Relation


RÉSUMÉ

Je n’ai longtemps décelé dans le présent que ce qui avait la saveur et la couleur du passé. Comme si j’étais équipé de lunettes infrarouges seulement à même de détecter les formes chauffées par le passé. Telle lumière est comme celle d’il y a six mois, tel plat goûte comme quand tu étais là.
Mais c’est quoi pour une vie ? Une « dévie » plutôt. Plombé par le poids de notre amour, j’ai dévécu quand toi tu vivais pleinement.

Un couple se défait dans la nuit madrilène. Resté seul, le narrateur se remémore les instants partagés, récolte les cendres de ce qui a été, tente de donner corps à des souvenirs endoloris. Des fragments de la relation achevée viennent s’échouer dans le quotidien de celui qui reste, comme des emballages vides transportés par le vent. À l’instar du périple bien réel de Francisco de Orellana sur l’Amazone, les contours du deuil se révèlent toujours insaisissables, sans début ni fin, sans ligne de démarcation claire. La relation revêt alors un nouveau sens, celui d’un récit visant à restituer l’expérience sans tricher, sans masquer ses côtés les plus glauques, mais sans rien effacer de la tendresse qui demeure malgré tout. On retrouve dans Relation le style alerte d’Alexis Alvarez, l’ironie de ses métaphores et sa saisie ultra contemporaine du monde. Car l’amour dont il est question ici est un nouvel amour, l’amour au temps de la vitesse, au temps de la consommation et de l’oubli, un amour comme un aboutissement vertigineux de la solitude, à une époque où tout s’achète et tout se vend. « Nous, justement, on n’a rien créé. C’est dommage que notre relation n’ait pas accouché de quelque chose de tangible. Un calendrier de l’avent, un bricolage branlant, un jardin japonais en pot. N’importe quoi, mais un sanctuaire où je pourrais nous prier. »

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Le Carnet et les Instants

Quasi-corollaire de tout début vu que « pour absolument tout dans la vie, marcher, respirer, boire du vin ou se faire pipi dessus, il y [a] une première et une dernière fois », elle peut enliser, empoisser, embourber, comme oxygéner, alléger, stimuler. Elle rebat en tout cas immanquablement les cartes, qui façonneront d’autres châteaux à l’architecture espagnole ou végéteront en tas informe sur une table crasseuse. La fin d’une relation, et plus particulièrement d’une relation amoureuse, c’est notre lot à (presque) tous, un jour ou l’autre. Si l’expérience s’envisage comme banalement commune avec une distance poético-cynique, moins fréquents sont ceux qui la ressentent comme telle à l’instant T et à tous les autres qui suivront et s’accumuleront…


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En 2001, de retour d’une visite chez sa mère, c’est décidé, Gilles veut savoir. Cet ingénieur du son quadragénaire, «  un valide en chaise roulante  » est bien résolu, après une nouvelle querelle avec sa mère, à découvrir le fin mot de l’histoire, de son histoire. Il s’adonne à un travail de fouille, il investigue, sonde les recoins de sa mémoire, interroge les actants de son histoire afin de savoir pourquoi. Pourquoi a-t-il été placé aux Écureuils ?  «  […] j’étais décidé d’aller jusqu’au bout. Jusqu’aux entrailles des Archives générales du Royaume où j’espérais, en désespoir de cause, dénicher la clé de l’énigme  ». L’on suit alors cette construction du récit de soi à partir de cette « case départ » : «  Depuis toujours, j’habitais aux Écureuils, un endroit plein d’enfants et de religieuses, au milieu d’un grand parc. Nous l’appelions l’Institut, c’était mon chez-moi  ». Mais pourquoi, toujours, les souvenirs de ces moments remontent-ils à la surface ? «  Les souvenirs, ce ne sont pas comme les chemises qui s’usent plus elles sont portées. Ils reprennent des couleurs en se frottant au temps qui passe. Ils rajeunissent avec les années.  » Lecteur, je te dois un mot d’explication : tel un détective, j’effectue des recherches sur mon passé, plus précisément sur ma prime enfance. Tellement de cachotteries, de sous-entendus, de sourires gênés que cela en est devenu insoutenable. Je souffre de ne pas savoir ce qui s’est réellement passé. Personne ne m’a jamais donné la raison de mon placement en institution spécialisée alors que je n’avais même pas deux ans et que j’habitais chez mes parents. Et quant à mon état, des jambes sans grande force, je n’ai eu droit qu’à un festival d’argumentations pimentées de jargon médical, pour être sûr que je n’y comprenne rien. Par un enchevêtrement du passé et du présent, des anecdotes que la mémoire concède au personnage-narrateur mais également par l’entremise d’une boite métallique contenant des photos que la directrice actuelle de l’institut, jadis stagiaire, lui confie, ou encore grâce à son dossier médical, aux propos de sa tante Emma, aux élucidations de son ancienne assistante sociale, Agnès, et aux autres figures-clés de ce récit de vie, ou via le dossier protectionnel 1959 n° S 407356, cette recherche construit du sens tant pour Gilles que pour le lecteur.Des canaux d’informations divers documentent l’intrigue et l’ancrent dans le propos d’un personnage-narrateur ; le lecteur perçoit l’histoire par son prisme, sa conscience, ses souvenirs. La voix narrative s’historialise, remet en perspective son rapport à sa genèse et au monde. Toutefois, des ruptures de focalisation créent une discontinuité et perturbent la tension du récit, sans crier gare : de brefs segments sont portés par la voix de la mère, Gerda Covens, créant une différenciation intrinsèque, une scansion temporelle, des segments d’histoire parsemés mais criants pour la résolution de cette enquête.Un cadre temporel oscillant entre 1957 et 2021 en relation avec des configurations spatiales enchâssées qui donnent à voir le personnage principal tantôt dans ses excursions enfantines à la cascade de Coo, aux grottes de Han et à la mer du Nord, tantôt attablé à la terrasse du Roy d’Espagne,  ou dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Bruxelles, ou « Chez Rose », le salon de coiffure de Gerda à Berchem-St-Agathe, ou dans la caverne d’Ali Baba de Tante Emma au Chant d’oiseaux, ou encore au Café de l’Union, au Théâtre de Paris pour la reprise de Starmania ou à Milan pour un ultime déchirement. Philippe Marchandise nous livre un voyage d’investigation qui raconte une quête de soi, une conquête en tant que sujet. L’éléphant qui avait du pollen sur les pattes arrière , un récit d’émancipation, la découverte des coulisses d’une existence et l’intime lien entre un fils et sa mère. Sarah Bearelle Plus d’information Gilles part sur les traces de son passé pour comprendre les raisons qui ont poussé sa mère à le placer alors qu’il…

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