Jean-Luc Outers

PRÉSENTATION
Avec seulement cinq romans parus à ce jour, Jean-Luc Outers a pris rang parmi les écrivains qui comptent. Il fait partie de ces auteurs, assez nombreux aujourd'hui, qui ont contribué à faire de notre pays et de sa capitale des espaces où s'inscrit à l'aise la création littéraire, et même des objets privilégiés de cette création. Limitant son propos à des aires géographiques, sociales ou familiales qu'il connaît d'expérience, puisant d'abondance dans sa propre biographie pour nourrir ses inventions, il édifie une oeuvre à laquelle la récurrence des thèmes et l'incessant questionnement dont elle est chargée confèrent une unité évidente.Ses oeuvres se ressentent des courants de la création contemporaine, mais sa démarche ne résulte ni d'une volonté de rupture, ni d'une recherche du coup d'éclat. Elle s'inscrit dans une continuité, et témoigne d'une sensibilité aux mouvements de la pensée et aux évolutions de la création et de l'expression romanesques bien plus que d'un asservissement aux modes et aux théories.La gravité des problèmes abordés s'y teinte le plus souvent d'humour. Le sarcasme y est fréquent, mais il évite toute amertume. L'oeuvre tire une grande part de sa force du paradoxe qui souvent la constitue. Le dérisoire des entreprises y ouvre à des questions essentielles, l'anecdote souriante s'y inscrit dans une vision critique souvent acérée de la société contemporaine.Jean-Luc Outers se projette volontiers dans ses personnages et puise abondamment dans son vécu. Il évite cependant de tomber dans la complaisance. Même dans les moments les plus pathétiques, il s'impose une pudeur à laquelle contribue la sobriété d'un langage parfaitement maîtrisé.Inscrivant avec détermination ses écrits dans son temps, il n'en esquive ni les splendeurs ni les misères. Il y a du moraliste dans son oeuvre. Le 5 mars 1949, naissance de Jean-Luc Outers. Son père est Lucien Outers, surtout connu pour une carrière politique brillante (il fut député européen, bourgmestre, et plusieurs fois ministre) mais qui fut aussi écrivain, à la fois pamphlétaire, historien et romancier. Père très présent aussi dans l'oeuvre du romancier, et particulièrement dans le roman La place du mort, tout entier centré précisément sur la figure du père.Études de droit à Louvain.En 1973, Jean-Luc Outers enseigne à La Louvière, où il fonde une école pour psychotiques.Professeur dans l'enseignement supérieur artistique à Bruxelles.De 1974 à 1990, il est responsable du Service éducation permanente et audiovisuel de la Commission française de la culture et membre de la Commission de sélection des films.Fondateur d'ateliers de production de films documentaires et organisateur de manifestations cinématographiques.En 1987, les éditions Gallimard publient son premier roman, L'ordre du jour, qui se verra aussitôt «nominé» pour le Prix Rossel. En 1987, J.-L. Outers devient Conseiller littéraire, responsable du Service des Lettres et du Livre au Ministère de la Culture de la Communauté française, fonction qu'il exerce encore à présent. À ce titre, il est aussi éditeur de la revue Le carnet et les instants, un bimensuel consacré à la promotion et à la diffusion des lettres belges de langue française. En 1993, J.-L. Outers a obtenu le prix Rossel pour Corps de métier, paru à la Différence et, en 1995, le prix AT&T pour La place du mort (même éditeur).De 1994 à 1996, il a été chargé du cours de littérature belge à l'université de Paris X-Nanterre.Vit à Bruxelles. Marié et père de deux enfants.

BIBLIOGRAPHIE


PRIX


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

L’écriture et l’art en général ont au moins en commun avec la mort de comporter une part importante de mystère. Se fondant sur la connaissance intime qu’il en avait, complétée par les souvenirs des proches, Jean-Luc Outers a composé six tableaux relatant les derniers jours de six personnalités belges d’exception. Un défi singulier qu’il relève avec brio et finesse, s’inscrivant ainsi dans les traces de Mallarmé et de ses Tombeaux, comme le souligne JMG Le Clézio dans son avant-propos chaleureux.D’Henri Michaux, L’homme sans visage, il nous dit le souci constant d’effacement de sa personne, son refus du vedettariat, du voyeurisme. Lui qui esquivait les photos et les entretiens avec la presse s’éteint avec douceur dans l’anonymat d’un hôpital. Ni fleurs…


Le Carnet et les Instants

On a tous été confrontés aux vieilles photos de famille. Photographies polaroïd, sépia, argentiques qui ont cet avantage sur le numérique d’être imprimées donc aussi le pouvoir de remonter à la surface un jour ou l’autre, sans crier gare. Photos détentrices le plus souvent de secrets « flottant dans l’atmosphère » qu’ils soient d’alcôve, d’état ou de polichinelle. Gardiens de mémoires enfouies, ces clichés, retrouvés au fond de quelque tiroir, prennent la place de mots soufflés, écrits et perdus. Paroles qui s’envolent, images qui restent même si elles s’effacent parfois. Dans ce texte publié à La pierre d’alun sous forme de petit carnet à spirales (à feuilleter en écoutant William Sheller), les images de Simon répondent aux mots de Jean-Luc. Ou…


Le Carnet et les Instants

Premier roman de Jean-Luc Outers, paru en1987 aux éditions Gallimard, L’ordre du jour reparait dans la collection Espace Nord. Cette réédition est l’occasion de remettre sur les tables un récit dont le tranchant est loin d’avoir été émoussé par les années.

L’ordre du jour dont il est ici question prend la forme d’un cheminement en compagnie des névroses d’un narrateur anonyme, dans les méandres de l’administration du département des travaux publics de la ville de Bruxelles. Des névroses qui se cristallisent autour du passage du temps, de l’attente et du langage – ce qui vaut au récit d’être piqué de réflexions liant l’usage et la polysémie de mots et d’expressions à la fois banales et symptomatiques d’une certaine déliquescence systémique.…


Le Carnet et les Instants

Au fil d’une saisissante fiction, Jean-Luc Outers nous embarque dans une remontée dans le temps, un vertige mémoriel, direction Sarajevo assiégée, au cœur des combats dans l’ex-Yougoslavie. Invité par Reporters sans frontières à se rendre à Sarajevo en qualité d’écrivain, l’auteur séjourne en 1994 durant une semaine à l’Holiday Inn où sont regroupés les journalistes internationaux. Vingt-cinq ans plus tard, une force irrépressible le pousse à remettre ses pas dans l’année 1994, à se donner rendez-vous avec un pan de passé collectif marqué par la douleur, avec un fragment de passé intime condensé dans le nom d’Anna, une anesthésiste italienne rencontrée dans un hôpital.Étrange et troublante sensation de plonger dans Hôtel de guerre à l’heure où…


Le Carnet et les Instants

C’est à la faveur ( ! ) de l’époque où nous étions confinés au creux de nos logis que Jean-Luc Outers a perçu « le son de la terre ».Il avait toujours eu le sentiment que celle-ci tournait sur elle-même en silence, et voici qu’il saisissait un bruit ténu, lointain, presque imperceptible, qui lui ouvrait des horizons, lui révélait un au-delà mystérieux, captivant, d’une dimension cosmique. « On se croyait enfermé et on entend enfin le son de l’univers. »Avec Un temps immobile, il revit ce temps cloîtré, aux humeurs variées, sur des tons différents.Ici, familier, gentiment ironique : « Le matin, au petit déjeuner, mon fidèle labrador me fixe d’un regard mélancolique, l’air de dire : ‘qu’est ce que tu fais encore ici à cette heure ?’ » .Là,…


Le Carnet et les Instants

Jean-Luc OUTERS, Mon nom ne vous dira rien, Impressions nouvelles, 2023, 208 p., 18 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-39070-064-7Journaliste sportif, Dominique se retrouve célibataire pour une semaine. Julie, son épouse, est en séjour professionnel en Afghanistan et, disposant de temps, il reprend contact avec Philippe, un ami de longue date qu’il n’a plus vu depuis une éternité. Ce dernier l’informe de l’état de son épouse, Elsa, qui a contracté une forme précoce de la maladie d’Alzheimer qui laisse son compagnon désemparé. Outre sa perte de mémoire des faits récents et son incapacité à reconnaître qui que ce soit, celle-ci prend régulièrement la poudre d’escampette, sillonne Bruxelles puis ne retrouve plus son chemin. Elle s’exprime le plus souvent dans…