En Belgique, terre de surréalisme, Alain Dantinne est l’enfant que Mariën aurait fait dans le dos de Scutenaire sous l’œil bienveillant de Chavée dans un boxon mal famé de Molenbeek. Dans ce monde qui marche de plus en plus sur la tête, il était temps qu’un écrivain, poète de surcroît, nous remette les pieds dans le droit chemin, celui de l’absurde. Philosophe du dimanche, il nous conseille sur le bon usage de Dieu, de l’âme et du monde et nous guide dans les méandres de l’Art, de la névrose ou de la politique. Vous apprendrez qu’il a toujours bouffé du curé, même le vendredi ou qu’à force de vénérer, on chope des vénériennes. Vous vous méfierez dorénavant des SDF, ils ont des noms à coucher dehors. Les dessins de Daniel Casanave viennent ponctuer quelques saillies de l’imprécateur, avec même un petit clin d’œil complice à son ami Cabu.
Auteur de Petit manuel de survie en zone tempérée
Bon. Allez. J’avoue. Je jalouse, extrêmement, tous ces gaillards, toutes ces gaillardes, à l’œil vif et pointu, ces intelligences en éveil, capables de vous écrire, en deux lignes, une phrase qui tue, un aphorisme, un trait d’esprit tout ce qu’il y a de plus aiguisé, de plus perçant, de plus rosse ou de plus drôle. C’est que, pour ma part, on me rangerait plutôt sur une autre armoire. Celle de la vie ralentie. De l’œil terne et sans éclat. De l’intelligence molle du genou. Toujours en retard d’une guerre en somme. De sorte que, petite vengeance sournoise et personnelle, je l’avoue, je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir un recueil d’aphorismes sans partir à la traque, à l’affût des phrases bancales, celles qui retombent comme un soufflé, celles où l’intelligence…