Résultats de recherche pour “Michel Robert” 61 à 81 (81)

Panorama d’une littérature pour adolescents (Dossier)

Loin d’être cantonnée à un genre particulier , la littérature pour adolescents se…

Les sœurs noires

Philippe REMY-WILKIN , Les sœurs noires , Weyrich, coll. « Plumes du coq », 2022, 292 p., 21 € / ePub : 15,99 € , ISBN : 978-2-87489-728-3 Polygraphe, Philippe…

C’est vous l’écrivain

Élargissant leur catalogue lexicographique bien connu, et peut-être inspirées par la vogue actuelle des « making of », les éditions…

Musique et théâtre

On peut dire , sans trop se tromper, que le théâtre wallon connaît ses débuts au 18e siècle, si l’on excepte l’une ou l’autre «moralité» (vers 1630) et quelques…

La Littérature fantastique belge. Une affaire d’insurgés

Qui d’autre que Jean-Baptiste Baronian pouvait relever le défi…

D’abord un peu de jour

Paul Mathieu (1963), est un poète, critique littéraire et nouvelliste de nationalité belge et luxembourgeoise. Il vit en Lorraine belge. Ce poète discret s’inscrit…

Légendes, intrigues et médisances autour des « archidupes » Charlotte de Saxe-Cobourg-Gotha, princesse de Belgique Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche Récits historique et fictionnel

André BÉNIT , Légendes, intrigues et médisances autour des « archidupes » Charlotte de Saxe-Cobourg-Gotha, princesse de Belgique Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche Récits historique et fictionnel , Postface de Marc Quaghebeur, Peter Lang, 2020, 437 p., 62 € / ePub : 65.41 € , ISBN : 978-2-8076-1472-7Dans la brève histoire (moins de deux siècles) de la famille royale belge, les noms qui suscitent encore aujourd’hui le plus de controverses sont ceux de Léopold II et Léopold III, respectivement associés aux mains coupées du Congo ou à la main serrée d’Hitler. L’attention des hagiographes s’est aussi davantage concentrée sur les mâles couronnés, pour saisir les états d’âme de Léopold Ier à régner sur un peuple de «  petits esprits  », pour forger le mythe du « Roi- Chevalier  » Albert Ier ou pour magnifier le doux sourire du «  binamé  » Baudouin. Il fallait une tragédie pour que soit sacralisée la Reine Astrid ou encore les qualités du dévouement ou du bon goût artistique, pour que prenne consistance la Reine Élisabeth… Mais à côté de ces figures forcément majeures et monopolistiques se ramifie tout un embranchement généalogique qui s’avère passionnant à explorer, où s’entrecroisent la grande et la petite histoire. Ainsi du couple atypique formé par la princesse belge Charlotte de Saxe-Cobourg-Gotha et l’archiduc autrichien Maximilien de Habsbourg. Si ces deux-là suscitèrent une littérature pléthorique – explicable par la fascination que leur trajectoire exerce ainsi que par l’intérêt des psychanalystes envers la composante de folie qui la caractérise – ils ont désormais trouvé en l’universitaire André Bénit leur meilleur raconteur .Il fallait en effet, pour traiter de leurs destinées commune et individuelles, un spécialiste des rapports entre histoire et fiction. Rien de surprenant dès lors à trouver, en exergue du volumineux ouvrage qu’il consacre à ce duo que l’on se plut à surnommer «  les archidupes  », pas moins de trois citations de Pierre Mertens, toutes extraites du roman Une paix royale , dont celle-ci : «  Il appartient aux grandes nations d’écrire l’Histoire. Il revient aux petites de conter, çà et là, quelques fables dont la morale est secrète, autant que si elle s’était cachée longtemps derrière une porte  ».Porté par une telle conviction, André Bénit déploie en alternance, dans chaque chapitre, la narration historique des faits et gestes, via les témoignages de contemporains, qu’il fait ensuite entrer en résonance avec leur écho fictionnel, pour aboutir à un moment de « réflexion » plus personnelle et métadiscursive, qui propose la synthèse des deux dimensions précédentes au libre examen du lecteur. Remarquable application d’une pensée dialectique, qui épouse et résout les complexités inhérentes à l’intelligence d’un propos éminemment complexe à débrouiller.Les écrivain(e)s Horace Van Offel, Robert Goffin, Marthe Bibesco, Juliette Benzoni ou Patrick Roegiers, les dramaturges Maurice Rostand ou Michèle Fabien, la poétesse Liliane Wouters, la Comtesse Hélène de Reinach Foussemagne, les historien(ne)s Alain Decaux, Michel de Grèce, Patrick Weber, Laurence Van Ypersele ou Dominique Paoli… Il suffit de consulter la bibliographie de l’ouvrage pour se rendre à l’évidence : ils et elles furent légion à s’emparer de la dramaturgie passionnelle qu’incarnèrent les mythiques «  Max et Charlotte  » et à tenter d’apporter leur éclairage sur les inépuisables questions qu’énumère Bénit en introduction : Qui était le père biologique de Maximilien ? Le mariage de Maximilien et de Charlotte fut-il d’amour ou d’intérêt ? Les époux eurent-ils une descendance ? Leur mariage fut-il seulement consommé ? Maximilien était-il homosexuel ou avait-il contracté une maladie vénérienne au Brésil ? Charlotte était-elle stérile ou trop étroite ? Eurent-ils, l’un et l’autre, des aventures extraconjugales ? Charlotte fut-elle empoisonnée au Mexique ? Que se passa-t-il réellement lors de ses entrevues avec Napoléon III en août 1866 et avec le Pape Pie IX le mois suivant ? De quand datent ses premiers troubles mentaux et quels en seraient les stimuli ? Quel fut le traitement qui lui fut infligé par la Cour de Vienne au cours de son séjour à Miramar, d’octobre 1866 à juillet 1867 ? Quels motifs, affectifs et/ou financiers, poussèrent son frère, le roi Léopold II, à la rapatrier en Belgique après l’exécution de son mari ? Maximilien fut-il victime d’une trahison à Queretaro ou organisa-t-il lui-même sa reddition ? Son comportement fut-il lâche ou chevaleresque après son arrestation par les hommes de Benito Juarez ? Charlotte était-elle vraiment folle ou feignait-elle la démence ?… André Bénit a conscience d’évoluer en permanence sur une très délicate ligne de crête, celle qui sépare la rigueur de la suggestivité, la vérité historique de la fiction romanesque – voire du mensonge. Son impeccable méthodologie critique nous convainc au final que les racontars, les médisances, le pathos surajouté, les interprétations les plus fumeuses, font partie intégrante de la réalité vécue par les personnages, et sont à la fois germe et fruit de chacun de leur acte, de chacune de leur parole. Un autre écrivain est convoqué pour étayer cet alliage irréfragable du réel et de l’imaginaire, et c’est Laurent Binet, qui constatait dans HHhH  que : «  pour que quoi que ce soit pénètre dans la mémoire, il faut d’abord le transformer en littérature. C’est moche mais c’est comme ça  ».Outre par son sujet, qui réexplore une facette troublante de notre passé national, le travail d’André…

Plus de lumière !

Luc Baba s’est glissé dans le sillage de treize auteurs et deux autrices (que l’on n’aurait pas qualifiée de la sorte de leur vivant), Mary Shelley et Emily Brontë, pour remonter…

L’artisanat du roman. Initiation à l’écriture créative

Destiné à ceux et celles qui écrivent ou que l’écriture de fiction…

Un bibliographe au pays des fous

Le terme de « bibliographie » entre dans le Dictionnaire de l’Académie française aux environs de 1760, mais on considère généralement…

Même pas mort

Véronique SELS , Même pas mort   !, Genèse, 2022, 256 p., 22,50 € , ISBN : 978-2-38201-021-1 Dans le puzzle de la vie, il y a toujours une case qui manque. Surtout quand on s’appelle…

Légendes, intrigues et médisances autour des « archidupes » Charlotte de Saxe-Cobourg-Gotha, princesse de Belgique Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche Récits historique et fictionnel

André BÉNIT , Légendes, intrigues et médisances autour des « archidupes » Charlotte de Saxe-Cobourg-Gotha, princesse de Belgique Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche Récits historique et fictionnel , Postface de Marc Quaghebeur, Peter Lang, 2020, 437 p., 62 € / ePub : 65.41 € , ISBN : 978-2-8076-1472-7Dans la brève histoire (moins de deux siècles) de la famille royale belge, les noms qui suscitent encore aujourd’hui le plus de controverses sont ceux de Léopold II et Léopold III, respectivement associés aux mains coupées du Congo ou à la main serrée d’Hitler. L’attention des hagiographes s’est aussi davantage concentrée sur les mâles couronnés, pour saisir les états d’âme de Léopold Ier à régner sur un peuple de «  petits esprits  », pour forger le mythe du « Roi- Chevalier  » Albert Ier ou pour magnifier le doux sourire du «  binamé  » Baudouin. Il fallait une tragédie pour que soit sacralisée la Reine Astrid ou encore les qualités du dévouement ou du bon goût artistique, pour que prenne consistance la Reine Élisabeth… Mais à côté de ces figures forcément majeures et monopolistiques se ramifie tout un embranchement généalogique qui s’avère passionnant à explorer, où s’entrecroisent la grande et la petite histoire. Ainsi du couple atypique formé par la princesse belge Charlotte de Saxe-Cobourg-Gotha et l’archiduc autrichien Maximilien de Habsbourg. Si ces deux-là suscitèrent une littérature pléthorique – explicable par la fascination que leur trajectoire exerce ainsi que par l’intérêt des psychanalystes envers la composante de folie qui la caractérise – ils ont désormais trouvé en l’universitaire André Bénit leur meilleur raconteur .Il fallait en effet, pour traiter de leurs destinées commune et individuelles, un spécialiste des rapports entre histoire et fiction. Rien de surprenant dès lors à trouver, en exergue du volumineux ouvrage qu’il consacre à ce duo que l’on se plut à surnommer «  les archidupes  », pas moins de trois citations de Pierre Mertens, toutes extraites du roman Une paix royale , dont celle-ci : «  Il appartient aux grandes nations d’écrire l’Histoire. Il revient aux petites de conter, çà et là, quelques fables dont la morale est secrète, autant que si elle s’était cachée longtemps derrière une porte  ».Porté par une telle conviction, André Bénit déploie en alternance, dans chaque chapitre, la narration historique des faits et gestes, via les témoignages de contemporains, qu’il fait ensuite entrer en résonance avec leur écho fictionnel, pour aboutir à un moment de « réflexion » plus personnelle et métadiscursive, qui propose la synthèse des deux dimensions précédentes au libre examen du lecteur. Remarquable application d’une pensée dialectique, qui épouse et résout les complexités inhérentes à l’intelligence d’un propos éminemment complexe à débrouiller.Les écrivain(e)s Horace Van Offel, Robert Goffin, Marthe Bibesco, Juliette Benzoni ou Patrick Roegiers, les dramaturges Maurice Rostand ou Michèle Fabien, la poétesse Liliane Wouters, la Comtesse Hélène de Reinach Foussemagne, les historien(ne)s Alain Decaux, Michel de Grèce, Patrick Weber, Laurence Van Ypersele ou Dominique Paoli… Il suffit de consulter la bibliographie de l’ouvrage pour se rendre à l’évidence : ils et elles furent légion à s’emparer de la dramaturgie passionnelle qu’incarnèrent les mythiques «  Max et Charlotte  » et à tenter d’apporter leur éclairage sur les inépuisables questions qu’énumère Bénit en introduction : Qui était le père biologique de Maximilien ? Le mariage de Maximilien et de Charlotte fut-il d’amour ou d’intérêt ? Les époux eurent-ils une descendance ? Leur mariage fut-il seulement consommé ? Maximilien était-il homosexuel ou avait-il contracté une maladie vénérienne au Brésil ? Charlotte était-elle stérile ou trop étroite ? Eurent-ils, l’un et l’autre, des aventures extraconjugales ? Charlotte fut-elle empoisonnée au Mexique ? Que se passa-t-il réellement lors de ses entrevues avec Napoléon III en août 1866 et avec le Pape Pie IX le mois suivant ? De quand datent ses premiers troubles mentaux et quels en seraient les stimuli ? Quel fut le traitement qui lui fut infligé par la Cour de Vienne au cours de son séjour à Miramar, d’octobre 1866 à juillet 1867 ? Quels motifs, affectifs et/ou financiers, poussèrent son frère, le roi Léopold II, à la rapatrier en Belgique après l’exécution de son mari ? Maximilien fut-il victime d’une trahison à Queretaro ou organisa-t-il lui-même sa reddition ? Son comportement fut-il lâche ou chevaleresque après son arrestation par les hommes de Benito Juarez ? Charlotte était-elle vraiment folle ou feignait-elle la démence ?… André Bénit a conscience d’évoluer en permanence sur une très délicate ligne de crête, celle qui sépare la rigueur de la suggestivité, la vérité historique de la fiction romanesque – voire du mensonge. Son impeccable méthodologie critique nous convainc au final que les racontars, les médisances, le pathos surajouté, les interprétations les plus fumeuses, font partie intégrante de la réalité vécue par les personnages, et sont à la fois germe et fruit de chacun de leur acte, de chacune de leur parole. Un autre écrivain est convoqué pour étayer cet alliage irréfragable du réel et de l’imaginaire, et c’est Laurent Binet, qui constatait dans HHhH  que : «  pour que quoi que ce soit pénètre dans la mémoire, il faut d’abord le transformer en littérature. C’est moche mais c’est comme ça  ».Outre par son sujet, qui réexplore une facette troublante de notre passé national, le travail d’André…

Entre subversion et institutionnalisation : l’agir de Sophia pour intégrer les savoirs féministes dans les universités belges

Si on se place au point de vue de l’espérance et de la volonté du féminisme comme mouvement politique au sens le plus large du terme, il ne peut y avoir de transformation des rapports sociaux sans une transformation du champ symbolique. Françoise Collin, Je partirais d’un mot. Le champ symbolique, 1999, p. 18 * Paraphrasant Olympes de Gouges , l’historienne américaine Joan Scott écrivait dans son ouvrage sur le féminisme et les droits de l’homme que les féministes n’ont que des paradoxes à offrir (Scott, 1998). Elle y soutenait la thèse que les contradictions propres au féminisme comme celle de vouloir l’égalité en se revendiquant à la fois de l’universalité et de la particularité ne faisaient que refléter celles des discours des Lumières et de la Révolution française qui, d’une part dissolvent la différence des sexes dans l’universalité des droits de l’homme, mais d’autre part la reconnaissent, la renforcent même en invoquant la nature des femmes pour justifier leur exclusion du domaine public. Les paradoxes n’ont pas fini de travailler le mouvement des femmes dont l’essence me semble être, après plusieurs décennies d’engagement en son sein, non pas de résoudre les contradictions mais de s’y engouffrer et de sans cesse les exploiter pour faire avancer la cause des femmes. La création de Sophia n’échappe pas à cette règle puisque les féministes qui fondèrent l’association à la fin des années 1980, voulaient dans un même élan subvertir les institutions académiques et leur mode de production des connaissances aussi bien que légitimer les savoirs féministes dans ces mêmes institutions. Soit tout à la fois la marge et le mainstream, la subversion et l’institutionnalisation. Sophia naît après le premier colloque européen consacré aux Women’s studies XX organisé en 1989 par les Cahiers du Grif XX sous l’égide de la Commission des Communautés européennes. Ce colloque qui faisait le point sur l’état des études-femmes XX en Europe, avait révélé la pauvreté des enseignements et recherches dans ce domaine en Belgique par comparaison avec les autres pays européens. À l’initiative du Grif, quelques militantes francophones et flamandes, enseignantes pour la plupart et excédées de ce retard, décidèrent d’agir pour assurer la transmission des savoirs féministes dans nos universités. Si ces pionnières pouvaient diverger par leurs ancrages institutionnels, leurs convictions politiques ou même leur engagement féministe, elles poursuivaient un objectif commun : la reconnaissance et la promotion des études féministes et sur les femmes. Au-delà des différences et des différends, toutes étaient convaincues de la nécessité d’inscrire le questionnement féministe dans la profondeur des consciences pour qu’un réel changement ait lieu. Si, de sa création à aujourd’hui, Sophia est restée fidèle à son objectif principal d’élaboration et de transmission du corpus féministe à travers les cursus universitaires, son statut, par contre, comme les moyens et les stratégies pour l’atteindre ont considérablement évolué. Entre autonomie et intégration, entre dissidence et collaboration, Sophia refusera de choisir, poursuivant sa critique des savoirs androcentrés en même temps que son combat pour l’institutionnalisation des études féministes : il lui faudra à chaque fois décider et juger de la stratégie à suivre en fonction de la conjoncture mais sans jamais perdre de vue ce qui constitue sa raison d’être : agir dans et sur l’ordre symbolique pour transformer en profondeur les rapports inégaux entre les femmes et les hommes. LES ÉTUDES-FEMMES ANNÉES 1990 Au moment de la naissance de Sophia, des chercheuses de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université libre de Bruxelles (ULB) créent le premier groupe d’études-femmes dans la partie francophone du pays XX alors que les universités flamandes comptent déjà deux centres de recherches interdisciplinaires en « vrouwenstudies », l’un à l’Université de Bruxelles (VUB) et l’autre à l’Université d’Anvers (UIA). Celle-ci offre également un cours postuniversitaire intitulé « Voortgezette Academische Opleiding (VAO) Vrouwenstudies ». L’écart flagrant entre les deux communautés s’explique en grande partie par les contextes politique et idéologique radicalement différents dans lesquels surgit la vague féministe des années 1970 ainsi que par l’évolution, spécifique à chaque communauté, du mouvement des femmes et des rapports qu’il entretient avec les institutions (Plateau, 2001). Du côté flamand, le parti majoritaire, le CVP (Christelijke Volkspartij), possède une structure permettant à des groupes d’intérêt d’exprimer leurs revendications, ce qui ouvrait une niche pour le féminisme. Ainsi naît le groupe Vrouw en Maatschappij fondé par Miet Smet, où se retrouvent des personnalités qui plus tard défendront les intérêts des femmes et soutiendront les recherches et enseignements féministes. Quant au mouvement des femmes, il rassemble, dès 1972, en un large réseau, des féministes issues aussi bien de groupes traditionnels au sein des partis politiques et des syndicats que de groupes alternatifs féministes. C’est le Vrouwenoverlegcomité (VOK) qui continue d’organiser chaque année la journée des femmes. Féministes académiques, politiques et autonomes se côtoient donc et travaillent ensemble pour des projets ou objectifs communs. Enfin, de 1985 à 1999, le soutien politique de Miet Smet, d’abord secrétaire d’État puis ministre fédérale de l’Égalité, va permettre le développement de la recherche féministe et ainsi déclencher le processus d’institutionnalisation des « vrouwenstudies » en Flandre. Ce sont en effet, les financements octroyés à la recherche orientée vers la décision politique (les études commanditées par la ministre pour développer ses politiques d’égalité) qui ont permis aux centres d’études féministes flamands d’assurer leur fonctionnement en l’absence de soutien des autorités académiques. Rien de pareil en Communauté française où prédomine le parti socialiste pour lequel l’égalité des sexes ne constitue qu’un aspect particulier d’une question bien plus vaste, celle de l’égalité sociale. De là la difficulté des commissions femmes des partis et des syndicats, encore perceptible à l’heure actuelle, à penser l’égalité en termes de rapports sociaux de sexe s’articulant aux autres rapports de domination (classe, origine ethnique etc.). En réalité, la plupart des femmes occupant des postes de responsabilité à cette époque au sein du Parti socialiste ou de la FGTB (Fédération générale du Travail de Belgique), étaient pétries d’universalisme et n’accordaient aucune priorité aux questions des femmes, persuadées – comme la syndicaliste Irène Pétry l’exprima un jour – que les femmes sont des hommes en politique. De leur côté, les femmes appartenant aux nouveaux groupes féministes héritiers de la pensée libertaire de 1968 affichaient une défiance ouverte à l’égard de toute institution. Cette incompatibilité entre femmes dans et hors institutions a empêché la création comme en Flandre d’un réseau d’influence capable de soutenir les études féministes à l’intérieur même des universités. C’est par conséquent, hors institutions, dans le mouvement des femmes, qu’émerge la réflexion féministe, au début des années 1970, avec les Cahiers du Grif, une « réflexion théorico-pratique qui se construit dans l’action et la déconstruction » (D’Hooghe, 2011, p. 23). La première série des Cahiers (1973-1979) est le fruit du travail collectif et militant de femmes qui réfléchissent ensemble à des questions peu légitimées par l’édition ou la recherche de l’époque (les discriminations que subissent les femmes dans le travail professionnel et ménager, la reproduction, la sexualité, la création…