Comme toujours à cette heure matinale, les abords de l’écluse de Landelies étaient déserts. Dans leur haute maison dont deux fenêtres laissaient passer une lumière jaunâtre, chaudement tamisée par des filets de brume, l’éclusier et sa famille terminaient probablement leur petit déjeuner, mais nul bruit ne filtrait au-dehors. Dès l’entame, un récit bien écrit et atmosphérique. Un suspense efficacement campé. Qui nous installe dans la foulée de Jean-Régis de Chassart, un magistrat, quand il s’ébroue le long d’un chemin de halage des bords de Sambre, se lance dans son jogging bihebdomadaire, croise un traquenard aux limites du fantastique, lutte contre la noyade et d’énigmatiques agresseurs : À cette pensée, il se révolta. Il mobilisa l’énergie…
Francis Groff, dès les premières pages de son deuxième roman, confirme un art certain pour les entrées en matière, il signe les meilleures de la collection « Noir Corbeau ». Un détail ? Du tout. Le policier ou le thriller ont leurs codes et leurs lecteurs, qui ne sont pas ceux de Proust ou Modiano : les rapports au temps, à la sensation, à l’information sont différents, intensifiés, accélérés.Un prologue très réussi, donc. Qui m’a rappelé mes lectures de Pierre Véry, ou leurs adaptations cinématographiques. Ah, Les Disparus de Saint-Agil ! Et ces aventures dans un pensionnat à l’atmosphère glauque, où il était question de disparitions, de meurtre…Vade Retro, Félicien ! débute à l’athénée namurois François-Bovesse, dans une…
Avec six romans à l’enseigne du « Noir corbeau », la collection éponyme des éditions Weyrich prend son envol dans le paysage de la littérature policière. La Belgique francophone s’est déjà illustrée – et de quelle façon ! – dans la production de romans noirs. S’il fallait nous en convaincre, ou simplement nous en informer, la Petite histoire du roman policier belge, un ouvrage de passion érudite signé Christian Libens, qui dirige la collection dont il est à l’origine, évoquera la lignée dont Francis Groff est issu. On y retrouve les noms des deux patriarches, Simenon et Stanislas-André Steeman, suivis des Nadine Monfils, Pascale Fonteneau, Barbara Abel, Baronian, Colize et autres Delperdange. Du côté flamand, les rayons des bibliothèques…
Quatrième participation à la collection de polars « Noir Corbeau », c’est sur Waterloo, après plusieurs autres sites de chez nous, que Francis Groff, journaliste, scénariste et romancier, a pointé sa plume dans Waterloo, mortelle plaine. On y retrouve Stanislas Barberian, bouquiniste belge installé à Paris, mais fiancé à Martine, une consœur bruxelloise, complice des enquêtes policières que le jeune homme mène à titre officieux pour rendre service à ceux qui font appel à sa perspicacité.Waterloo… On se dit qu’il y aura nécessairement un rapport avec l’Histoire et avec « la pelle » du 18 juin 1815 encaissée par Bonaparte en fin de parcours. Bien vu… Même si le crime est lui de toute fraîcheur et concerne un « restituteur »…
Voici donc le cinquième opus que Francis Groff consacre aux enquêtes de Stanislas Barberian dans la collection « Noir corbeau ». Les éditions Weyrich avaient imaginé cette collection en 2019 et donné consigne à leurs auteurs (outre Groff, ils sont cinq jusqu’à présent : Christian Libens, le tandem Dupuis-Dumont, Christian Joosten et Ziska Larouge) de proposer aux lecteurs des romans policiers ayant pour décor la Belgique. La collection est placée sous l’expertise technique d’un commissaire divisionnaire en retraite, François Périlleux, ancien chef de la Crim’ à Liège…Dès le premier volume signé Groff, Morts sur la Sambre, le lecteur assistait à la naissance d’un personnage appelé à devenir, si son auteur en avait le souffle, récurrent comme les Holmes…
En 2019, nous découvrions avec plaisir Morts sur la Sambre et Vade retro, Félicien !, où Francis Groff participait au premier élan d’une collection initiée par l’éditeur Olivier Weyrich et l’auteur Christian Libens. Ce dernier se fendait, en parallèle d’Une petite histoire du roman policier belge de langue française. « Noir corbeau », « une belge collection de polars, d’enquêtes noires, d’histoires criminelles, de thrillers, bref, de romans policiers d’aujourd’hui », répondait à un plan de vol solide et particulièrement bienvenu en ces temps où l’identité de notre communauté (FWB) pose question.Quatre années plus tard, Francis Groff s’est érigé en tête de gondole de la collection, creusant un sillon avec ténacité et talent. La piste congolaise…