l'approche de multiples façons : Jean-Jacques Rousseau dans la presse périodique allemande de 1750 à 1800 (1970), Rousseau et sa fortune littéraire (1971), Balzac disciple et juge de Jean Jacques Rousseau (1983), Le tison et le flambeau. Victor Hugo devant Voltaire et Rousseau (1985), Stendhal et Rousseau (1986), Jean-Jacques Rousseau. I. La marche à la gloire (1988). II. Le deuil éclatant du bonheur (1989), Jean-Jacques Rousseau. Bonheur et liberté (1992), Jean-Jacques Rousseau. Heurs et malheurs d'une conscience (1993), Romans libertins au XVIIIe siècle (1993), Défenseurs et adversaires de Rousseau (1995), édition des Confessions (1995). Enfin, il a étudié Jean-Jacques Rousseau jugé par ses contemporains (2000) et présenté un Rousseau raconté par ceux qui l'ont vu (2004). Ces dernières années, sa curiosité l'a également orienté vers le maître de l'Encyclopédie : Images de Diderot (1997) retrace les avatars de la réception critique du philosophe de 1778 à 1913, Diderot jour après jour (2006) est une rigoureuse chronologie de la vie et de l'œuvre, Diderot ou le vrai Prométhée (2005) est une biographie. Dans Visages de Voltaire (2001), il a présenté l'image du patriarche de Ferney dans la littérature et la pensée du XIXe siècle. En 2004 a paru Antoine-Vincent Arnault, histoire d'un homme de lettres entre classicisme et romantisme dont il avait déjà édité les Mémoires d'un sexagénaire (2003), en 2006 une volumineuse édition des mémoires et du journal de J.P.G. Viennet, poète et dramaturge.

Jean-Jacques l'a-t-il amené à se pencher sur le phénomène de l'utopie? En 1975, il présente le fruit de ses investigations et de sa réflexion : Voyages aux pays de nulle part. Histoire littéraire de la pensée utopique (réédition augmentée en 1979). Comme son Prométhée, un livre-événement, fondé sur une définition rigoureuse qui exclut du genre étudié les rêveries de l'Âge d'or, de l'Arcadie et des robinsonnades. En marge de ce vaste panorama, il a réédité maints utopistes oubliés de nos jours, parmi lesquels Louis-Sébastien Mercier (1740-1814), l'auteur de L'An deux mille quatre cent quarante, la première utopie dans le temps. Ont suivi un essai sur l'utopie et les utopistes (1998), un autre sur les religions d'utopie (2001), un troisième sur la fonction des sciences et des techniques de l'utopie à l'anti-utopie (2003).

L'esprit des Lumières dont il est tout imprégné lui a inspiré, ces derniers temps, des ouvrages d'histoire des idées : Histoire de la libre pensée. Des origines à 1789 (1993), Voltaire et les droits de l'homme (1994) et une biographie d'Isabelle de Charrière (1994). Il est enfin un domaine qu'il n'a cessé d'observer. Remontant jusqu'au prince de Ligne, il a parcouru toutes les époques de la littérature belge de langue française par le biais d'études évoquant une quinzaine de nos écrivains, en particulier Charles De Coster dont il a édité Lettres à Élisa (1994) après avoir retracé d'une plume alerte sa biographie : Charles De Coster ou la Vie est un songe (1990). Il a donné depuis des biographies d'Iwan Gilkin () et de Charles Van Lerberghe (2002), publié les mémoires inédits du premier (2000) et la correspondance du second avec Fernand Severin (2002) et une histoire de l'Académie (1999) et de La Jeune Belgique (2000).

Titres et distinctions, en Belgique et à l'étranger, ont consacré la notoriété de Raymond Trousson. Depuis le 8 septembre 1979, il est membre de l'Académie, où il a succédé à Émilie Noulet.

Raymond Trousson est décédé le 25 juin 2013.

André Goosse

Auteur de 1920-1995 : un espace-temps littéraire. 75 ans de littérature française en Belgique



Né à Liège le 16 avril 1926, André Goosse passe son enfance à Houffalize, dans les Ardennes, où l'a conduit la carrière de son père, fonctionnaire de l'État. Il accomplit ses humanités, section gréco-latine, à l'Institut Saint-Remacle, à Stavelot. Vers ses dix-sept ans, Goosse découvre la série des Corrigeons-nous du Père Deharveng. Une vocation, sinon de linguiste, du moins de curieux des faits du langage s'éveille en lui à la lecture de ces Récréations philologiques et grammaticales. La bibliothèque paternelle est riche aussi en ouvrages d'auteurs wallons qui le passionnent. L'évidence est là : le jeune homme est fait pour des études littéraires. Les événements retardent l'entrée à l'université. La fin de la guerre est cruelle pour l'est du pays. La maison est détruite et les parents, tous deux, meurent peu après. Recueilli par des amis de la famille, André Goosse entame, en 1945, des études de philologie romane à l'Université catholique de Louvain. Parmi ses condisciples, on trouve Marie-Thérèse Grevisse, fille de l'illustre grammairien. Leurs études prennent fin en 1949. Ils se marient l'année suivante.

À l'université, Omer Jodogne, éminent médiéviste, et Joseph Hanse ont remarqué l'étudiant. Engagé dans un travail d'édition de texte, Goosse poursuit ses recherches sur l'œuvre d'un polygraphe liégeois du XIVe siècle, Jean d'Outremeuse. Ces travaux, menés sous la direction d'Omer Jodogne, débouchent sur une thèse défendue en 1959 et publiée en 1965.

De Jean d'Outremeuse (1338-1400) on a trois œuvres : une sorte de lapidaire (inédit) et deux chroniques. La Geste de Liège est en vers; Ly Myreur des histors (miroir des histoires) est en prose. Au siècle passé, deux érudits avaient publié ce qui était conservé des deux chroniques. Pour une partie du second livre du Myreur, l'éditeur n'avait disposé que d'un texte condensé et très altéré. Le manuscrit contenant la version complète du second livre étant, depuis lors, entré dans les collections de la Bibliothèque royale, André Goosse décide d'éditer ce long fragment inédit. Dans une copieuse introduction de près de 250 pages, l'éditeur examine les sources de son auteur et se livre à une étude approfondie de la langue et du style de Jean d'Outremeuse. Suivent 384 pages de texte, notes, glossaire et index des noms propres.

Pendant qu'il travaille à sa thèse, Goosse passe deux années au Fonds national de la recherche scientifique, suivies de trois années dans l'enseignement secondaire. En 1956, son université le rappelle. Nommé chargé de cours en 1961, il est promu professeur ordinaire en 1967. Goosse est appelé à devenir, très jeune, membre de la Commission royale de toponymie et de dialectologie, puis de la Société de langue et de littérature wallonnes et de la Commission royale d'histoire. L'Académie s'ouvre à lui le 9 octobre 1976.

En 1966, Goosse succède à son beau-père, Maurice Grevisse, dans sa tribune de La Libre Belgique, où il publie régulièrement une chronique de langage. Un choix de ces textes forme le volume Façons de parler, paru en 1971. Membre du Conseil international de la langue française dès sa fondation, en 1967, il se trouve chargé par l'institution d'étudier les néologismes contemporains. L'essai, intitulé La néologie française aujourd'hui (1975) fait le tour des procédés permettant de créer des mots nouveaux (suffixation, composition, emprunt, abrègement, détournement de sens). Les ressources sont nombreuses; les résultats, plus ou moins réussis. Goosse dénonce les causes de beaucoup d'échecs : le manque de naturel, la lourdeur, l'obscurité.

Gendre de Grevisse, Goosse se trouve vite associé aux travaux de celui-ci avant d'être désigné comme son successeur. On sait l'extraordinaire carrière du Bon usage. L'ouvrage était solide et sérieux. En plus de quoi la personnalité de son auteur lui avait donné une touche particulière de clarté, de mesure et de bonhomie. Au fil des rééditions, Grevisse avait complété et enrichi son œuvre. Sur un plan demeuré quasi inchangé, les matériaux s'accumulaient sous la forme de remarques et de nota bene. C'est que Grevisse ne voulait rien omettre d'une réalité mouvante et complexe. Le volume s'empâtait, c'était évident. Grevisse disparu, il devenait nécessaire de remanier et d'actualiser Le bon usage. Le laisser tel qu'il était dans la onzième édition, c'était amener son vieillissement rapide… interrompre et contredire l'effort que, d'une édition à l'autre, de 1936 à 1980, Grevisse (avait) mené pour que sa grammaire soit de plus en plus complète, pour qu'elle suive de près l'évolution de l'usage, pour qu'elle s'adapte, parallèlement, mais avec prudence, à l'évolution de la science linguistique. Goosse s'est attaché à introduire plus de rigueur dans les définitions, à moderniser les exemples, à tenir compte de la langue parlée et des faits régionaux. Les remaniements sont profonds. Le Précis de grammaire française de Grevisse (1939) et le volume d'exercices ont bénéficié des mêmes soins.

Plus récemment, André Goosse s'est investi dans le débat portant sur la nouvelle orthographe. Le Conseil supérieur de la langue française (dont il est membre depuis 1989) avait préparé un rapport, non pas sur une réforme de l'orthographe, mais sur des aménagements destinés à remédier au désordre et à l'arbitraire. C'était peu de choses, mais il en est résulté une grande agitation des esprits. Dans La nouvelle orthographe (1991), André Goosse défend avec flamme la réforme de 1990.

André Goosse écrit sur le langage avec une délectation évidente, et il sait communiquer ce plaisir à ses lecteurs. Les quatre cents pages des Mélanges de grammaire et de lexicologie françaises (1991), publiées à l'occasion de son accession à l'éméritat, sont riches en études savoureuses.

André Goosse a été secrétaire perpétuel de l'Académie de Langue et de Littérature françaises de 1996 à 2001. Il est mort le 4 août 2019.

Jacques De Decker

Auteur de 1920-1995 : un espace-temps littéraire. 75 ans de littérature française en Belgique

En 1963, l'année où il entame ses études de philologie germanique à l'ULB, Jacques De Decker débute comme acteur : il joue le rôle de Monsieur Martin dans La Cantatrice Chauve au Théâtre de l'Esprit Frappeur, qu'il vient de fonder avec son ami Albert-André Lheureux rencontré à l'Athénée de Schaerbeek (où ils eurent pour maître commun Paul Delsemme). Théâtre et connaissance des langues : les deux se rejoindront lorsque six ans plus tard se jouera dans la même petite salle une première pièce qu'il aura adaptée de l'anglais. Entre-temps, il aura achevé sa licence avec un mémoire (écrit en néerlandais) sur le théâtre de Hugo Claus qui paraîtra en 1971 à Anvers sous le titre Over Claus' Toneel. Théâtre, plurilinguisme, approche critique : les trois premières bases d'une activité sont jetées. Il va largement développer son activité d'adaptateur de pièces des répertoires anglo-saxon, néerlandais, allemand, et transposer, au cours des décennies qui suivront, plus de soixante ouvrages, tant classiques que contemporains, et pour la plupart des scènes belges : Rideau de Bruxelles, Théâtre National, Parc, Galeries, Atelier Théâtral de Louvain, Poche, en se focalisant particulièrement sur la compagnie Théâtre en Liberté et le Théâtre de la Place des Martyrs, animés par Daniel Scahaise, pour qui il adapte Shakespeare, Goethe, Wedekind, Schnitzler, Brecht, même Tchekhov et Strindberg. Sa collaboration avec le metteur en scène Jean-Claude Idée est très régulière également : ils présenteront notamment, en 1998, à l'occasion du jubilé de Goethe, Egmont dans la cour de l'hôtel de ville de Bruxelles. Idée montera aussi des pièces originales de De Decker : Tranches de dimanche en 1988, Le Magnolia en 2000 qui depuis a été joué au Théâtre Hébertot à Paris ainsi qu'au Théâtre National de Riga. Petit Matin, sa première pièce, l'auteur l'aura montée lui-même en 1976 au Rideau de Bruxelles (Claude Etienne ne la lui avait-il pas commandée?). Ses autres mises en scène, il les a réalisées au Théâtre Poème, dirigeant Monique Dorsel dans des textes de Joyce, Claire Lejeune, Pierre Mertens. Dans le même théâtre sera créé Petit Matin, Grand Soir, développement de la pièce inaugurale. Jeu d'intérieur y sera également montée, après avoir été créée à l'Esprit Frappeur et avant d'être à l'affiche du Festival d'Adélaïde en Australie. Entre-temps, De Decker poursuit son travail d'enseignant : à l'École d'Interprètes Internationaux de l'Université de Mons (langue et culture néerlandaises), à l'Insas, au Conservatoire de Bruxelles (histoire du Théâtre) et dès 1971, à l'invitation de Jean Tordeur qui l'accueillera, vingt-sept ans plus tard, à l'Académie, il devient critique littéraire au journal Le Soir, auquel il est toujours attaché, et dont il dirigea le service culturel de 1985 à 1990. Ses articles seront réunis dans plusieurs ensembles critiques : Les années critiques. Les Septantrionaux en 1990, En lisant, en écoutant en 1996, La brosse à relire en 1998. En 1985, il débute dans le roman avec La Grande Roue, qui est encore un hommage au théâtre, puisqu'il a pour modèle La Ronde de Schnitzler. Pol Vandromme en écrira : « Schnitzler avait la cruauté dans les yeux, Jacques De Decker a le visage de la miséricorde. » Le livre sera retenu dans la première sélection du prix Goncourt. Comme le roman suivant, Parades amoureuses, en 1990, figurera dans celle du Renaudot. En 1996, Le Ventre de la baleine s'inspirera des interrogations laissées par l'affaire Cools. Ce roman est le signe manifeste du souci qu'a De Decker de l'investissement des écrivains dans les questions d'actualité. C'est dans cet esprit qu'il relance avec l'éditrice Luce Wilquin en 1998 la revue Marginales, créée en 1945, année de sa naissance, par Albert Ayguesparse à qui il avait succédé à l'Académie. Jacques de Decker est décédé en avril 2020.
Jacques Cels

Auteur de 1920-1995 : un espace-temps littéraire. 75 ans de littérature française en Belgique

  • Baratin, Bruxelles, Cyclope, 1978
  • Mâchures, Bruxelles, Point de fuite, 1979
  • Etats d'un motif d'absence, Le Roeulx, Talus d'approche, 1981
  • Jacques Cels: un architecte du sens, Editions Luce Wilquin, 2009
  • Vincent Engel

    Auteur de 1920-1995 : un espace-temps littéraire. 75 ans de littérature française en Belgique

    Vincent Engel est romancier, dramaturge et professeur de littérature à l’UCLouvain. Il a publié plus de 20 romans chez divers éditeurs (Fayard, Lattès, Les Escales, Ker éditions, etc.), dont Oubliez Adam Weinberger, prix des Lycéens en 2000, et Retour à Montechiarro, prix des libraires du LDP en 2001. Il a également écrit une dizaine de pièces de théâtre, dont plusieurs ont été mises en scène. Ses recherches portent sur la mémoire et le traumatisme de la guerre, et plus récemment sur le retour du tragique à travers le cinéma et les séries télé. Il a tenu pendant plusieurs années une chronique politique hebdomadaire sur le site du Soir et dans d’autres médias. Il a publié en février 2020 un essai sur Le Désir de mémoire, aux éditions Karthala. Son dernier roman : Si seulement, Lucie, chez Hachette (2019) et Les vieux ne parlent plus, aux éditions Ker (août 2020). En 2023, il achève le cycle toscan, commencé avec Raphaël et Lætitia (1995) et surtout Retour à Montechiarro, avec la publication de Vous qui entrez à Montechiarro (mai 2023). C’est l’occasion de republier l’ensemble des romans parus en France, dans une version revue et désormais placée dans le cadre du « Monde d’Asmodée Edern ». En tant que dramaturge, il a collaboré avec Franco Dragone et a écrit avec lui deux spectacles : The House of Dancing Water (Macao, création en 2010) et The Han Show (Wuhan, création en 2014). Il a également collaboré avec Eloize (Québec) et écrit le texte du prochain spectacle des Baladins du Miroir (2023), autour de la figure du Facteur Cheval. Il a également écrit la pièce Viva !, racontant les derniers mois de la vie de Vivaldi, mise en scène par Gabriel Alloing et interprétée par Pietro Pizutti, accompagné par l’ensemble Les Muffatti. Il a également écrit une adaptation de La Chute d’Albert Camus, interprétée par Lorent Wanson. Membre fondateur de Carta Academica (www.cartaacademica.org), il a coordonné la remise des Academic Honoris Causa en 2020, 2021 et 2022. Il est également directeur de la revue Marginales, dont il a développé le passage au numérique et l’ouverture à la francophonie, et de la collection Belgiques, publiée aux éditions Ker. Il anime également le site mémoriel Liber Amicorum, dédié aux autrices et auteurs francophones disparus depuis 2020. Il préside depuis 2021 le jury du Prix de la Nouvelle (anciennement « Renaissance de la nouvelle »). Il est, depuis novembre 2019, vice-président et membre du conseil d’administration de la RTBF. En tant que « gost-writer », il a écrit plusieurs ouvrages, dans des genres différents (du roman à l’essai), pour les éditions Lattès. Sous son nom, il a écrit la biographie romancée de David Susskind (une figure majeure de la communauté juive laïque belge, très engagé dans le combat pour les droits des Palestiniens, aux côtés de sa femme Simone, qui continue aujourd’hui ce combat, et aussi celui du droit des femmes dans le Maghreb) et celle de Georges Lemaître (le « père » du Big Bang). Né à Uccle en 1963, père de 2 enfants, son parcours scolaire a été chahuté et il a fini par présenter le Jury Central en 1981. Vincent Engel ne fait, finalement, qu’une chose : faire réfléchir aux relations humaines en racontant des histoires. Dans ses cours, ses romans, ses pièces ou ses chroniques, c’est toujours la même chose. Avec un autre fil rouge : la mémoire. Une mémoire qui aide à vivre, sans vous tirer vers la mort.

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