Paul-Aloïse De Bock naît le 13 septembre 1898 à Schaerbeek, où sa famille tient une célèbre pâtisserie que fréquente notamment Georges Eekhoud. Homme cultivé, jouant de la flûte, son père reçoit chez lui des peintres comme Laudry et Godfrinon. Il transmet à son fils son amour pour les arts, sa passion pour la pêche et la chasse. Sa mère est une femme chaleureuse, qui comptera beaucoup dans sa vie. Le futur écrivain fréquente l'Institut Sainte-Marie à Schaerbeek; une petite sur née en 1905 ne vivra que cinq ans. En 1912, un frère agrandit le cercle de famille. Paul-Aloïse est inscrit à l'École allemande où il est le compagnon d'Herman Closson, de Georges Mogin (alias Norge), du futur poète spiritualiste von Radetsky et de l'Argentin Jules Payró, qui deviendra peintre et professeur d'histoire à Buenos Aires. Chez les Payró, il rencontre des artistes; l'un d'entre eux est Paul Delvaux, auquel une longue amitié va l'unir. Brièvement pensionnaire à l'Athénée de Huy, il regagne la capitale au début de la première guerre mondiale et fréquente l'Athénée de Schaerbeek où il se lie avec Hubert Chatelion. En 1916, le décès subit de son père le contraint à quitter l'école et à travailler dans la pâtisserie familiale pour aider les siens. En 1918, il obtient son diplôme d'humanités au jury central.
Eekhoud a vu ses travaux littéraires. Il l'oriente vers Ghelderode. Une longue amitié commence. Inscrit en droit à l'Université libre de Bruxelles en 1919, De Bock y a pour condisciple Odilon-Jean Périer; à deux, ils écrivent une pièce de théâtre dont il ne subsiste aucune trace. En même temps, il s'inscrit au Parti ouvrier belge. En 1922, il se marie; peu après, il devient avocat au barreau de Bruxelles et se consacre aux causes commerciales. En 1927, il est élu conseiller communal à Schaerbeek. C'est l'année de sa rencontre avec l'architecte van de Velde, une nouvelle et solide amitié. De Bock plaide aussi des procès politiques. Dès 1923, il a rencontré les milieux antifascistes italiens établis à Bruxelles. En 1930, il est aux côtés de Paul-Henri Spaak pour assurer la défense de l'anarchiste Fernando De Rosa, qui a commis un attentat contre le prince Umberto, fiancé de la princesse Marie-José. La même année, il est l'avocat d'un autre anarchiste italien, Arturo Berneri, auteur d'une tentative d'assassinat sur le ministre de la Justice de la péninsule, de passage à Bruxelles. En 1934, c'est à Hambourg qu'on le retrouve, au procès du chef communiste allemand Edgard André. Face à un tribunal asservi à l'idéologie nazie, il ne peut sauver la tête de son client, exécuté quelques heures après sa condamnation.
De Bock continue d'écrire, mais sans publier. En 1933 cependant, un premier récit traduit en espagnol parait dans
La Nación de Buenos Aires. Il se lie à cette époque avec Plisnier et les époux Lilar. En 1940, il est mobilisé pendant quelques mois, puis reprend ses activités et entre dans la Résistance. Après les hostilités, il chasse et pêche souvent dans les Flandres avec d'autres amis, l'avocat Maurice Debra et le sculpteur Georges Grard. Sa nomination comme conseiller d'État en 1947 lui donne l'occasion de quitter son cabinet d'avocat et d'augmenter le volume de ses activités littéraires. À partir de 1950, il publie des nouvelles dans
La Table ronde ou
La Gazette des lettres et leur traduction dans des quotidiens hollandais sous le pseudonyme de Paul Bourgues; il se lie avec Marie Gevers et Paul Willems. En 1952, il est nommé professeur de droit à l'école de la Cambre à Bruxelles, en section urbanisme.
L'année suivante,
Terres basses, un ensemble de nouvelles (qui sera réédité en 1984, augmenté de cinq récits) est édité à Paris et obtient le prix Rossel. La critique, tout en soulignant la place occupée dans ce volume par le réalisme et le mystère, sur fond d'expressionnisme, constate les similitudes d'atmosphère avec l'uvre de Hellens. La même année, sa pièce
Les Fourmis est lue en français au Théâtre national et jouée en allemand sous le titre
Les Mains dans le vide à Baden-Baden. Un conte parait dans
Les Nouvelles littéraires. De Bock est élu à l'Académie Picard. Sa rencontre avec Hellens est le début d'une autre longue amitié.
Litanies pour les gisants, drame dans lequel l'auteur dénonce la guerre, est interprété à Paris au Théâtre de la Comédie. De Bock se remarie en 1957. Il publie quelques poèmes :
L'Écume et le soc dans la revue
La Sève, en 1954, et d'autres, en 1963, dans l'anthologie des
Poètes de la rue des Sols. Une farce en un acte,
Le Monologue conjugal, est jouée par le Kamertoneel d'Anvers.
En 1961, année où il perd sa mère, De Bock publie dans la revue
Audace et à Paris, chez Denoël,
Les Chemins de Rome. Ce roman s'inspire des procès des anarchistes que De Bock a défendus. Le héros est un révolutionnaire qui combat les régimes totalitaires et mourra pendant la guerre civile en Espagne. Pour un éditeur allemand, De Bock travaille à une biographie de son ami, le peintre Delvaux, qui paraîtra à Hambourg en 1965 et, deux ans plus tard, en français, sous le titre
Paul Delvaux, l'homme, le peintre. Psychologie d'un art.
Admis à la retraite en 1970, De Bock se consacre totalement à l'écriture et donne des conférences. En 1976, il publie un recueil de souvenirs
Le Sucre filé (réédité par l'Académie en 1994). L'auteur y raconte son enfance, les années d'école, le cercle de famille, l'attirance pour sa cousine, le tout écrit dans un style qui fait souvent penser à celui d'un journal intime. Il existe une suite inédite, intitulée
Les Rayons de paille. Récits d'adolescence 1914-1923, datée de 1965-1966. De Bock y évoque la mort de son père, son travail de pâtissier, ses aventures sentimentales, son amitié avec Delvaux et Ghelderode.
Le Pénitent, son dernier roman publié (1981), est une uvre forte qui raconte, dans un climat halluciné, l'histoire d'une passion amoureuse se terminant dans la folie et dans le sang.
De Bock meurt à Boitsfort le 28 avril 1986, laissant un grand nombre de textes inédits. Il avait été élu à l'Académie le 23 avril 1977.