Personne – personne ! – ne peut tout à fait comprendre le sentiment d’appartenance qui nous habite, nous les insulaires. Une fois partis, malgré les bombes, malgré les chairs éparpillées, malgré les voitures sans plaque d’immatriculation qui engloutissaient des gens la nuit en silence, malgré les squelettes des disparus cachés loin de leurs familles, malgré les massacres si nombreux qu’on en perdait le compte, l’île étendait ses tentacules par-delà les océans pour récupérer ses enfants et, par un maléfice qui tenait de la sorcellerie, les capturait, les ramenait à elle de leur propre volonté.
L’histoire presque vraie d’un jeune garçon seul, au parcours à la fois chaotique et riche. Se perdre dans l’alcool, s’oublier, se retrouver, côtoyer la mort et vivre sa vie pour tenter d’être.
Auteur de Être son fils : parcours d’un enfant seul
Le récit d’Isabelle Steenebruggen se présente comme une fiction inspirée de faits réels. Il retrace la biographie d’un narrateur s’adressant à une femme dont nous ne connaissons rien. Nous comprenons assez vite que nous allons lire un récit d’un homme mûr qui, tel Didier Eribon, nous relate sa vie avec une authenticité mâtinée d’un point de vue réflexif.Nous suivons ainsi le jeune Hidli, qui a grandi dans les terres cultivables au Sri Lanka avec une mère travailleuse, deux frères aînés et en filigrane, un père absent. Moins marqué par ses origines modestes que par le caractère bien trempé de sa mère, le héros se gorge de toutes les facettes de cette figure maternelle bienveillante avec qui il vit à son insu des moments fondateurs. Malheureusement, sa…
"Paul Corneille avait quarante ans, on lui en donnait cinquante, et cependant…