Écrire après Auschwitz ? Comment imaginer écrire, nommer l’innommable ?
Pierre Mertens nous invite à lire ces auteurs qui, revenus des camps de la mort, ont pris la parole. Il se penche autant sur leur façon de la prendre que sur leur mise en mots de l’abject.
Si, pour le philosophe Adorno, « l’art – et plus particulièrement la poésie – apparaissait comme impensable après Auschwitz », des auteurs ont pris le parti contraire : Paul Celan, Primo Levi, Robert Antelme, Jean Cayrol, Jorge Semprun, Micheline Maurel, Soazig Aaron et enfin Imre Kertész, récemment consacré par le Jury du prix Nobel.
Chacun de ces auteurs a écrit les camps en un langage propre et, paradoxalement, certains de ces passages par la fiction restituent plus de vérité encore qu’un témoignage.
Auteur de Ecrire après Auschwitz : Jorge Semprun, Primo Levi, Jean Cayrol, Imre Kertesz
Cet ouvrage, dont la publication a été dirigée par Ginette Michaux, rassemble les conférences de trois des quatre auteurs invités à la session 2001 de la Chaire de Poétique de l'Université catholique de Louvain, qui avait pour thème "Histoire et fiction". A côté du texte de Pierre Mertens figurent les contributions de Jacques Sojcher et Jean Claude Bologne.Trois auteurs nous parlent de leur oeuvre tissée d'Histoire. Les écrits de Jacques Sojcher échappent à la loi des genres, traversés qu'ils sont par le sans-loi du génocide nazi qui a détruit son père. Pierre Mertens s'est forgé, très jeune, le projet romanesque qu'il poursuit toujours, parce qu'il a dû apprendre à se taire en même temps qu'il apprenait à parler. Jean Claude Bologne nous livre une typologie de ce que peuvent être aujourd'hui les rapports de la fiction à l'Histoire, ancienne et contemporaine. Savez-vous ce que c'est qu'un survivant ? C'est un miraculé de l'Histoire, un rescapé par hasard d'un accident planétaire, car la mort d'un seul être est cosmique et l'assassinat de six millions de femmes, d'hommes et d'enfants, apocalyptique. Jacques Sojcher Mes personnages sont toujours des reconquérants, ce ne sont pas des conquérants, ce sont des gens qui ont quelques chose à regagner. Ils ont tous, au départ, perdu quelque chose, ils sont en faillite, ils se mettent quelquefois en banqueroute, mais c'est pour avoir à reconquérir le terrrain perdu. Et quelquefois, ils y arrivent. Pierre Mertens En fait, notre vision de l'histoire et de la Vérité historique est à l'image de notre perception judéo-chrétienne du monde. Comme Dieu, la réalité mise en scène dans le roman est absolue et transcendante. Mon opposition aux…
Lamartine critique de Chateaubriand dans le Cours familier de littérature
À propos du livre (4e de couverture) Les historiens contemporains des lettres françaises de Belgique tiennent avec raison que La Légende d'Ulenspiegel en est le livre fondateur. Toute fondée qu'elle soit, cette assertion a tardé à prendre forte d'évidence. Lorsque Charles De Coster fait paraître sont livre, en 1867, seuls quelques lecteurs perspicaces y prêtent attention sans parvenir à lui assurer une quelconque reconnaissance. Et c'est aussi pauvre qu'inconnu que l'écrivain meurt en 1879. Il est vrai que «La Jeune Belgique», quinze ans plus tard, reconnaît son rôle, mais le statut de son livre n'en est en rien changé : il a peu de lecteurs, il n'est pas pris au sérieux. Tel n'est pas le cas du jeune Joseph Hanse dont l'Académie royale de langue et de littérature françaises s'empresse, dès 1928, de publier la thèse de doctorat consacrée à Charles De Coster et dont Raymond Trousson écrit aujourd'hui dans sa préface : «Ce coup d'essai était un coup de maître. Soixante-deux ans après sa publication, ce livre demeure fondamental, indispensable à quiconque entreprend d'aborder l'uvre magistrale qu'il mettait en pleine lumière.» Devenu introuvable, enfin réédité aujourd'hui, le Charles De Coster de Joseph Hanse, qui a ouvert la voie à toutes les études ultérieures et internationales sur le sujet, fera figure, pour beaucoup, d'une découverte et d'une…