La conférence de Charleroi


RÉSUMÉ
“Et l’on pourrait ici s’extasier à bon droit sur les vertus thérapeutiques de la musique ou sur sa docilité aux mains des guérisseurs. Mais l’on peut aussi en venir à penser­­­­, qu’à l’image des remèdes les plus efficaces, elle doit être ce que l’on nomme une arme à double tranchant. Témoins, les singuliers malheurs de ce magicien hindou, condamné par un empereur cruel à éprouver sur lui-même les terribles vertus du chant de la flamme, et que ne sauva nullement la ruse qu’il avait imaginée de ne chanter qu’immergé jusqu’au cou dans l’eau d’un fleuve. Dès que la voix s’éleva, l’eau se prit à bouillir, puis la flamme monta qui, aux dernières notes, achevait de dévorer le chanteur.”
La musique est mystère, la musique est danger, mais surtout, la musique reste possibilité. Il ne s’agit pas d’un spectacle reçu passivement, le temps de se divertir. Au contraire, elle déborde toujours du cadre de l’écoute pour créer chez l’auditeur des passions nouvelles, capables de modifier le cours de sa vie.

Avec cette conférence prononcée le 20 janvier 1929, à l’occasion d’un concert du surréaliste André Souris et d’une exposition de tableaux de René Magritte, Paul Nougé signe l’un des textes majeurs du surréalisme. À la hauteur des manifestes du mouvement, La Conférence de Charleroi est à la fois une théorie artistique, une philo­sophie générale et un pamphlet politique à même de remettre en cause le classicisme comme les avant-gardes.
L’originalité, la sincérité et le rejet des normes, voilà les moteurs de Nougé, dont les idées foisonnantes influencèrent Guy Debord et les lettristes. Avec un esprit d’une indépendance rare, l’écrivain tourne le regard vers les espaces qui restent à explorer par les artistes de tous horizons. Ne soyez sûr que d’une chose : “Il est certain­­­­­ que la musique est dangereuse.”
https://www.editions-allia.com/fr/livre/864/la-conference-de-charleroi

À PROPOS DE L'AUTEUR
Paul Nougé
Auteur de La conférence de Charleroi
Paul Nougé, né à Bruxelles le 13 février 1895 et mort à Bruxelles le 6 novembre 1967, est un poète belge, instigateur et théoricien du surréalisme en Belgique, le « Breton belge », a-t-on dit. Né de père français d'origine charentaise et de mère belge, Paul Nougé suit l'enseignement du lycée français de Bruxelles puis s'engage en 1909 dans des études de chimie biologique et travaille de 1919 à 1953 comme biochimiste dans un laboratoire médical. Il est en 1919 membre fondateur du premier Parti communiste belge. En novembre 1924 il crée la revue "Correspondance" qui publie 26 tracts jusqu'en septembre 1925, avec la collaboration de Camille Goemans et de Marcel Lecomte, exclu en juillet 1925. Nougé rencontre la même année les surréalistes français, Louis Aragon, André Breton et Paul Éluard, signe ainsi le tract "La Révolution d'abord et toujours", et fait en 1926 la connaissance de Louis Scutenaire. Nougé et Goemans, René Magritte et E. L. T. Mesens se rapprochant, septembre 1926 marque l'ébauche de la constitution du groupe surréaliste de Bruxelles à travers la confection de tracts communs, auxquels André Souris s'associe. Nougé compose en 1927 des détournements des exemples du manuel de grammaire de Clarisse Juranville, illustrés de cinq dessins de Magritte, et préface l'exposition de Magritte à la galerie "Le Centaure" de Bruxelles. En 1928 il fonde la revue "Distances", rédige les textes poétiques du catalogue d'un marchand de fourrures, illustré par Magritte ("Le catalogue Samuel", réédité par Didier Devillez éditeur, Bruxelles, 1996) et la préface d'une exposition de Magritte à la galerie "L'époque" (signée par les "complices" Goemans, Mesens, Lecomte, Scutenaire et Souris) puis prononce en janvier 1929 à Charleroi une conférence sur la musique qui accompagne un concert dirigé par André Souris et une exposition de Magritte ("La conférence de Charleroi", publiée en 1946). Entre décembre 1929 et février 1930 Nougé réalise dix-neuf photographies qui seront publiées en 1968 sous le titre "Subversion des images". En 1931 il préface l'exposition qui suit le retour de Magritte à Bruxelles. Des extraits des "Images défendues" sont publiés en 1933 dans le cinquième numéro du "Surréalisme au service de la Révolution". En 1934 Nougé cosigne "L'action immédiate" dans "Documents 34" dont Mesens est le rédacteur, en 1935 "Le Couteau dans la plaie" et publie en 1936, dans "Les Beaux-Arts" de Bruxelles, René Magritte ou la révélation objective. Il est alors avec Mesens à l'origine de l'exclusion du groupe d'André Souris. Mobilisé en 1939 à Mérignac puis à Biarritz, lors de la guerre, comme infirmier militaire, Nougé préface en 1941 une exposition, rapidement fermée par les Occupants, de photographies de Raoul Ubac à Bruxelles (L'expérience souveraine) et publie en 1943 le texte complet de René Magritte ou Les images défendues. Sous le pseudonyme de Paul Lecharantais il préface en janvier 1944 une nouvelle exposition de Magritte critiquée par les collaborateurs du nazisme. En 1945 Nougé participe à l'exposition "Surréalisme" organisée par la galerie des éditions La Boétie de Bruxelles puis, en 1946, fait paraître La Conférence de Charleroi et, sous le titre Élémentaires une préface pour l'exposition de Magritte ("le surréalisme en plein soleil") à la galerie Dietrich. Paul Nougé meurt à Bruxelles le 6 novembre 1967.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:musique - "La conférence de Charleroi"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Présence au monde. Essai sur la poétique de Georges Thinès

«  Il importe de voir toujours plus haut, toujours plus loin, pour atteindre une vérité sans doute quasi inaccessible.  »La première phrase donne le ton de l’essai que Valérie Catelain consacre à Georges Thinès, et qui paraît quelques semaines après la mort de celui-ci, le 25 octobre 2016 , sous le beau titre Présence au monde .Une présence intense, portée par une curiosité et une exigence indéfectibles. Homme de sciences et écrivain, Georges Thinès nous laisse une œuvre multiple, foisonnante, qui allie l’art d’écrire et la passion de la connaissance.Quelques repères sur le chemin d’une vie : né à Liège en 1923, il a connu une enfance heureuse en Campine dont le paysage s’est fixé en lui. Marquée par l’empreinte du père ingénieur, merveilleux pédagogue, qui l’initie aux sciences naturelles lors de leurs promenades dans la campagne, lui apprend les langues pour lesquelles l’adolescent manifeste un don certain, qu’épingle Valérie Catelain : «  Georges Thinès peut enseigner ou écrire avec la même faconde en français, en néerlandais, en anglais ou en allemand, mais encore, improviser un discours en latin ou en grec ! Il a écrit une série de poèmes latins – de superbes hexamètres dactyliques – sous le pseudonyme de Vulturnius, qui ont mystifié plus d’un philologue chevronné.  »Son père l’ouvre aussi à la musique : dès ses dix ans, il commence l’étude du violon, qui ne le quittera plus. La musique le pénètre, l’exalte, comme la littérature.Georges Thinès enchaîne humanités gréco-latines, qu’il achève à Bruxelles où la famille s’est installée ; candidature en philosophie et lettres à la faculté Saint-Louis ; licence en psychologie à l’université de Louvain.«  Le choix de la psychologie , observe l’auteur, représente un tournant décisif parce qu’il y voit le moyen de concilier intérêts philosophiques et intérêts scientifiques.  »Il fonde en 1965 le Centre de psychologie expérimentale et comparée de l’université et, deux ans plus tard, la faculté de psychologie.Parallèlement, il s’est lancé dans des recherches en éthologie dont il deviendra un spécialiste reconnu, premiers jalons d’une œuvre scientifique largement centrée sur le comportement animal, dans la ligne de Konrad Lorenz. Œuvre couronnée par le prix Francqui en 1973. Professeur visiteur à de nombreuses universités (Copenhague, Southampton, Cracovie…) et au Collège de France, Georges Thinès est élu en 1979 à l’Académie royale des sciences de Belgique. Un an après son élection à l’Académie de langue et de littérature, au fauteuil de Marcel Thiry.Ainsi était saluée l’œuvre littéraire, qui débutait par un recueil de poèmes aux éditions des Artistes, en 1959, Poésies , mais embrasse tous les genres.Le roman, dont il disait se méfier, ce qui ne l’empêchera point d’en écrire plusieurs, qui le révèlent «  romancier de l’enfance et de l’ambiguïté du réel  » : Les effigies , Le tramway des officiers , prix Rossel 1974, L’œil de fer , La face cachée …Le récit : La statue du lecteur , Le désert d’Alun …La nouvelle : L’homme troué , Le quatuor silencieux …La poésie : L’aporie suivi de Stèle pour Valéry , le poète dont l’influence fut déterminante, Théorèmes pour un Faust , Connaissance de l’Erèbe , L’exil inprononcé , Mer intérieure …Le théâtre, souvent insolite : Orphée invisible , La succursale , L’horloge parlant. L’essai : Le mythe de Faust et la dialectique du temps , un mythe qui a hanté Georges Thinès et dont il propose une vision résolument originale, Victor Hugo et la vision du futur , Rimbaud, maître du feu …Ce parcours brillant, fêté, honoré, Georges Thinès le considérait d’un œil serein : «  Je n’ai pas cherché le succès, mais toutes les récompenses m’ont été offertes : le prix Francqui pour mon œuvre scientifique, le prix Rossel pour un roman, l’élection aux Académies… J’ai toujours voulu être gagnant, je le reconnais, mais pour la bonne cause, celle de la création intellectuelle.  »L’auteur sonde les différentes formes qu’a prises l’écriture de Georges Thinès, «  vécue comme une aventure au cours de laquelle la vie se recrée  ».Dégage des thèmes majeurs : entre tous, le temps («  La fatalité du temps détermine l’irrésistible impulsion à écrire. Écrire revient à refuser l’oubli, à contrer la mort, c’est recomposer d’instant en instant le monde qui se désagrège sans fin autour de soi  »).La musique, dont la présence est constante (Mozart, Beethoven, Schubert, Mahler…). Mais aussi «  la précarité des civilisations, la fascination que leurs traces laissent à notre méditation, la recherche du père  ».S’il n’a jamais été attiré par la poésie surréaliste, l’écrivain a été sensible aux  enjeux de ce mouvement ; à ces « perpétuels chevauchements entre le monde réel et le monde du rêve  ». À la peinture surréaliste aussi, singulièrement celle de Magritte.Sur les pas de Valérie Catelain, nous retraversons une œuvre qui s’apparente à une réflexion vivante, inépuisable, appuyée sur la quête essentielle de la connaissance, et au cœur de laquelle se conjuguent création artistique et métaphysique. Le mystère poétique et l’idée philosophique.«  Vivre est aussi sans doute rêver ce que l’on vit. La vision intérieure a bien plus de consistance que la réalité.  »…

Anthropogénie

Auteur d’ouvrages majeurs, Philosophie de la photographie, Histoire photographique de la photographie,…