La culture en Hesbaye liégeoise : Étude ethnographique et dialectologique

RÉSUMÉ

«Pour mettre en oeuvre toute la richesse de l’idiome, les lexiques devraient abandonner l’ordre alphabétique et ranger les matériaux d’après les idées et les notions. C’est de cette façon que se manifestera le mieux le vocabulaire d’un patois local comme expression totale et organique de la mentalité d’un peuple…»

Cette opinion d’un grand romaniste justifie la conception du présent travail.

Puisque la valeur d’un mot dépend, non seulement du rapport du signifiant avec le signifié, mais aussi de son rapport différentiel avec d’autres mots, il est nécessaire de préciser la nuance de chacun en fonction et à l’aide des autres ; il est nécessaire d’allier ou d’opposer les divers concepts, les divers objets, les diverses activités, les diverses idées.

D’un autre côté, il apparaît aussi fort utile d’étudier et de décrire avec minutie la vie des hommes dont on examine le parler. Menées de pair, les deux études doivent apporter un résultat d’une valeur bien supérieure à celle du simple glossaire alphabétique puisqu’elles présentent un tableau plus fidèle de la réalité.

Ce n’est certes pas la première fois qu’est livré au monde des philologues, des dialectologues, des folkloristes, des ethnographes et des curieux un travail conçu selon cet esprit. Nous pourrions nous réclamer de divers auteurs, et notamment de W. Egloff qui étudia la vie du paysan dombiste. Mais c’est Le parler de La Gleize de L. Remacle qui a surtout déterminé la forme de notre travail.

Cependant à la différence de L. Remacle qui s’occupe de tous les aspects de la vie rurale dans une commune, nous nous en sommes tenu à l’étude d’une seule activité et, de plus, nous avons dépassé largement le cadre du village.

Car si l’on peut décrire la vie des hommes dans une zone restreinte — et tenter de remonter le cours des siècles à l’aide de documents — on peut aussi la considérer dans une aire plus vaste pour instaurer des comparaisons. Si nous avons choisi le deuxième genre de description, cela ne signifie pas que le premier présente moins d’intérêt.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Léon Warnant

Auteur de La culture en Hesbaye liégeoise : Étude ethnographique et dialectologique

Léon Warnant naît le 13 mars 1919 à Oreye en Hesbaye liégeoise. Il enseigne la linguistique à l’Université de Liège. Pendant ses études, grandement attaché au wallon de sa région, il rédige un mémoire en dialectologie qu’il approfondit dans sa thèse de doctorat. Cette dernière, intitulée La culture en Hesbaye liégeoise. Étude ethnographique et dialectologique, est récompensée et publiée en 1949 par l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Un peu plus tard, il remporte le Prix biennal de Littérature wallonne de la Ville de Liège de 1953 pour son recueil de poèmes Blames èt foumîres.  Léon Warnant entreprend des recherches en dialectologie et rédige deux dictionnaires : un Dictionnaire de la prononciation française dans sa norme actuelle (1962) et un Dictionnaire des rimes orales et écrites (Larousse, 1973). Le premier comprend plus de cinquante mille mots et trente-trois mille noms propres français et étrangers. Afin de réaliser un tel ouvrage, il s’appuie sur le français parlé à Paris par les locuteurs les plus cultivés. En outre, dans ce dictionnaire de la prononciation française, l’auteur propose des tables de correspondances de traits phonétiques français avec ceux de vingt-quatre langues étrangères parmi lesquelles figurent l’anglais, le chinois, l’allemand ou encore l’hébreu.   Son œuvre littéraire est vaste et appréciée du public ; elle est composée de productions en prose, en vers et de pièces de théâtre en wallon. Ces dernières sont d’ailleurs largement représentées et diffusées, à la télévision notamment. Warnant écrit notamment les pièces Li Dictateûr (1960) et Sale 1417 (1961), qu’il signe du pseudonyme Léon Noël. Son engagement en faveur de la langue wallonne lui vaut d’être élu membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes.  Le 20 avril 1996, Léon Warnant décède à Liège à l’âge de septante-six ans.  

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