Philippe Herbet est photographe. Il aime photographier les gens qui lui racontent leurs histoires de vie lors de ses voyages, notamment en Russie, où il vit une partie de l’année, et en Orient. Il a fui une enfance terne et difficile, à l’image de celles magnifiées dans l’oeuvre des frères Dardenne.
Mais combien faut-il avoir traversé de pays pour pouvoir un jour se retourner sur sa propre enfance ? Et découvrir ainsi dans le modeste et l’ordinaire, dans le silence d’une enfance parfois malheureuse, le sentiment de la joie.
Auteur de Fils de prolétaire
Si la photographie a le don de reproduire à l’infini ce qui n’a lieu qu’une fois (Barthes), l’écriture a celui, tout aussi bouleversant, de mettre en mouvement des instantanés. C’est ce que le récit autobiographique de Philippe Herbet, photographe mais aussi – s’il était encore besoin de s’en assurer[1] – écrivain, expose avec clarté. Publié aux éditions Arléa dans la collection « La rencontre », Fils de prolétaire travaille le passage du temps en parcourant de petits tableaux d’un quotidien passé, délicats morceaux de souvenirs effrités dans la soupe du temps, toujours racontés au présent – pour pallier, peut-être, à cette sentence lapidaire et presque désintéressée : “Je n’ai pas de photos d’enfance.”