Relation

RÉSUMÉ

Je n’ai longtemps décelé dans le présent que ce qui avait la saveur et la couleur du passé. Comme si j’étais équipé de lunettes infrarouges seulement à même de détecter les formes chauffées par le passé. Telle lumière est comme celle d’il y a six mois, tel plat goûte comme quand tu étais là.
Mais c’est quoi pour une vie ? Une « dévie » plutôt. Plombé par le poids de notre amour, j’ai dévécu quand toi tu vivais pleinement.

Un couple se défait dans la nuit madrilène. Resté seul, le narrateur se remémore les instants partagés, récolte les cendres de ce qui a été, tente de donner corps à des souvenirs endoloris. Des fragments de la relation achevée viennent s’échouer dans le quotidien de celui qui reste, comme des emballages vides transportés par le vent. À l’instar du périple bien réel de Francisco de Orellana sur l’Amazone, les contours du deuil se révèlent toujours insaisissables, sans début ni fin, sans ligne de démarcation claire. La relation revêt alors un nouveau sens, celui d’un récit visant à restituer l’expérience sans tricher, sans masquer ses côtés les plus glauques, mais sans rien effacer de la tendresse qui demeure malgré tout. On retrouve dans Relation le style alerte d’Alexis Alvarez, l’ironie de ses métaphores et sa saisie ultra contemporaine du monde. Car l’amour dont il est question ici est un nouvel amour, l’amour au temps de la vitesse, au temps de la consommation et de l’oubli, un amour comme un aboutissement vertigineux de la solitude, à une époque où tout s’achète et tout se vend. « Nous, justement, on n’a rien créé. C’est dommage que notre relation n’ait pas accouché de quelque chose de tangible. Un calendrier de l’avent, un bricolage branlant, un jardin japonais en pot. N’importe quoi, mais un sanctuaire où je pourrais nous prier. »

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Alexis Alvarez

Auteur de Relation

Écrivain, traducteur, journaliste et musicien, Alexis Alvarez participe aussi à divers projets musicaux, dont Puce. Après deux livres de poésie, son premier roman, Relation, est paru en mars 2023 aux Éditions de l’Arbre à paroles, dans la collection If.
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Le Carnet et les Instants

Quasi-corollaire de tout début vu que « pour absolument tout dans la vie, marcher, respirer, boire du vin ou se faire pipi dessus, il y [a] une première et une dernière fois », elle peut enliser, empoisser, embourber, comme oxygéner, alléger, stimuler. Elle rebat en tout cas immanquablement les cartes, qui façonneront d’autres châteaux à l’architecture espagnole ou végéteront en tas informe sur une table crasseuse. La fin d’une relation, et plus particulièrement d’une relation amoureuse, c’est notre lot à (presque) tous, un jour ou l’autre. Si l’expérience s’envisage comme banalement commune avec une distance poético-cynique, moins fréquents sont ceux qui la ressentent comme telle à l’instant T et à tous les autres qui suivront et s’accumuleront…


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Après une rupture de dix-huit mois, Iris et Octave partent célébrer leurs retrouvailles dans la maison de campagne de Mamimosa, la grand-mère de l’héroïne. Animés par leur désir de fusion et d’intensité, ils s’isolent pour mieux se ressentir, unir leur corps et se gorger de leur passion réciproque.Ayant tous deux plus ou moins 25 ans, ils se sont rencontrés lors de leurs études à l’université. D’un côté, Iris est une belle jeune femme rousse, intense et flamboyante, un brin dépendante des hommes ; de l’autre, Octave est un héros baudelairien sensible, idéaliste et terrifié par l’ennui. Tous deux épris de lecture et de poésie, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Exaltés par leur soif d’absolu, ils vivent leur amour comme un royaume à conquérir, possédés par leur passion dévorante qui chasse leur ombre, méprisant les besoins pragmatiques du corps, l’essentiel pour eux étant de vivre l’amour comme une expérience esthétique. Lui avait érigé l’amour fidèle et l’abandon de soi au profit de l’autre en valeurs cardinales de l’amour absolu – un amour pur et propre qui relevait presque de la dévotion, et faisait de lui une sorte de Vierge perpétuelle et sacrificielle. L’ambivalence de la condition d’Iris résidait dans le fait que c’était aussi pour cela qu’elle l’aimait. Si elle avait tendance à considérer la multiplicité de ses propres expériences érotiques comme un mal nécessaire, elle espérait les sublimer, par son talent, en bagage d’expériences esthétiques – pourtant logeait en elle, comme un pou furieux et réfractaire, une part de culpabilité et d’admiration pour l’absence de concessions d’Octave lorsqu’il s’agissait de l’aimer. Iris aimait follement – et pourtant ne pouvait s’empêcher de rêvasser d’un ailleurs, où qu’elle fût. Mais dans cette plénitude romantique, où les frontières entre l’un et l’autre s’estompent, où il n’est possible de vivre qu’à travers l’autre, la destructivité les guette. Non loin de là, la haine tapie les suit à la trace… Ses lamentations s’amplifièrent et Octave la regarda, désarmé. Tout son corps de perle était agité de lourds sanglots qui faisaient hoqueter son dos pareil à une coquille d’huître. Il était un peu en colère, bien sûr : elle n’avait pas le droit de lui faire des reproches. Mais Iris semblait tellement persécutée par son chagrin qu’il la prit en pitié et se précipita pour l’embrasser. Au début, elle refusa un peu, balbutiant entre deux sanglots : « Je suis horrible, horrible, va-t’en, je ne te mérite pas, je t’aime, il faut que tu t’en ailles, va-t’en, je suis la pire, je suis horrible, horrible. » Mais, bien vite, ils s’embrassèrent à pleine bouche, à moitié tombés au sol à cause de la précipitation de leur passion. Les pleurs d’Iris se firent plus bas, puis finirent par s’arrêter. « J’ai encore fait un caprice », pensa-t-elle quelque part loin au fond d’elle, tandis qu’elle retenait Octave de les relever. Dans ce premier roman, Alice Hendschel nous donne à lire un presque huis clos dans un style axé sur le détail des émotions à travers le prisme sensoriel. L’intérêt du récit ne réside pas tant dans l’action que dans le portrait des amants et les scènes passées et présentes qui permettent de palper la complexité de leur relation. Lorsque le terreau de l’amour est constitué de passion et de jalousie sans concession, ce dernier se fait tyrannique. Nos jeunes amants s’aiment tellement qu’ils s’aiment mal et se blessent inévitablement. Iris et Octave nous emmène dans les tourments d’un amour fou, où l’anxiété se fait crescendo , où le passé ressurgit inéluctablement, offrant ainsi aux amants deux voies : la destruction ou une possibilité d’individuation. Les amants réussiront-ils à poursuivre leur relation malgré les déchirures passées ? Séverine Radoux Plus d’information Après une longue rupture, Iris et Octave décident d’accorder une dernière chance à leur amour. Et c’est dans un petit village des Ardennes belges qu’ils trouvent refuge, le temps de sceller leurs promesses réciproques. Pour combien de temps ? Ils l’ignorent eux-mêmes. Ainsi, perdus entre champs et forêts et entre Meuse et falaises, Iris et Octave se promènent, font les courses, cherchent l’inspiration, ratent le bus, discutent, boivent de déraison, lisent, font l’amour et pleurent abondamment. Mais toute escapade, si champêtre qu’elle soit, n’empêche pas le monde extérieur d’exister.…