« Je partais marcher avec un ami, dans une nature sauvage et inviolée. J’allais parler avec lui, rire et jouer avec lui, dormir et rêver avec lui, me saouler avec lui, danser avec lui. Et j’allais traverser l’enfer pour lui. »
Deux hommes arpentent un sentier de grande randonnée en Corse. Des amis d’adolescence, le narrateur et Chris. Ils s’étaient perdus de vue durant des décennies, ils se sont retrouvés par hasard dans un aéroport, se sont promis de se revoir… et ont tenu rapidement parole. Que cherchent-ils ? À s’immerger dans la nature pour le plaisir partagé ou l’oubli momentané de vies en pagaille, à guetter la flamme de l’Éternel retour, de l’amitié égarée, de la remise sur les rails du sens, de la connexion à l’autre, au monde ?Traverser l’enfer commence au milieu des chèvres et des oiseaux. Pour un peu, on songerait à la comédie Les randonneurs. Mais Dominique Meessen parsème la balade de notations amères…
Je ne vous ai pas oubliés – Liberté. 1945
Née en 1922, Andrée Dumon a à peine dix-sept ans quand la guerre bouleverse son quotidien. Mais pour une jeune femme déterminée comme elle, pas question de se résigner et d’attendre que la guerre se passe : elle veut s’engager contre l’ennemi. Jeune résistante, elle est de toutes les actions auxquelles elle peut participer, parfois aidée par ses traits encore enfantins, peu enclins à susciter la méfiance. Andrée est arrêtée en 1942, peu avant son vingtième anniversaire, en même temps que ses parents. Après un passage par la prison de Saint-Gilles, elle passera alors de camp en camp, s’enfonçant toujours plus profondément dans l’enfer organisé par les nazis. Pourtant, la jeune femme reste forte et garde le moral, presque sans jamais faillir, jusqu’au bout. Je ne vous ai pas oubliés , c’est le récit de cette vie qui a basculé, d’une joie de vivre qu’on a essayé d’étouffer. C’est aussi l’histoire de rencontres, heureuses, malheureuses, moins heureuses, moins malheureuses. Car Andrée Dumon raconte tout avec nuances, mettant en lumière le positif de chaque situation, témoignant de cette force de caractère qui lui a probablement permis de revenir parmi le siens et de nous offrir, septante-trois ans après, cet impressionnant ouvrage.Tout inspire le respect et l’admiration dans ce livre. La simplicité avec laquelle cette histoire personnelle est confiée, comme si on l’écoutait narrée en direct. La mémoire dont fait preuve l’auteure, qui donne tant de détails et de noms que le récit s’avère incroyablement tangible. Et bien sûr le propos, qui témoigne tant de l’horreur des circonstances que du courage de cette héroïne pourtant si humble. Lorsque la volonté de survivre est chevillée au corps, la résistance humaine est heureusement bien plus solide que l’on ne le croit. Il existe de nombreux récits sur la deuxième guerre mondiale, la résistance, les camps de concentration, mais celui-ci a la particularité de beaucoup évoquer les relations entre les détenues, les destins qui se croisent et se recroisent, les moments de solidarité et d’humanité. Le titre est extrêmement bien choisi : d’une part, Andrée Dumon semble se souvenir d’absolument tout et tout le monde et, d’autre part, elle rend réellement hommage à tous ces gens qu’elle n’a pas oubliés. Un hommage dont on lui est reconnaissant…
Neuf cercles de l’enfer, de l’extase, neuf parts d’un festin cannibale où s’entre-dévorent les pulsions Éros dans…