Jacques Richard

PRÉSENTATION
Écrivain, peintre.
Né à Bruxelles
Enfance en Algérie puis en Belgique.
Marié à Pascale Toussaint, écrivaine.
Formation de musicien au Conservatoire Royal de Bruxelles et de peintre à l’Académie d’Ixelles.
Plusieurs métiers dont libraire (Pauli, Tropismes), Bruxelles.
Vit et travaille à Bruxelles : pratique professionnelle de l’écriture, de la peinture. Enseignant retraité (peinture et dessin) en école supérieure.
Nombreuses expositions en Belgique et à l’étranger.
Collections publiques et privées en Belgique, France, Italie, Canada et Israël. LES RENDEZ-VOUS DE LA LUZERNE.
Jacques Richard et Pascale Toussaint organisent depuis 2017 des rencontres littéraires dans la Maison de LOUIS SCUTENAIRE. Voir aussi :
• Art belge au XXe siècle, Serge Goyens de Heusch, Editions Racines.
• Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle, Paul Piron, Editions Art in Belgium.
http://www.jrichard.be En résumé
Né à Bruxelles, Jacques Richard a passé son enfance en Algérie. Après des études de musique au Conservatoire de Bruxelles, il est devenu peintre et enseigne la peinture et le dessin. Il est marié à l’écrivaine Pascale Toussaint. Il a publié divers poèmes (dont trois cycles mis en musique), deux recueils de nouvelles et quatre romans. Petit Traître, finaliste du Prix Rossel 2012 a obtenu le Prix Franz de Wever de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de
Belgique. Dépourvu de tout parti pris moralisateur, l’auteur raconte cette histoire avec une audace remarquable: "Si c’est pour enfoncer les portes ouvertes, il faut faire autre chose qu’écrire", déclare-t-il avec amusement. Avec "La course", Jacques Richard livre un troisième roman fragmenté, éblouissant, sans aucun doute le plus abouti et le plus libre Lauréat :
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Jacques Richard pour Petit traître (Albertine, 2012).

Jury :
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Jean Claude Bologne, Raymond Trousson et Marc Wilmet. Rapporteur : Pierre Mertens

Extrait de l'argumentaire du jury :
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« Petit traître est le récit poétique d’une enfance prisonnière. Empruntant souvent au poème une métrique classique, de brèves séquences disent un monde carcéral où des adultes dépossédés d’eux-mêmes, éraflés d’une guerre qui ne dit pas son nom, se résolvent à laisser ceux qu’ils n’assument plus. Vivre le quotidien d’un petit, enfermé sans attentes, c’est “ marcher dans le mensonge ”. Éprouver que trahir, et autrui et soi-même est un mode de survie au cauchemar du réel. »

L’émotion est ce qui porte cet ouvrage, sans sentimentalisme, mais poignant par sa manière de vriller la solitude telle qu’elle se ressent dans le plus jeune âge, hyper-sensible et paralysé par l’impossibilité de porter soi-même remède à son sort. Jacques Richard est aussi musicien et plasticien  : son sens du rythme, du rapport des formes viennent-ils de là ? Le fait est que l’impact de ce texte, qui ne recherche jamais l’effet, mais ne laisse pas indemne pour autant, est prégnant.

Le livre couronné, Petit traître, avait été retenu comme finaliste du dernier prix Rossel
    Finaliste 2012 L’auteur. Jacques Richard, né en 1951 à
Bruxelles, a passé une partie de son enfance
en Algérie. Il a étudié la musique
au Conservatoire de Bruxelles mais il
était déjà passé à la peinture puisqu’il expose
depuis 1970. Professeur de dessin
au C.A.D., école supérieure d’architecture
d’intérieur et d’arts appliqués, il a fondé
ARTS 21, ateliers d’art contemporain
à Ixelles. Un premier ouvrage, La plage
d’Oran (Albertine), un récit, est paru en
2010.
Le livre. Les mots crissent sous les dents
comme des grains de sable, et blessent
de la même manière. L’enfant est retenu
avec d’autres derrière une grille. Pension
ou prison ? Même sa mère ne peut
le voir sinon aux jours prévus, et encore.
Dehors, il y a une guerre, ou ce qui y ressemble.
Cette guerre sournoise et les paysages
secs évoquent l’Algérie, jamais
nommée jusqu’à la dernière page où surgit
tout à coup la ville d’Oran. Les brimades
viennent des adultes mais aussi des
autres enfants, on souffre d’une violence
qui semble presque naturelle et qui n’est
pas moins douloureuse pour autant. La
poésie de l’écriture n’est pas là pour dire
le ciel bleu, à moins qu’il soit d’un bleu
qui crie, avec la consistance de la peinture.
PIERRE MAURY
NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Jacques RICHARD, Nues, ONLIT, coll. « ONLIT Mini », 2020, 80 p., 8 €, ISBN : 9782875601261« Nues, en pied et grandeur nature. De face », les yeux plongés dans ceux de l’artiste. Toiles de mêmes dimensions, supports de qualité identique, toujours de la peinture à l’huile. Pas de décor. Et un « travail d’un réalisme précis, mince et sans effets ». Voilà comment Jacques Richard a peint plusieurs femmes entrant dans la jeunesse ou la quittant, trop maigres ou trop charnues, rétives ou généreuses, inconnues ou familières, maniérées ou naturelles. De son regard parfois gêné et intransigeant, Richard les a dévisagées, contemplées sans désir, observées (face à face ou sur papier glacé) avec « l’urgence patiente d’un ours pêchant au bord de la rivière » ;…


Le Carnet et les Instants

« De l’image à la voix le chemin peut être bref, si les sens répondent. La rétine communique avec le tympan et parle à l’oreille de celui qui regarde ; et pour celui qui écrit la parole écrite est sonore : il l’entend auparavant dans sa tête. »Antonio Tabucchi, Récits avec figuresDécouvrir, parallèlement à la lecture du dernier recueil de Jacques Richard, Sur rien mes lèvres, cette phrase d’Antonio Tabucchi extraite de son dernier livre n’est pas une coïncidence. Il n’y a d’ailleurs pas de coïncidence en littérature dès lors que l’on sait, lecteurs curieux que nous sommes, que les livres subtilement, « maïeutiquement », s’appellent, se répondent et s’engendrent. Pour le poète,  musicien et peintre qu’il est aussi, le décor s’affiche sur…


Le Carnet et les Instants

Il y a différents types de cimetières. Loin des Vallées des Rois et des Reines, des croix blanches militairement alignées et des nécropoles aujourd’hui virtuelles, ceux de nos contrées se ramifient souvent en allées rectilignes et sentiers tortueux, entre gravier et poussière. Le long des caveaux en floraison ou en abandon, nous percevons rapidement une organisation singulière : une partie ancienne, des tombes modernes, des lopins dévolus à telle ou telle confession, des rassemblements communautaires post-mortem, une pelouse cinéraire. Et, au fond, tout au fond, un peu cachée, parfois une fosse commune. Le carré des indigents dans lequel sont enfouies les petites misères et ensevelis les grands secrets, de ceux qui engendrent les questionnements de toute une vie, de toutes…


Le Carnet et les Instants

Scènes d’amour et autres cruautés est une expérience littéraire unique. Jacques Richard, à la manière d’un peintre sur-réaliste, fait surgir des images extra-ordinaires, pièces d’un puzzle éclaté où tout ne s’emboîte pas de soi. Le processus de familiarité qui installe classiquement le lecteur dans un univers fictionnel ne fonctionne pas ici. On est dérangé, poussé hors de notre zone de confort. On pense comprendre, puis non. On pense voir, puis non. On pense saisir, puis non. On pense… On pense beaucoup trop. L’impératif du lâcher-prise s’impose. Car, dans un mouvement d’une fluidité extrême, d’une virtuosité confondante, Richard fait glisser de consciences en voix, de sujets en objets, de vibrations intimes en distantes extériorités. Comme si…


Le Carnet et les Instants

« Tu n’en as plus ? De l’espoir, tu n’en as plus ? Tu es désespérée ? » Adeptes de la littérature feel good ou divertissante, passez votre chemin. La course, le nouveau roman de Jacques Richard, est aux antipodes de cette veine. On y entre comme dans un sable mouvant et l’on s’y empêtre, aspiré à notre esprit défendant. Comme à son habitude, un peu plus qu’à son habitude, Richard n’épargne pas le lecteur. Non par des jeux d’outrance ou de provocation faciles, cela ne siérait pas à son élégance ; plutôt par un parti pris assumé de limites inconfortablement brouillées. Avec subtilité et subversion, l’auteur aborde en effet un sujet délicat, glauque : l’inceste. Sans jamais se positionner sur le plan de la morale (ni écrire le mot en toutes lettres),…


Le Carnet et les Instants

C’est peut-être parce qu’il a été Écrit sous l’eau qu’il donne l’impression d’une lecture-apnée. Chacune des proses composant le recueil de Jacques Richard se présente comme une micro-plongée dans un bain d’étrangeté et de fluidité. L’on y progresse en brasses prudentes et curieuses, avec la sensation de ne pouvoir garder le cap à cause de mouvements ondins surprenants. Le mieux est sans doute de se laisser porter, sans chercher à retenir ni se faire retenir, en acceptant la caresse du flux langagier et le mystère des fonds sous-scripturaux.Dans un espace-temps sans contours précis, un narrateur s’adresse avec émoi, désarroi, envie et trouble, à lui-même et à un Tu. Ce dernier, être désiré, rit beaucoup à pleine bouche ou à pleines dents, s’échappe…