Depuis qu’elles existent, les sciences dites exactes se prétendent différentes des autres savoirs. Comment comprendre cette prétention ? Faut-il, à la manière des épistémologues anglo-saxons ou de Karl Popper, tenter d’identifier les critères qui la justifient ? Peut-on, suivant le modèle nouveau des études sociales des sciences, y voir une simple croyance ? Ce livre propose un dépassement fructueux de l’opposition, apparemment irréconciliable, entre ces deux approches des sciences. Et si la tension entre objectivité scientifique et croyance était justement constitutive des sciences, enjeu des pratiques inventées et réinventées par les scientifiques ? Réussir à parler des sciences avec humour, sans en faire un objet de vénération, ni de dénonciation, en restant au plus proche de la passion des scientifiques, tel est ici le pari d’Isabelle Stengers. Mais ce livre ne se limite pas à un discours sur les sciences. Il s’agit bien plutôt de prolonger l’histoire de leur invention. Comment comprendre les liens multiples entre la science et les pouvoirs qui la mobilisent aujourd’hui ? Comment concevoir les rapports entre science, expertise et démocratie ? La nouveauté de L’invention des sciences modernes est de faire de ces différents problèmes intellectuels, pratiques et politiques les enjeux du processus par où pourrait s’inventer et se renouveler l’identité même des sciences.
Auteur de L’invention des sciences modernes
La complexité de la Franc-Maçonnerie. Approche historique et philosophique
Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de la philosophie grecque et médiévale, notamment d’Aristote, auteur entre autres d’ouvrages de référence — Histoire de la philosophie. Aux origines de la philosophie européenne (De Boeck, 2003), Histoire de la philosophie ancienne et médiévale (Grasset, 1998), La proximité et la question de la souffrance humaine (Ousia, 2005) —, Lambros Couloubaritsis poursuit dans La complexit é de la franc-maçonnerie les réflexions développées dans La philosophie face à la question de la complexité (Ousia, 2014). Alliant la voie historienne et l’approche philosophique, il livre une somme novatrice et décisive sur le phénomène de la franc-maçonnerie, démontant les clichés, la vulgate qui entoure le mouvement, proposant des éclairages inédits. Son point de départ s’origine dans l’occultation de la contribution du phénomène maçonnique dans l’histoire de la modernité, une oblitération à laquelle les francs-maçons ont contribué, d’une part par leur pratique du secret, d’autre part en raison des mythes de fondation qu’ils ont élaborés afin de se légitimer. Construite par leur soin, la version d’un processus linéaire posant l’émergence de la franc-maçonnerie spéculative comme une transformation de la franc-maçonnerie opérative a longtemps été dominante jusqu’à sa mise en cause dans les années 1960. Penseur de la complexité — une problématique apparue dans les sciences contemporaines, avec les travaux d’Ilya Prigogine et fondée par l’Institut de Santa Fe —, Couloubaritsis a d’abord analysé la complexité des mythes et démonte ici la dérivation des francs-maçons spéculatifs à partir des maçons, des corps d’artisans, des bâtisseurs de cathédrales. Point central s’il en est dès lors qu’il refonde les origines du mouvement : en lieu et place d’une filiation entre maçons, bâtisseurs et francs-maçons se vouant à un idéal de tolérance, de philanthropie, Couloubaritsis pose une rupture. La franc-maçonnerie serait née en réaction à un contexte politico-religieux de guerres, de violences, de répressions, s’est élevée comme un mouvement de résistance pariant pour la réalisation d’un « humanisme nouveau post-chré tien »…
Avec ce nouveau livre, Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques, poursuit…