L’enfance du narrateur semble si loin déjà et pourtant elle n’a jamais été aussi proche, comme si à grandes enjambées il y revenait, parcourant le temps jusqu’au commencement. Il se remémore la maison où il a vécu avec ses frères, sœurs, cousins, cousines, dix enfants nés dans une symétrie parfaite de deux sœurs jumelles inséparables. Il y évoque tout ce qui tisse ces années : sa naissance, ses grands-parents, l’école avec Eddy Merckx et le frère Denis, la neige, la mer du Nord, les peurs, les larmes, la radio, la télévision, la folie, ainsi que la figure tutélaire de son père, homme public, qu’un AVC prive de la langue et contraint à renouer avec le monde de l’origine.
Les réflexions et les questions jalonnent cette évocation : l’enfance, loin de disparaître, subsiste-t-elle comme une part de nous demeurée intacte ? Et vieillir n’est-ce pas redevenir l’enfant dont on tente de retrouver la trace ?
Le lecteur ne peut que se reconnaître au fil de ces pages où l’imaginaire se fond dans les prémices de la vie.
Auteur de Le commencement, l’éternité
Toute écriture de l’enfance est roman davantage qu’autobiographie, dans la mesure où il s’agit à l’auteur.ice qui ose s’emparer de ce sujet si flou et fluant, son moi ancien, de faire renaitre un monde irrémédiablement englouti par le cours du temps, enfoui dans les tréfonds de l’intimité. Pour Jean-Luc Outers, renouer avec le commencement, l’éternité de son être, c’est proposer en une suite de chapitres serrés autant de microfictions où il met en scène le personnel de son récit familial et familier ; et de microfrictions où il convoque sensations, humeurs, émotions, tensions et joies pour nous en faire ressentir l’étoffe, en toute proximité. Alors, les moments intenses ou routiniers…
Le narrateur, Lejeune, est sorti sans éclat d'une école de beaux-arts…