Auteur de Les heures claires
L’auteur du beau 37 rue de Nimy (2019, prix Emma Martin du roman) réalise d’emblée le grand écart. Entre audace et humilité. Dès la couverture, il se place sous l’égide d’un géant, Émile Verhaeren, auquel il emprunte le titre d’un recueil poétique, une épigraphe et, par connotation, un ancrage dans une littérature de cimes. Mais un court préambule vient contrepointer l’élan en affichant l’échec et le doute :La première version de ce texte s’est effondrée. (…) Je n’avais pas la foi ni le bagage pour attaquer la matière en essayiste, en érudit, en philosophe. Quelle matière ? Alexandre Millon a ressenti la nécessité de se lancer dans un projet au noyau fort mais aux contours indistincts. Loin du…
C'est une sorte de conte philosophique qui commence par l'évocation d'un vieillard,…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…