Les mondes et langages que crée Hélène Cixous seront interrogés sous le prisme de la genèse de l’écriture, de ses scènes primitives. Active dans l’oeuvre de Cixous, la question du « qu’estce qu’écrire ? » recoupe le motif central du « livre que je n’écrirai pas ». Où l’on tournera autour de l’invention d’une langue, le cixous, de l’injonction de phraser, de l’écriture féminine en tant qu’excès, dépense, ancrage dans le corps, des constellations électives où bruissent les voix de Clarice Lispector, Ingeborg Bachmann, Marina Tsvétaïeva. De la littérature comme chamanisme et comme puissance alchimique.
Parfois, l’on comprend la nécessité impérieuse qui voudrait que seuls les écrivains soient habilités à parler d’autres écrivains. Le livre de Véronique Bergen sur Hélène Cixous en est une preuve probante. Paru dans une collection académique, cet ouvrage se démarque par sa langue virtuose. Cependant, la force de l’analyse qui y est déployée n’est en rien déforcée par la présence entêtante du style singulier de l’auteur de Kaspar Hauser ou la phrase préférée du vent : au contraire, ce livre éclaire avec finesse une œuvre aussi complexe que souvent jugée peu accessible, alors que les livres de Cixous sont, comme les décrit Bergen, « textes de vent et de soleil turquoise ».C’est au cœur même de ce…
Pierre ALECHINSKY , Ambidextre , Gallimard, 2019, 464 p., 102 illustrations, 39 €, ISBN : 978-2-07-286842-9Mais…