L’écriture du théâtre dialectal mérite que l’on réfléchisse à ses enjeux, à ses contraintes, au statut même de la langue utilisée. Dans un premier article, Joseph Bodson a vanté les mérites d’une langue dialectale écrite « riante », « orissante ». Cette fois, Christian Robinet envisage quelques aspects liés à la problématique de l’adaptation au théâtre en wallon d’œuvres autant dialectales que françaises. *
Régulièrement, nous assistons dans nos salles à des spectacles de grande qualité. Plusieurs veines alimentent les répertoires travaillés par nos metteurs en scène et par les troupes au sein desquelles ils œuvrent. Pour l’essentiel, des pièces dialectales anciennes, revisitées, « dépoussiérées », remises au goût du jour, des pièces strictement contemporaines, adaptées le cas échéant d’un dialecte à l’autre, et des pièces émanant du répertoire comique français, en gros…
Auteur de L'adaptation en théâtre wallon et en français
Le Carnet, une année numérique
La nouvelle formule du Carnet et les Instants fête son premier anniversaire. L’occasion de dresser un bilan et d’inviter nos abonnés à (re)découvrir leur revue réaménagée.…
Les Cultures de la Belgique, vues par le réseau français au Maroc
Au Maroc, le réseau culturel français, animé d’une curiosité, voire d’une sympathie active pour la production belge (culturelle, éducative et linguistique) – surtout si elle garde le label belge –, a généré une reconnaissance diffuse de la « mode belge ». Le désir est bien là, de la valoriser dans les Instituts français, sans se l’approprier, en respectant son autonomie par rapport à la production française. Si la production se présente sous un label communautaire, c’est la production flamande qui recueille le plus de suffrage, conformément au principe d’empathie exotique qui veut que l’on accorde plus d’égard à ce qui vous ressemble le moins. La Francophonie, en tant qu’entité politique, ne bénéficie pas du même crédit. Certains responsables français n’hésitent pas, en réunion multilatérale, à se demander « ce que ce concept veut dire ». Ils prennent alors un ton incrédule, voire moqueur, et se lancent dans de longs questionnements sur la « littérature-monde ». D’autres toutefois, moins nombreux, adhèrent pleinement à l’entité multilatérale francophone et comprennent l’intérêt de se présenter – fût-ce une semaine par an – sous cette bannière, qui rassemble tout de même 200 millions de locuteurs. Et qui offre un bassin d’emplois attractif à ceux qui décident de se perfectionner dans cette langue. Dans les réunions multilatérales où se prépare la Journée internationale de la Francophonie, seuls les Belges et les Québécois valorisent une optique plus ludique, valorisant la créativité au risque de quelques entorses à la régularité de la langue. Sont alors proposés, parmi les poètes à faire découvrir aux étudiants maghrébins, les noms de Jean-Pierre Verheggen ou Robert Charlebois. La créativité que l’on s’autorise au Sénégal ou en Belgique par rapport à la langue convenue, apparaît souvent comme la première découverte de la liberté aux yeux des responsables locaux, formatés à la « langue unique ». C’est donc possible, puisque Sénégalais et Belges le font ! En matière littéraire, les plus novateurs des animateurs français s’autorisent à évoquer le rôle souvent castrateur d’une philosophie normative de la littérature, qui soumet la créativité à une référence centralisée du beau. Dans la foulée, les responsables éducatifs marocains envisageront alors de remplacer la dictée par une incitation à créer un journal d’école où les élèves peuvent exprimer, en français, une approche subjective du monde. Et tous ensemble s’ouvriront à l’idée de voir offrir aux lauréats du concours, à côté du Larousse et du Bescherelle, des chansons de Brel ou des bandes dessinées de Franquin. © Daniel Soil,…