Le cœur de François Remy

À PROPOS DE L'AUTEUR
Edmond Glesener

Auteur de Le cœur de François Remy

Fils d'horloger, Edmond Glesener naît le 26 août 1874 à Liège, où il passe une enfance sereine et paisible. Après des humanités accomplies dans un collège de sa ville natale, il entreprend des études de médecine, qu'il abandonne pour le droit. À l'université, il fait la connaissance de Franz Folie, qui deviendra écrivains sous le nom de Franz Ansel. Le jeune Edmond trouve un premier emploi chez un notaire, en qualité de clerc, mais, à vingt-cinq ans, il entre au ministère des Sciences et des Arts. Toute sa carrière se déroulera dans l'administration. Sa signature se trouve, entre 1892 et 1895, dans quelques revues (Floréal, La Revue wallonne, La Nervie). Sa production, qui compte une quinzaine de volumes, débute en 1898 par un roman qu'il publie, à ses frais, au Mercure de France, à Paris. Dans ce premier récit, Histoire de M. Aristide Truffaut, artiste-découpeur, dédié à Camille Lemonnier, Glesener dépeint un univers de petite bourgeoisie dont il détache quelques événements épisodiques. Malgré ses faiblesses (un style compassé et une intrigue mince), le livre est bien accueilli en raison des qualités de caricaturiste de son auteur. Mais celui-ci est conscient des limites de cette tentative, et il continue à parfaire son talent dans des périodiques et des journaux, tels que Le Thyrse ou Le Peuple, sous forme de rares poèmes ou de cours textes en prose. Après un silence de six ans, Le Cœur de François Remy paraît en 1904. Ce gros roman de près de quatre cents pages, qui connaîtra plusieurs rééditions, se veut un hymne à la Wallonie, à sa sensibilité et à son caractère. Le héros est un rêveur qui abandonne les siens sur une impulsion de sa nature romanesque et va rejoindre dans une roulotte de nomades la femme qu'il convoite. C'est cette errance que l'auteur décrit à travers des aventures où la nature tient un grand rôle et où les sentiments passent de la joie du bonheur à la douleur des amours perdues. Dès la sortie de l'ouvrage, celui-ci connaît un grand succès et certains critiques vont jusqu'à comparer l'écrivain à un Mistral ardennais. Mais à cette réussite succède chez Glesener une longue période d'attente : il mettra près de dix ans avant de publier un nouveau volume, même s'il ne reste pas inactif et donne occasionnellement des textes à Wallonia et à Durendal. Sans doute sa carrière lui prend-elle beaucoup de temps, puisque, très jeune, il gravit les échelons de la hiérarchie qui le conduiront à la direction générale des Beaux-Arts et des Lettres. Glesener est maintenant établi à Bruxelles, et c'est dans la capitale qu'il fait éditer, en 1913, Chronique d'un petit pays, en deux volumes : Monsieur Honoré et Le Citoyen Colette. Dans cet ensemble de huit cents pages, l'auteur cherche à se démarquer quelque peu du genre abordé précédemment, et l'on devine dans la première partie une mise en place, comme si un souffle devait se manifester pour animer le récit. L'importance du nombre de personnages qui traversent le roman lui en donne l'occasion, car c'est un microcosme populaire et sentimental que Glesener construit progressivement. L'histoire est celle d'un arriviste qui se sert des autres et des événements pour parvenir à la fortune et à la réussie sociale. Ses objectifs atteints, le héros fait les frais de son cynisme en perdant tous ses biens et sa position politique durement conquise. Ce livre, très différent du fragile Cœur de François Remy, révèle des qualités de conteur au long cours, et un sens de l'observation où l'ironie se mêle à la chronique piquante et acerbe. Mais le reproche du manque de concision qui lui est fait atteint Glesener. Il se tait à nouveau. De 1921 à 1926, quatre recueils paraissent coup sur coup : Le Chant des veuves et La Chevauchée des Walkyries (1921) sont suivis par Les Dytiques (1923) et par Au Beau Plafond ou l'Enfant prodigue (1926). Glesener a vécu douloureusement la guerre et la brutalité de l'occupant, comme en témoignent ces récits. En 1927, un nouvel ouvrage réconcilie l'auteur avec le roman. Une jeunesse comporte deux tomes : La Rose pourpre et La Flamme du cyprès. Leur contexte est celui de la haute bourgeoisie et fait penser à une «éducation sentimentale» brusquement interrompue par la mort, au combat, du personnage principal. En 1931, Marguerite est une petite peinture de mœurs qui décrit une aventure malheureuse dans le milieu de la prostitution. L'accent est mis sur la déchéance d'une jeune fille ardennaise qui ne trouvera dans la grande ville où elle se réfugie que la confirmation de son destin tragique. Glesener est proche ici du naturalisme, comme il l'a été de Flaubert dans les romans signés antérieurement. Trois recueils de contes s'ajoutent à la liste de ses publications, avant la seconde guerre mondiale : L'Ombre des sapins, en 1934, Entre les coteaux bleus, trois ans plus tard et Le Joug de feu, en 1940. Bien planté dans le décor wallon, cet ensemble met en valeur la ville natale de Glesener, qui insuffle à la description de Liège tout son amour du terroir et du cadre de sa jeunesse. C'est sans doute dans ces textes que se trouve le meilleur de la production de Glesener. Plus aucun ouvrage ne paraîtra de son vivant. L'Étoile de Bethléem, qui sort en 1952, apparaît comme le cri posthume d'un être écoeuré par les ravages de la guerre. Et, curieusement, cet écrivain qui se déclarait et se voulait laïc et agnostique, clôture son œuvre par un bref et déchirant appel à un vague christianisme primitif qui unirait les hommes. Edmond Glesener meurt à Ixelles le 25 avril 1951. Il était membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises depuis le 20 mai 1922.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Le cœur de François Remy"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Le silence

Un texte posthume comme un ultime inventaire évoquant notamment la mort imminente et l'amour…

Raconte-moi les pluies

La jeune Charlotte Janin débarque d’un bus sur la Plaza Mayor d’une petite ville mexicaine: «  Oasis formée de cubes miniatures et colorés, qui grimpaient sur les collines entourant le centre-ville  », Dolores «  portait bien son nom : ‘Douleurs’, petite ville asséchée suppliant dans la souffrance la pluie boudeuse  ». La pénurie d’eau est totale : «  121 jours de sècheresse. La municipalité ordonne des mesures de rationnement  », lit-on dans le journal.Charlotte vient enseigner à l’Institut français avec l’intention de s’éloigner d’une famille ardennaise d’un catholicisme rigide. Alexandre Cracosky, le directeur de l’Institut, est cultivé, ambitieux et exalté : quadragénaire passionné de sciences politiques, il professe des idées critiques sur l’ordre financier mondial et projette de devenir ambassadeur. Charlotte lui plaît. Il lui fait découvrir des curiosités locales, morbides, atroces même : un musée de momies, un combat clandestin entre deux chiens féroces. Il l’emmène sur la Colline des Loups visiter la maison de sa mystérieuse amie Gabriela.La belle Charlotte cède aux avances d’Alexandre qui écrit néanmoins des lettres enflammées à Gabriela. Mais la sècheresse vide la ville de ses touristes et bientôt de ses habitants. L’atmosphère se fait inquiétante. L’étrange prêtresse Madaé attire la foule en promettant de guérir tous les maux.Les élèves et les enseignants désertent peu à peu les cours. Alexandre part pour Paris, soi-disant pour solliciter du renfort et des budgets, mais en réalité pour se venger d’un complot dont il s’estime victime et dont il accuse notamment Charlotte. Sombrant dans une folie meurtrière, il est interné en France. Seule, sans ressources, sans eau, la jeune femme est sauvée in extremis de la folie et la mort, après un envol d’oiseaux inespéré qui précède de peu les premières gouttes.Dans Raconte-moi les pluies , Dolores est un corps social qui meurt de soif. La nature cruelle fait s’y déliter les destins humains, sans souci de leurs amours, de leurs souffrances et de leurs vies. La romancière belge d’origine mexicaine Maria de los Angeles Prieto Marin s’inspire avec subtilité du réalisme magique sud-américain pour conter une fable aux accents d’apocalypse silencieuse où la ville et ses habitants manquent de s’abimer dans la sècheresse de la terre. René Begon Partagez : Tweet E-mail Imprimer Articles similaires « La pluie est plurielle, dit-il. Il y en a d'infimes, si timides, qu'on se demande s'il pleut. Non, impossible, le soleil brille. Il y a des pluies sales, qui laissent des traces sur le pare-brise. Il y a aussi des pluies fatiguées, mais plus loin, un arc-en-ciel s'est formé, des lignes de couleur diffuses qui leur donnent la permission de s'arrêter et de prendre du repos. Il y a aussi les pluies de mars, les giboulées, brèves et sauvages. Cette pluie devient parfois de la grêle, comme si l'hiver s'accrochait à la terre, pour y rester. Les gouttes sont acérées et nous font mal. Les tempêtes en hiver tiennent dans la durée. Les oiseaux et les hommes se cachent, le vent frappe aux fenêtres, fait tomber les dernières feuilles jaunes et voler les tuiles des maisons. Des imprudents marchent dans la rue, les vêtements dégoulinent d'une pluie féroce. C'est un rideau de fer qui se referme, qui te coupe du monde tout autour. Une punition pour avoir vécu l'été et avoir oublié la saison froide. Je me souviens de cette pluie. Elle échappe aux parapluies, car les vents les retournent et mouillent les vêtements » C'est ainsi qu'Alexandre me raconte la pluie. Elle me manque. Ici, dans cette petite ville mexicaine, il y a une pénurie d'eau sans précédents. Des oiseaux meurent un peu partout et il n'y a pas une goutte d'eau aux robinets depuis des mois. Peu à peu, tout le monde s'en va : mes collègues de l'Institut français, mes amis et voisins. Les commerces ferment. Je me sens de plus en plus seule car même Alexandre, l'homme de qui je suis tombée amoureuse, s'éloigne de moi. Qui est Gabriela, cette femme qu'il admire tant ? Je dois le découvrir.…