Les premiers jours de l’offensive russe guidèrent mes pas vers le Cuirassé Pouchkine. Mon regard se posait sur tout le quartier que je connaissais bien avec un sentiment d’émerveillement face à la simplicité des choses. Des gens marchaient, papotaient sur des bancs, faisaient du shopping, mangeaient dans des restaurants. Toutes ces actions quotidiennes qui me laissaient indifférent avaient pris une profondeur, une beauté. À trois cents kilomètres de Bruxelles, dans une ville surpeuplée, dans un vieil amphithéâtre, un professeur d’université expliquait que les choses ne sont appréciées à leur juste valeur qu’à leur disparition, que leur importance se révèle par le sentiment de perte. Le simple fait de savoir qu’en Ukraine, tout le quotidien avait brusquement été interrompu par la guerre, que cela pouvait nous arriver à Bruxelles, rendait précieux à mes yeux ce que j’avais toujours connu : la paix.
Auteur de Le Cuirassé Pouchkine
La passion de la littérature, de la culture russe, l’existence aimantée par la magie des Lettres sous-tendent le récit Le Cuirassé Pouchkine, qui figure au nombre des nombreux inédits laissés par Maxime Lamiroy, un jeune écrivain, philosophe, traducteur et éditeur qui nous a quittés en juillet 2024. Nous retrouvons les parfums qui composent ses autres textes (Deux sœurs, Les juges pénitents…) et dessinent un univers à la lisière de l’onirisme et du réel. Virtuose de la mise en abyme, Maxime Lamiroy livre des fragments autobiographiques éloignés du courant hégémonique de la littérature du « je », décantés dans un au-delà de l’auto-fiction. Aiguillé par Mathieu, un ami slavophile qu’il connut durant ses études…
S’il y a bien un événement dont on peut se réjouir en cette année littéraire, c’est la réédition de Ripple-marks de Jean…