Humour, décalage, sens du signifiant, maîtrise de la répétition porteuse, tels sont, à une première lecture, les atouts de ce poète. Son aisance à tronquer la réalité pour le plaisir des mots, pour la saveur juteuse des sensations fait que le lecteur se laisse porter par les sons, l’originalité de l’approche, le côté déjanté des alliances d’images. Comme chez les fabulistes, comme chez les chansonniers, l’auteur répète ses rythmes, ses verbes, ses attaques pour nous mener là où il souhaite qu’on le lise avec ferveur. Réflexions sur le temps, l’espace, l’urgence (où partir? où aller?), ces poèmes conjoignent les beautés, les surprises, les jeux de mots, les ellipses, son amour des villes, des voyages, dans une joyeuse liberté d’invention. Le livre copieux est divers et chacun y goûtera la chansonnette, chacun y trouvera manière et matière à poésie, l’aphorisme en eau de boudin (Il ne suffira pas de changer le monde, / Il faudra changer aussi/ le papier à tapisser de ma chambre). Dérives et dérisions s’y entendent à merveille.
(résumé de la note de lecture de Philippe Leuckx pour Francophonie vivante de mars 2009).
Auteur de Les mots, le miel et mille fois l’or