La Fille démantelée


RÉSUMÉ

« Mais comment tue-t-on sa mère quand elle est déjà morte ? » Edmée va tenter de le faire en racontant leur histoire : chaque mot est un cri pour se délivrer de Rose, cette mère dans la lignée de Mme Lepic et de Folcoche. Elle va la mettre à nu et en tracer un portrait terrible. Dure, égoïste, Rose a été une enfant mal aimée. Et Edmée, dans ses tentatives d’élucidation, livre ici un violent réquisitoire contre une relation de haine et d’amour qui l’a marquée à jamais.


DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)

À PROPOS DE L'AUTRICE
Jacqueline Harpman
Autrice de La Fille démantelée
Née à Bruxelles, le 5 juillet 1929. Séjour au Maroc de 1940 à 1945. Candidature en médecine en 1951. Epouse de Pierre Puttemans, architecte, urbaniste, poète et critique d'art. Deux filles, études d'Histoire et de Polytechnique, mariées, mères de famille. Psychanalyse: Licence en psychologie à l'Université Libre de Bruxelles, en 1970. avec mémoire consacré au "Pronostic à l'aveugle sur des Rorschach de malades psychiatriques, avec comparaisons des tests en fonction de l'évolution des malades" dirigé par Mme Robaye. Psychologue clinicienne à l'Institut Fond'Roy, de 1968 à 1976. Entrée à la Société Belge de Psychanalyse en 1976. Full Member de la Société Belge de Psychanalyse et de l'Association Psychanalytique Internationale en 1987. Publications dans la Revue Belge de Psychanalyse et dans les Cahiers de Psychologie Clinique. Littérature: Romans et nouvelles. Bon, je vais faire un effort: J'ai commencé mon premier roman en 1940, à onze ans, alors que la famille partait pour le Maroc. Je me souviens parfaitement de son contenu: une petite fille, seule dans la maison, voyait tout à coup un rai de lumière sous la porte de sa chambre, et avait peur. Cela a fait une demi page de cahier d'écolier, puis mon inspiration s'est tarie. J'ignore tout à fait ce qui aurait suivi. A treize ans, dans un autre cahier, j'ai rédigé les projets des romans que j'écrirais quand je serais grande et que j'aurais acquis la maturité d'esprit nécessaire. Je pense qu'il y en avait vingt à vingt-cinq. J'ai perdu le cahier et je n'ai aucun souvenir de ce qui devait, plus tard, remplir ma vie d'adulte. Entre quatorze et seize ans, j'ai écrit une pièce de Marivaux - en moins bon - une nouvelle de Poe - en moins bon - un roman de Colette - en moins bon. Je n'étais, clairement, pas du genre précoce. Mais j'ai continué. Mon professeur de français, mademoiselle Barthe, m'a dit, des décennies plus tard, que plagier est la meilleure façon d'apprendre à écrire: j'ai été très fière d'avoir trouvé cela toute seule. Je suis une preuve vivante que l'obstination paie puisque à trente ans j'ai quand même fait quelque chose qu'un éditeur a jugé propre à être publié. Ce qui devrait faire de moi un parangon des valeurs morales. Bizarrement ce n'est pas ainsi que, le plus souvent, on me décrit.  

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:mère - "La Fille démantelée"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Ma femme écrit

Vincent, acteur de fortune et de notoriété moyenne, empêtré dans une famille chaotique où…

Un héritage d’amour

Un héritage d’amour . C’est le beau titre du dernier roman de Myette Ronday , bruissant…

Être son fils : parcours d’un enfant seul

Le récit d’ Isabelle Steenebruggen se présente comme une fiction inspirée de faits réels. Il retrace la biographie d’un narrateur s’adressant à une femme dont nous ne connaissons rien. Nous comprenons assez vite que nous allons lire un récit d’un homme mûr qui, tel Didier Eribon, nous relate sa vie avec une authenticité mâtinée d’un point de vue réflexif.Nous suivons ainsi le jeune Hidli, qui a grandi dans les terres cultivables au Sri Lanka avec une mère travailleuse, deux frères aînés et en filigrane, un père absent. Moins marqué par ses origines modestes que par le caractère bien trempé de sa mère, le héros se gorge de toutes les facettes de cette figure maternelle bienveillante avec qui il vit à son insu des moments fondateurs. Malheureusement, sa maman lui est arrachée beaucoup trop tôt par la maladie. La culture où il évolue fait peu de cas d’un enfant en deuil, c’est donc tout naturellement que le père part refaire sa vie ailleurs et que les deux frères prennent leur envol, laissant Hidli seul dans la maison familiale avec pour rôle d’accompagner sa mère dans l’au-delà. Terrassé par la déréliction et les repères brisés, il trouve un apaisement à sa détresse dans l’ivresse de l’alcool, alors qu’il n’a que treize ans. Terrible, cette période, tellement longue, tellement sombre ! Tout me faisait mal, respirer, parler, manger, marcher. Ne parlons même pas d’aller à l’école. Vivre n’était plus qu’une immense douleur que seul l’arack anesthésiait un peu, le soir. À l’époque, dans ce pays où on commençait déjà à tuer à tour de bras, le sort d’un enfant de treize ans abandonné à lui-même n’intéressait pas grand monde. Rien de ce que je vivais ne paraissait grave aux yeux de qui que ce soit, donc je n’en parlais pas. Seule Anusha semblait se rendre compte des ravages que ces chamboulements et ces disparitions causaient chez moi. Son parcours scolaire devient chaotique, il se laisse aller à la dérive, incapable de sortir de sa prostration, mais il a la chance de nouer de belles rencontres avec des personnes bienveillantes qui le traiteront avec dignité. D’aucuns le voient comme «  celui qui a mal tourné  », d’autres sont toutefois capables de comprendre ses silences et les blessures qui se cachent derrière. Consumé par le manque d’amour, Hidli se bat contre l’injustice et tente constamment de cheminer vers une vie meilleure, même si la honte et la culpabilité reviennent le tarauder lors de ses échecs, même si la violence et les exactions font rage dans son pays.Il grandit, devient un employé engagé dans la Croix-Rouge, un homme d’affaires accompli, un mari, un père. Nous lisons les grands tournants de sa vie, les nouvelles balises qui remplacent les repères perdus, mais également les histoires d’amours déçues, son attachement viscéral à son île, son désir de la quitter aussi et le réconfort constant de l’alcool. Malgré ses failles et ses évitements, il est toujours guidé par la lumière, sa seule obsession : s’en sortir. Je n’ai pas réfléchi ces soirs-là. Je sentais seulement qu’il y avait un moteur à l’intérieur de moi, qui m’indiquait ce que je devais faire. Ma grand-mère inerte sous les jets de pierres, les poules de Nimal qui hurlaient, terrorisées, la ruine de la famille, les odeurs d’essence et de chair brûlée, tout cela s’enchaînait dans un tourbillon de noirceur qui nous emportait tous, nous faisait dégringoler vers un enfer contre lequel il fallait lutter. Remonter à la surface, à tout prix, comme le jour où je me noyais. S’accrocher, s’agripper à la moindre prise pour remonter, pour éviter de se laisser emporter par la vague de haine. Sinon, nous allions tous y passer. Être son fils est un récit de fiction réaliste où l’histoire singulière du protagoniste est décrite avec minutie sur un fond historique tout aussi réaliste caractérisé par la violence des prémices d’une guerre civile. C’est à travers les sensations du héros que nous palpons l’ambiance sur son île, mais aussi les émotions qui ont forgé son caractère et ses décisions. Isabelle Steenebruggen nous offre ici un récit très sensible, authentique et lumineux d’une grande justesse sur le parcours remarquable d’un homme qui a louvoyé sa vie durant entre différentes formes de violences et qui a fait de son mieux pour avoir une vie décente.Une histoire qui fait résonner d’un accent particulier les propos de Jean-Paul Sartre : «  L’important ce n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous-mêmes nous faisons de ce qu’on a fait de nous  ». Séverine Radoux…