Les sélection des prix Sorcières





Les prix Sorcières récompensent chaque année des ouvres de littérature jeunesse, dans différentes catégories. Les sélections de 2020 sont désormais connues. Créés en 1986, les prix Sorcières sont décernés conjointement par les librairies françaises spécialisées en littérature pour la jeunesse et par l’Association des bibliothécaires de France. Ils récompensent des ouvrages dans 6 catégories : « Carrément beau, Mini », « Carrément beau, Maxi », « Carrément passionnant, Mini », « Carrément passionnant, Maxi », « Carrément sorcières, Fiction » et « Carrément sorcières, Non-Fiction ». Pour chacune d’entre elles, cinq ouvrages sont nommés.

Deux livres d'autrices belges sélectionnés

Dans la catégorie « Carrément beau, Maxi », on retrouve ainsi L’ours Kintsugi de Victoire de Changy et Marine Schneider, paru aux éditions Cambourakis. (Lire aussi : la rencension de L’ours Kintsugi sur le Carnet et les Instants)

Dans la catégorie « Carrément passionnant, Mini », on retrouve Akita et les grizzlys, un livre de Caroline Solé, illustré par Gaya Wisniewski (École des loisirs). Gaya Wisniewski est lauréate du prix de la première oeuvre en littérature jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour son album Mon bison. Le livre figurait également dans les sélections des Pépites de Montreuil, dans la catégorie Fictions junior.

 



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Dans nos archives : journalisme et littérature

Depuis 2013, l’ONU a institué le 2 novembre comme la journée mondiale pour la protection des journalistes. À cette occasion, nous republions…

14-18, un passé entre front guerrier et zones occupées

DES AUTEURS N'AYANT PAS CONNU LA GRANDE GUERRE SE SONT PENCHÉS SUR CETTE EFFROYABLE PREMIÈRE GRANDE BOUCHERIE DU XXe SIÈCLE. ILS PORTENT SUR ELLE LE REGARD SINGULIER QUE PERMET LA DISTANCE DU RECUL DE L'HISTOIRE. Plusieurs romans et nouvelles d'écrivains actuels se servent d'éléments ayant existé afin de réfléchir sur une barbarie que le monde avait espéré disparue alors qu'elle persiste aujourd'hui à travers les discordes sanglantes qui ont sévi ou sévissent encore. Ils appartiennent à un corpus littéraire porteur d'une autre vision que celle uniquement restreinte à la vie dans les tranchées et à la guerre vue du front. En effet, comme ce fut le cas pour le Nord de la France, " la situation de la Belgique est tout à fait originale de par sa partition entre zone des combats [...] et zone occupée " 1. LE RÉALISME IMAGINÉ Raymond Masai (Kain, 1944) a conçu son roman choral Le carnet de Nicolaï 2, comme une tentative de revenir sur " une guerre que le temps et les mensonges ont réduite à une carte illustrée " (p. 66). Il part d'un fait plutôt occulté de la 1e guerre mondiale : celui de la participation au conflit de troupes russes, environ 20000 hommes, dont la moitié envoyés en France. Leur présence est, par exemple, attestée par des tombes à Tournai. Il existe aussi, dans la même région, vers Warchin, un déblai de chemin de fer baptisé " la Montagne des Russes ". Une partie de ces militaires, abandonnés par leur pays parce que l'arrivée du communisme a fait que " combattre pour la bourgeoisie française ou pour protéger les caves et le Champagne n'étaient plus à l'ordre du jour " (p. 82), ont connu mutinerie et répression avant de se retrouver parqués dans des camps de concentration, notamment à Mailly (Champagne-Ardenne). Composé d'un mélange du journal intime du jeune soldat Nicolaï, des pérégrinations d'un Chilien exilé sous la dictature de Pinochet, de correspondance échangée, du travail historique d'une jeune chercheuse, le livre associe passé et présent, guerres et paix, réalisme et idéalisme, séparations et retrouvailles, dirigeants et citoyens, besoin d'identité et anonymat imposé par la vie. Il se réfère aussi à la composante locale puisque le Russe tombera amoureux d'une paysanne du coin. Avec Tu signais Ernst K., Françoise Houdart prend le parti de se mettre à la place de l'occupant. Elle part à la recherche de celui, soldat allemand de 19 ans, qui laissa, logé chez l'habitant à Boussu, un carnet de dessins de lieux situés entre Tournai et Roisin de juillet 1917 à mai 1918 3. Le livre va donc s'intéresser d'une part à la mentalité de cet intrus imposé aux citoyens belges ainsi qu'à ce qui se passe auprès des siens restés dans la patrie natale et d'autre part à livrer des détails sur le quotidien de l'époque à travers la vie et les réactions des autochtones hainuyers. Littérairement, cette espèce de chronique montre une auteure en train de réfléchir sur sa propre démarche d'écriture, sur sa volonté de conjuguer imaginaire narratif et réalité documentaire, tutoyant son personnage " en tête à tête entre fiction et présomption d'authenticité " (p. 139) tout en s'interrogeant sur ce qu'il devient sous sa plume et allant jusqu'à lui demander s'il se satisferait " jusqu'au bout de ce roman du destin dont je te gratifie " (p. 232), mais aussi dialoguant en vrai avec la dernière survivante de cette histoire. La démarche expérimente une forme d'objectivité ou d'équité. Elle prend en compte les deux camps, les deux populations, les deux catégories que sont militaires et civils. Ainsi, le soldat installé dans la maison de Juliette D. est-il considéré comme " présence honnie et protectrice en même temps " (p. 48). Ainsi cette remarque que " les jeunes filles et les femmes n'avaient pas la vie facile dans cette Allemagne totalement mobilisée pour nourrir en machines et munitions la femelle monstrueuse coiffée d'un casque à pointe qui broyait sans miséricorde les hommes et leurs farouches espérances " (p. 49). De la sorte réapparaît la part d'humanité que la guerre semblait avoir gommée. Comme elle se lit dans les réflexions d'Eduard, ami d'Ernst, qui ne cesse de se questionner sur le bien-fondé du patriotisme inoculé par la propagande. L'existence de la population d'alors se remplit pêle-mêle de délations pour satisfaire de petites vengeances car " les rancœurs ont la peau durcie par la misère " (p. 140), de la circulation sous le manteau d'une lettre épiscopale censurée ou de journaux clandestins, de l'utilisation des pigeons afin de transmettre des messages de résistance, d'arrestations et d'exécutions, d'organisations de bienfaisance distribuant de la soupe aux écoliers, de potagers installés un peu partout pour se nourrir malgré la pénurie, de rumeurs de puits empoisonnés, de brassards rouges obligatoires pour les chômeurs, de déportations, de tickets de rationnement, d'épidémie comme la mortifère grippe espagnole ou de maladie comme la tuberculose... Par ailleurs, il y aura bientôt " en filigrane dans la texture sonore de la guerre des hommes, se frayant un passage entre l'écho des salves des pelotons d'exécution des premiers mutins de la Somme, le retentissement assourdi des bruits de pas des premiers soldats américains sur le sol français libre, et les lointaines clameurs des premiers grévistes de la Ruhr " (p. 125). Ici, à l'image de la cohabitation forcée décrite par Vercors lors du conflit mondial suivant dans Le silence de la mer, se dessine une connivence forte entre occupés et occupants précisément parce que derrière la nécessité de rester fidèle à des valeurs existe aussi une compassion tacite entre des êtres dotés de similaires sentiments humains. Un bref livre vient de sortir de presse qui donne la parole à sept témoins. Dans Un bouquet de coquelicots, Marianne Sluszny, à son tour entremêle fiction et réalité 4. De fait, productrice de documentaire à la télévision belge francophone, elle a eu l'occasion d'effectuer des recherches au sujet de la Grande Guerre. Elle en a retiré des nouvelles à la première personne. Chaque personnage vient narrer sa vie. Chacun a son ancrage très local: Bruxelles, Anvers, Namur, Malines, Andenne, La Panne, Ypres, Musson... Le Soldat Inconnu devient soudain identifiable, lui qui fut choisi par hasard parmi des ossements épars. Un pigeon voyageur affirme " que l'envahisseur était un oiseau de mauvais augure " (p. 44). Fils d'avocat catholique, Roger, pianiste en devenir, est transporté dans un autre monde, celui des tranchées. Là, il fait " connaissance des poux, des rats, des odeurs nauséabondes des urines et étrons entassés dans un seau. Et aussi de la torture qu'on inflige à son corps recroquevillé pour que la tête ne cogne pas les poutrelles, supplicié par les assemblages de fils de fer recouverts de toile de jute sur lesquels il doit trouver le sommeil " (p. 38). Frans, lui, enfant d'une famille besogneuse et analphabète, reçoit l'enseignement d'un curé nationaliste. Sur le front, dans le boyau des tranchées réalisées " avec des sacs de sable, des sacs lourds comme le chagrin " (p. 83), fraternisant avec un conscrit de Marchienne-au-Pont, il réalise que " la vie des siens était aussi pénible que celle des paysans flamands " (p. 85). Trois personnages sont particulièrement émouvants. Jeannette, mère de famille dont le mari est incorporé et qui finit par se prostituer avec des occupants ennemis. Après l'armistice, elle sera ignominieusement punie par la populace haineuse " comme si nous n'avions pas été les plus vulnérables, abandonnées à nous-mêmes pour faire vivre nos familles " (p. 70). Cécile, fille d'un grand patron libéral, préfère devenir infirmière plutôt qu'épouse d'un autre patron. Elle accompagne jusqu'à son dernier souffle un soldat aux idées socialistes dont l'état physique se dégrade suite à une balle dans la tête. Quant à Albert, Congolais immigré devenu invalide de guerre à la " carcasse rongée comme par un vautour " (p. 92) par une tuberculose pulmonaire…

Lettres du Goulag : Correspondance de détenus dans les lieux d’incarcération et d’internement du Goulag

Avec Lettres du Goulag , Jean-Louis Rouhart a fait paraître un ouvrage essentiel sur le monde du Goulag en Union soviétique.  Il y a quelques années, ce germaniste professeur émérite à la Haute École de la Ville de Liège avait réalisé une étude consacrée à la correspondance clandestine – déjà – dans les camps nazis, essai qui avait reçu le Prix de la Fondations Auschwitz – Jacques Rozenberg en 2011.  Il s’attaque maintenant à la même problématique dans le monde soviétique. Il s’agit d’un ouvrage scientifique, fort d’une rigueur absolue dans l’approche et le traitement systématique du sujet et pourvu d’un important appareil de notes et d’un grand nombre d’annexes (glossaires, schéma, dates-clés,…) de nature à introduire et à guider le lecteur dans la mécanique du complexe concentrationnaire soviétique vu sous l’angle révélateur de la correspondance entre les détenus et leurs familles.  Ô combien révélateur en effet, puisque «  Dix ans sans droit à la correspondance » était la dénomination officielle de la sentence telle qu’elle était transmise aux familles des déportés, alors qu’en réalité il s’agissait d’une condamnation à mort le plus souvent déjà exécutée au moment de la notification officielle.  Il faudra attendre la Perestroïka et un arrêté du KGB, le 30 septembre 1989, pour que l’indication exacte des dates et des raisons de la mort soit officiellement reconnue.  À ce seul instant, on réalisa enfin pourquoi aucun des condamnés à ‘Dix ans de camp de redressement par le travail avec privation du droit à la correspondance et aux colis’ n’avait jamais donné signe de vie Les lettres des détenus constituent donc le cœur de l’ouvrage mais l’accent est mis sur le contexte historique, sur les différentes catégories de détenus et de centre de rétention (camps, prisons, …).  Cet ouvrage ne mise pas sur l’émotion, même si leur lecture et le décodage historique et contextuel qui en est donné sont poignants quant au sort des prisonniers et terrifiants quant au cynisme et à la cruauté du système concentrationnaire.Il ne manque pas d’exemples où la littérature de fiction fait entrer le lecteur dans une vérité historique. Il n’est que de lire, pour prendre un exemple récent, Mahmoud ou la montée des eaux , d’Antoine Wauters.  Par contre, il est des contextes – politiques, généralement – qui exigent une recherche précise qui identifie les rouages d’une situation de manière à prouver la réalité de l’entreprise décrite.  Ce contexte – de négationnisme, de reconstruction de l’histoire, de reformatage politique, nous y sommes.  Dans son introduction, l’auteur déclare, à propos de son essai, que «  le mérite revient à l’ONG russe de défense des droits de l’homme, la société du Mémorial de Moscou, d’avoir contacté les anciennes victimes du Goulag et leurs descendants afin qu’ils déposent aux archives de la société leurs témoignages oraux et écrits sur les internements et remettent la correspondance qui avait été échangée à ce moment entre les membres de la famille. »  L’un des glossaires nous apprend que cette société du Mémorial a été fondée en 1988 par Andreï Sakharov à Moscou dans le but de rassembler les témoignages oraux et écrits des anciens prisonniers et dissidents.  Mais depuis 2008, l’association est victime de persécutions policières – confiscation de l’ensemble des archives numériques sur le Goulag –, de procès politiques qui donnent lieu à d’importantes amendes, …La parution de cette étude à un moment où l’histoire soviétique est revisitée par le pouvoir russe [1] nous ramène à une époque où un roman comme Vie et Destin de Vassili Grossman, achevé en 1962 et aussitôt confisqué par le KGB, ne fut finalement édité qu’en 1980 par les éditions L’Âge d’Homme en Suisse.  Il est urgent de s’informer et de connaître la vérité historique.  Au livre, citoyen-ne !!  Marguerite Roman [1] Voir notamment « En Russie, l’historien du goulag Iouri Dmitriev condamné à treize ans de camp à régime sévère » , Le monde , 30 septembre 2020 ; « En Russie, l’État s’octroie un monopole sur l’histoire » , La libre Belgique , 10 juin 2021 ; « La persécution de Iouri Dmitriev, ‘un symbole de la politique de l’État russe à l’encontre des historiens indépendants' »…