Émile Claus : Le vieux Jardinier

RÉSUMÉ

En 1885, le peintre belge Émile Claus fixe sur sa toile l’image d’un vieil homme au pas de sa porte, un bégonia dans les mains. Le Vieux Jardinier a pris forme dans la lumière éclatante d’une matinée estivale, offrant un portrait saisissant. Christine Van Acker éclaire, dans une langue métaphorique, le coup de pinceau innovant de l’artiste qui saisit le jeu d’ombres et de lumières que crée le soleil. L’écrivaine imagine le labeur de ce vieil artisan, qui se devine dans ces mains usées par la terre, et nous raconte la simplicité de son quotidien, loin des préoccupations modernes.

Et le jardin, derrière, comme un havre de paix fourmillant de vie, qui invite à s’y faufiler. Une nature, belle et éphémère, qui est née avec le soleil et disparaîtra avec lui. Par le biais de l’art, ce livre nous invite à nous plonger dans le passé et à se confronter à « d’autres aujourd’hui, manières différentes d’être présents au monde ».

À PROPOS DE L'AUTRICE
Christine Van Acker

Autrice de Émile Claus : Le vieux Jardinier

Christine Van Acker est née à Lobbes en 1961 dans une famille de bateliers. Elle réside désormais en Gaume. Écrivaine, elle touche à tous les genres (roman, théâtre, essai, poésie, fiction radiophonique) et s’attache à en brouiller les frontières. Lauréate d'une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse découverte (jeunesse), 2013 Lauréate d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse d'appoint (littérature générale), 2022 Lauréat d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse de création (littérature générale) , 2024
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Dans la très belle collection « Ekphrasis » des Éditions Invenit, basée sur le principe du dialogue entre un écrivain et une œuvre muséale, Christine Van Acker décline un texte floral-cosmique, d’une écopoésie subtile, consacré au tableau Le vieux jardinier du peintre Émile Claus. C’est à partir du rayonnement d’Hélios qu’elle approche cette œuvre exposée à La Boverie à Liège et qu’elle déroule un texte-tournesol autour d’un artiste qui fut une des figures marquantes du luminisme. La confrontation relève de multiples registres : du registre existentiel dès lors que l’éclat héliaque du Vieux jardinier « sauve des vies », sauve « quelques mois » de celle de l’autrice au creux de l’hiver…


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