Dans son recueil de nouvelles intitulé Le cœur en Lesse, Aurélien Dony nous promène dans Dinant et ses environs. « Fille de la Meuse », Dinant emporte dans ses flots les rêves et les souvenirs des hommes qui ont croisé son chemin.À Anseremme, sur le pont Saint-Jean, Léo enlace son frère disparu depuis plusieurs années. Sous ses pieds, la Lesse se jette également dans les bras de la Meuse qui, renforcée par ce courant ardennais, s’en va lécher l’île de Moniat où Justine et Mathieu savourent leur amour d’adolescents. Près du viaduc Charlemagne, elle rencontrera Camille, 26 ans, perchée au bord d’une balustrade qui fait face au vide d’une vie trop lisse. Elle passera ensuite sous l’ancien pont ferroviaire où Émile Landermont se perd dans les souvenirs…
Aurélien Dony fait partie d’une nouvelle génération de poètes née dans les dernières années du XXe siècle. Une génération accoutumée aux paradoxes d’une modernité qui se cherche entre désirs de silence et torrents de communication. Quelle place pour le poète dans ce chaos du monde ? Dans cette gabegie où « l’algèbre des morts » dicte le plus souvent la loi des hommes ? Reprendre pied, se réapproprier les colères, les rêves et les voix que le bouillonnement du temps broie sous un vacarme volontairement assourdissant. Comme pour mieux brouiller les pistes.Placé sous une dominante rouge comme une terre battue par les vents déglingués et les révoltes écrasées, le recueil dit tout, sans fard, du feu qui sourd sous les brindilles. De cette crainte, de cet avenir…
La première guerre mondiale fait rage depuis quatre ans. La fin approche doucement, mais personne ne le sait encore. Du côté de Liège, en Belgique occupée, vit la famille Loizeau. Amputée d’une partie de ses membres, cette famille de fermiers essaie tant bien que mal de tenir le cap. La ferme héberge encore trois générations sous son toit : le fils cadet, Julien, la mère et la grand-mère paternelle.
Le père a été déporté en Allemagne pour y travailler, tandis que le fils aîné, Emile, est mort au tout début du conflit, dans l’explosion du fort Loncin. La mère craint que le père ne revienne pas et pleure son enfant disparu. Elle trouve toujours quelque chose à redire à Julien dont une malformation au pied a empêché sa mobilisation. Ce dernier est frêle comme…