Comme en français , mais sous la seule forme dè, ce préfixe verbal marque le plus souvent la séparation, la privation, l’opposition comme dans dèpaviner « enlever la pavine, c.-à-d. le chiendent », dèboûoner « enlever les bornes », dècouver « empêcher de couver », dèfèssi « enlever les éclisses », dèbôrer « ouvrir », s’ dèmarier, « divorcer », dèfirnower « défaire un nœud compliqué », dèbrâyi « desserrer le brâyûœ, c.-à-d. le dispositif de serrage (du chariot de culture) », dèhaler, antonyme de ahaler « embarrasser ».
Ce dè à valeur d’opposition concerne bien entendu beaucoup de verbes, mais en moins grand nombre qu’on pourrait le croire.
Ne rentrent pas dans cette catégorie majoritaire des verbes où on distingue sans peine le verbe simple sur lequel ils sont formés, mais sans qu’il s’agisse d’une action simplement contraire. Ainsi dèwâti ne signifie pas « ne pas regarder », mais « regarder de travers », dèbèni…
Auteur de Le préfixe verbal dè dans le vocabulaire d’un village du Sud gaumais (Ethe-Belmont, Vi 33)
En 1867, à Bruxelles, chez l’éditeur qui avait publié Les Misérables un peu auparavant, parait un gros et luxueux ouvrage : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs. Considérée comme le texte fondateur de la littérature belge, cette fresque est signée par Charles De Coster. Au moment où s’élaborent les mythes nationaux et où le Romantisme a mis en avant la figure du Peuple, De Coster est un des premiers à exprimer sur le mode littéraire le mythe d’une Flandre charnelle. Pour cela, il s’empare du personnage d’Ulenspiegel, farceur du répertoire folklorique traditionnel, et le jette au plus fort des guerres qui ensanglantèrent la région au XVIe siècle afin d’illustrer le thème qui lui est cher : la Liberté. La première édition de cette épopée n’était pas exempte d’erreurs. Bien des éditions suivantes, tout en favorisant la connaissance du texte auprès du grand public, se sont encore éloignées du projet original. Cent cinquante ans après…