L’exercice du silence emprunte la voie et la tradition d’une poésie « pensante » dans la lignée d’un Roberto Juarroz, d’un Gaspard Hons ou d’un François Jacqmin. Pour autant, le trajet que le recueil effectue tend à s’éloigner d’une poésie du concept et de l’abstraction, d’une métaphysique, pour s’approcher du réel et de sa simple évidence mystérieuse. « Faire remonter le mot jusqu’à la chose : impossible étymologie ».
Y aurait-il au fond une syntaxe du silence ? Un ensemble de règles qui permettraient de comprendre pourquoi, chez le poète, le silence n’est pas synonyme d’absence mais bien plutôt de dialogue, de présence au monde. C’est en quelque sorte l’interrogation que le poète Serge Núñez Tolin décline depuis la publication de plusieurs de ses recueils tels que L’interminable évidence de se taire (2006) ou L’ardent silence (2010). Avec L’exercice du silence, il poursuit donc cette recherche, cette remise en question de la « nécessité de parler », de ce silence qui « noue la respiration à l’air qui le traverse ».L’exercice en somme d’un infinitif aphone et définitif,…