Paul-Aloïse De Bock   1898 - 1986

PRÉSENTATION
Paul-Aloïse De Bock a vu le jour à Schaerbeek le 13 septembre 1898. Jean, son père, né à Saint-Nicolas-Waes, était un maître-pâtissier réputé. Ce père artisan et commerçant était amateur d'art : il jouait de la flûte avec talent et recevait chez lui des artistes-peintres en vue, tels qu'Ernest Godfrinon, Armand Apol et Jean Laudy, membres du groupe du Sillon. C'est de lui que Paul-Aloïse, plus simplement appelé Paul, tenait son goût de la peinture et de la musique. C'est avec lui aussi qu'il avait passé des vacances qu'il n'oublierait pas, dans le Westhoek où l'on pêchait l'anguille, d'où vraisemblablement son goût pour la pêche et la chasse et son attachement aux terres gonflées d'eau de l'extrême ouest des Flandres. À six ans, le jeune De Bock entre à l'Institut Sainte-Marie de Schaerbeek. Huit ans plus tard, son père l'inscrit à L'École allemande de Bruxelles, établissement alors très apprécié, qu'ont fréquenté Georges Mogin (le poète Norge) et Herman Closson. C'est là que l'enfant se lie avec l'Argentin Jules Payró, fils d'un journaliste-écrivain en poste à Bruxelles et lui-même futur écrivain (et peintre), et l'Allemand Robert von Radetsky qui, après 1945, se fera connaître comme poète dans son pays. Adolescent, Paul De Bock veut devenir ingénieur. Il quitte l'École allemande et passe, comme pensionnaire, à l'Athénée de Huy pour y suivre des cours de sciences. Mais la guerre et l'occupation le font rentrer en 1914 à l'Athénée de Bruxelles. Jean De Bock, le père, succombe en 1916 à une embolie. Paul doit abandonner l'école et travailler pour subvenir aux besoins des siens. Travailler doublement, car il ne renonce pas aux études et prépare son passage devant le jury central, où il réussira. En ce qui concerne sa carrière, il a changé d'avis : c'est le droit qu'il veut étudier. Il entre à l'Université libre de Bruxelles en 1919 et, rêvant d'un monde à jamais en paix, adhère au parti socialiste. Docteur en droit, il s'inscrit en 1923 au barreau de Bruxelles. Il est marié depuis un an. Comme plaideur et conseil, il se voue d'abord aux causes commerciales. Mais il va très tôt devenir un spécialiste des procès politiques. Il défendra notamment, aux assises de Bruxelles, des antifascistes italiens : l'anarchiste De Rosa qui a voulu assassiner le prince Humbert puis un autre anarchiste, Berneri, auteur d'une tentative semblable sur la personne du ministre italien de la Justice. À Hambourg, il plaidera pour le chef communiste Edgard André, mais ne parviendra pas à sauver sa tête face à un tribunal tout dévoué au parti national-socialiste. Ces procès ont marqué au moins deux de ses œuvres. C'est en 1933 que paraît, dans un quotidien de Buenos Aires, en une traduction espagnole assurée par le père de Jules Payró, le premier récit de De Bock. Mobilisé en 1940, de retour à Bruxelles après la défaite de la Belgique et de la France, De Bock entre bientôt dans la résistance. Il écrit encore et, la paix revenue, verra paraître de ses nouvelles dans les quotidiens et périodiques de plusieurs pays. Jusqu'en 1950, il signera ses œuvres du pseudonyme de Paul Bourgues. Le Régent l'ayant nommé conseiller d'État en 1947, De Bock abandonne ses activités d'avocat. Trois ans plus tard, il est reçu à la Libre Académie Picard. À partir de 1952, il occupe la chaire de droit administratif à la section Urbanisme de l'école de la Cambre. L'an d'après, son recueil de nouvelles Terres basses est couronné par le jury du prix Rossel. Devenu veuf, Paul se remarie en 1957. Ce que l'on considérera peut-être comme son oeuvre la plus marquante, Les chemins de Rome, paraît en 1961. En 1970, il accède à la retraite en tant que conseiller d'État et c'est en 1977 que l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises l'appelle à succéder en son sein à Géo Libbrecht. Paul-Aloïse De Bock est décédé le 28 avril 1986. On ne peut achever cette courte biographie sans insister sur le goût de l'amitié qu'éprouvait au plus haut point Paul De Bock qui avait l'art, en outre, de choisir ses amis. La liste en est impressionnante : il s'est lié non seulement avec les Payró, père et fils, et Robert von Radetsky, tous trois déjà cités, mais aussi avec le romancier Hubert Chatelion, le poète Odilon-Jean Périer, Michel de Ghelderode, Charles Plisnier, Albert et Suzanne Lilar, Franz Hellens, Marie Gevers, Paul Willems, le peintre Paul Delvaux, l'architecte Henry Van de Velde, le sculpteur Georges Grard et beaucoup d'autres encore.
PRIX