Le doute, la mémoire, l’amour, le double, Venise, la musique, les Primitifs flamands, les visages, les miroirs, la Belgique… autant de portes d’entrée du voyage qui mena Dominique Rolin et Patricia Boyer de Latour à tisser un ensemble d’entretiens réunis sous le titre Plaisirs. Dès 1999, bien après Les marais, Le lit, La maison la forêt, Le corps, Les éclairs, à l’époque où paraissent des œuvres majeures comme La rénovation, Journal amoureux, débute une série d’échanges placés sous le signe de « la promenade dans un jardin » (Rolin), le jardin Rolin dont les fleurs s’appellent le doute, la passion, l’enfance, l’écriture comme « investissement total de l’être ».Une des lames de fond de l’univers existentiel et créateur de Dominique Rolin, sur…
Dans Lettre à Lise, dernier roman de Dominique Rolin paru en 2003, l’auteure mettait fermement en garde sa petite-fille, face à cette « piqure de mouche au poison mortel » qu’est le chagrin : « L’être humain est lié aux sangs douloureux des ancêtres, et nous leur devons la plus affreuse redevance qui soit. Ma chérie, n’en fais donc pas un plat, ce qui t’arrive est d’une exténuante banalité psychologique, par conséquent annulée d’office ».Tout Dominique Rolin est là, dans cette dualité qui fait écarter comme facilement négligeables des sentiments pourtant violents qu’elle a éprouvés durablement dès sa jeunesse, dans le noyau familial, et qu’elle n’a cessé de combattre par la suite quand elle les voyait à nouveau entrer en action au cours…
Avec ce deuxième volume des lettres de Dominique Rolin à Philippe Sollers, couvrant cette fois les années 1981 à 2008 – l’écrivaine disparaît quatre ans plus tard, le 15 mai 2012 – se clôture une aventure exceptionnelle et rare, à la fois amoureuse et littéraire, dont il y a peu d’équivalent dans l’histoire des lettres – et dans la vie, tout simplement. Exceptionnelle par sa fécondité d’écriture, certainement, tant les deux écrivains, depuis leur rencontre à l’automne 1958, ont conçu – outre leur œuvre personnelle, distincte mais par moments existant en miroir – une prouesse qui défie le temps, les habitudes et les conformismes.Lire aussi : notre recension de Lettres à Philippe Sollers 1958-1980Exceptionnelle encore, par l’aimantation réciproque…
Dans le sillage du premier volume Lettres à Dominique Rolin 1958-1980 de Philippe Sollers (un volume établi, présenté et annoté par Frans De Haes, paru chez Gallimard en 2017), sort le premier tome des Lettres de Dominique Rolin. Fait rare, voire unique dans le champ de la correspondance, les épistoliers étant tous deux écrivains, les lettres de l’un et de l’autre sont scindées et non croisées. Le choix éditorial est celui d’un dialogue qui se fait entre les tomes et non au sein d’un même espace textuel. Œuvre sidérante, tout entière portée par la passion absolue que nouèrent Philippe Sollers et Dominique Rolin jusqu’à la mort de celle-ci en 2012, cette constellation épistolaire offre une plongée souveraine dans un lien électif, un amour d’exception. Du coup…
Dominique Rolin. Nous avons en main son premier livre, Les marais. publié en 1942, aujourd’hui réédité, et son dernier : Deux femmes, un soir. 1992. De l’un à l’autre, c’est toujours la bourgeoisie qui apparaît au premier plan mais, comme en témoigne l’écriture d’une de ses plus fines représentantes, ses mœurs ont évolué. De Mauriac on est passé à Sollers, en une trentaine de romans. Les marais nous plongeait dans les douloureuses tentatives de Ludegarde et Alban pour s’émanciper de l’oppression paternelle, dans une atmosphère de torpeur morbide. Dans Deux femmes, un soir, les vicissitudes du milieu bourgeois perdurent, mais elles sont bien différentes. Les formes ont changé ; un vide pourtant subsiste. Le poids des conventions sociales a fait place…