Francis Dannemark   1955 - 2021

PRÉSENTATION
Francis Dannemark est né le 13 avril 1955 à Macquenoise, sur la frontière franco-belge.Pour Francis Dannemark, 1977 est une année importante. D'abord parce qu'il termine brillamment ses études universitaires, après avoir consacré son travail de fin d'études au poète Daniel Boulanger (peut-être mieux connu comme scénariste), et plus particulièrement à son recueil Tchadiennes. Il devient alors professeur dans l'enseignement secondaire. Simultanément, il publie chez Seghers son premier recueil, Heures locales, qui connaît bientôt un vif succès d'estime. Enfin, début décembre, il se marie. A l'été 1978, il lance avec sa femme La Vigie des Minuits polaires, 2ème série, qui comptera 8 numéros, jusqu'en 1980. La poésie et la prose se mêlent ici aux illustrations (dessins, photos...), le tout agencé avec un soin et un sens du détail hors du commun.Dans sa revue et ses recueils, Dannemark témoigne d'un intérêt particulier pour le cinéma, le jazz, les poètes et les chanteurs de la beat-generation, pour la littérature anglo-saxonne en général, sans oublier la photographie, qui accompagne plusieurs de ses textes. Il aime aussi composer de minuscules plaquettes, qu'il édite lui-même à tirage réduit, et envoie à ses amis au nouvel an : Clous de girafe, Lolita Express, Garden-party, et d'autres encore. A part la musique, qui est pour lui une passion quotidiennement renouvelée, il affectionne les ballades en voiture (avec une provision de cassettes sonores), les films de Woody Allen, les livres de Virginia Woolf ou de Richard Brautigan. L'enseignement, par contre, ne lui plaît pas, et il se décide à l'abandonner sans espoir de retour.Nouvelle année-charnière, 1981. Chez Laffont paraît son premier roman, Le voyage à plus d'un titre : histoire déconcertante d'un homme qui mène une randonnée de plusieurs semaines en voiture, sans jamais quitter le domaine à la fois étroit et illimité des autoroutes, et surtout sans motif rationnel précis... De nombreux lecteurs et journalistes apprécient dans ce récit son côté légèrement irréel, nostalgique, son écriture fine et musicale. Mais Dannemark n'abandonne pas la poésie, ou plutôt les «textes courts» (qui rappellent un peu les «petits poèmes en prose» de Baudelaire) : vers la même époque, il publie Périmètres dans le sud de la France. Et surtout, à la fin de l'année, lui arrive un fils, Thomas.Les années 80 sont pour Francis Dannemark à la fois productives et un peu chaotiques. Il y a d'une part les livres qui se succèdent, dont Les eaux territoriales - à coup sûr l'un de ses meilleurs recueils poétiques - et Mémoires d'un ange maladroit, un roman dont l'atmosphère typiquement dannemarkienne est toute d'incertitude. Il y a d'autre part un parcours professionnel un peu hésitant, comme si ses personnages avaient déteint sur l'auteur lui même : édition de bande dessinée, correction d'épreuves, garde de nuit, et même cabinet d'un ministre... Sa femme et lui décident de se séparer, les changements d'adresses se multiplient (sans quitter la commune d'Anderlecht), mais il reste obstinément fidèle à ses amis, à ses passions, à sa peu conformiste conception de l'existence, à son goût pour la vie «immédiate».Aujourd'hui, cinq romans et une vingtaine de recueils ont paru sous la signature de Francis Dannemark. Choses qu'on dit la nuit entre deux villes a touché un public plus large encore que précédemment, les rencontres et les échos médiatiques se sont additionnés, traducteurs et metteurs en scène s'intéressent à cette oeuvre qui traduit avec une telle justesse la sensibilité d'une génération peu attirée par les grandes idées ou les engagements irréversibles. L'oeuvre de Dannemark apparaît de plus en plus comme symptomatique d'une attitude de vie qui, sans nier la gravité des choses, refuse de se laisser emprisonner par elle.

BIBLIOGRAPHIE


PRIX


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Aucune rumeur qui vienne de la ville ne troublerait les jours paisibles qu’on peut vivre en Bourgogne, dans un petit village aux bords de l’Yonne, cette rivière qui va grossir la Seine pourtant. Un village peu peuplé, dont les habitants sont sympathiques et accueillants. Rien ne devrait donc entraver le court séjour que vont y faire Martin et sa sœur Martha. Un peu par devoir, il s’agit de prendre soin d’une personne chère, cette Martha qui a un peu perdu la mémoire depuis son accident ; un peu par hasard aussi, la perspective de retrouver peut-être les traces écrites d’un père disparu et qui sait ? un secret de sa vie passée. C’est la douce impression qu’on peut avoir en lisant les premières pages du roman de Francis Dannemark, Martha ou la plus grande joie. Entrée…


Le Carnet et les Instants

« Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ?Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur…


Le Carnet et les Instants

fusionnelle entre Véronique Biefnot et Francis Dannemark. Et c’est ensemble qu’ils publient deux livres que chacun d’eux a marqués de son empreinte, à l’enseigne de l’auteur bicéphale Biefnot-Dannemark. La route des coquelicots est un roman où l’on reconnaît bien la patte de velours du nouveau Francis Dannemark, plus proche aujourd’hui des beaux et bons sentiments que des errances poétiques du cheval ombrageux de naguère. Véronique Biefnot partage ce pas de deux qui engage ensuite le couple dans la chorégraphie d’un échange passionné avec Au tour de l’amour, long poème lyrique et sensuel, illustré, lui aussi, d’encres et lavis de la romancière, comédienne et   artiste.

La poésie ne fait pas pour autant défaut à La route des coquelicots alors…


Le Carnet et les Instants

Dès le titre,  le dernier roman en date de Francis Dannemark joue de la polysémie : « misère » s’inscrit dans le domaine de la botanique et non de l’état de pauvreté. Nom familier du Tradescantia zebrina, cette plante vivace, si elle n’est pas contenue, (…) peut devenir envahissante.Dannemark est poète avant tout. Dès les premières lignes de La misère se porte bien, l’évocation d’un ciel d’avril qui « hésitait », nous immerge dans celui-ci, nous en enveloppe, nous hypnotise de ces « diverses combinaisons de bleu lumineux, d’ardoise, de blanc mousseux, de gris profond (…) jusqu’à ce qu’en quelques secondes, le ciel ne fut plus qu’une immense masse nuageuse attirée vers la terre pour y poser son ventre lourd ».Le poète écrit un roman, certes,…