RÉSUMÉ

Édition établie et présentée par Roland MortierÀ propos du livre

Le prince de Ligne (1735-1814) s’impose aujourd’hui comme une figure de proue de la culture européenne à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.

Le paradoxe du prince Charles-Joseph de Ligne est d’être à la fois célèbre par la place qu’il occupe dans la société européenne du XVIIIe siècle et méconnu en sa qualité d’écrivain. Celle-ci se réduit souvent, jusque dans l’opinion…

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Lire un extrait (Premier cahier de Fragments de l'histoire de ma vie) L'année de ma naissance me paraît extrêmement incertaine, puisque peu ou point baptisé, ou légèrement peut-être par l'aumônier du régiment de mon père, j'ai perdu un procès qui dépendait de mon extrait baptistaire qu'on n'a pas trouvé. Ce que je sais, c'est que je suis né avant 1740, et qu'à peine j'entendis parler du prince Eugène mort. Il n'y avait pas longtemps que je voulais, disais je, tout petit que j'étais, le remplacer. Ce fut là la première pensée que je me rappelle; la seconde qu'on faisait la guerre dans ce temps-là : et cela me montait la tête. Je me souviens que l'on parla devant moi de la bataille de Dettingen où Ligne-Infanterie et Ligne-Dragons avaient fait des merveilles. J'entendis le feu de la bataille de Fontenoy, et je vis celui des sièges de Mons, Ath, Saint-Ghislain. J'étais à celui de Bruxelles, où mon père, mon oncle furent faits prisonniers de guerre. Quoique très petit encore, je me souviens d'avoir vu des dragons de Ligne venir se faire récompenser par le prince Ferdinand, en sortant des coups de fusil. Il me semble, en vérité, avant cela, que j'ai été amoureux de ma nourrice, et que ma gouvernante a été amoureuse de moi. Mlle du Corron, c'était son nom, me faisait coucher toujours avec elle, me promenait sur toute sa grosse personne, jouait avec moi de bien des façons, et me faisait danser tout nu. En attendant qu'on trouvât un autre précepteur, qu'on devine ceux entre les mains de qui l'on confia mes neuf ou dix ans : les pages de mon père. C'étaient deux barons de Hayden, qui sont morts officiers d'état-major de son régiment, il n'y a pas bien longtemps. Le dernier y servit comme capitaine en même temps que je l'étais. Sachant bien qu'ils ne pouvaient m'apprendre que l'exercice, car ils étaient déjà au régiment, ils venaient de Mons pour cela : et le baron Charles me montrant comme il fallait bien viser au coeur, m'ajusta, tira avec un fusil chargé de trois balles (car il avait été à la chasse au loup, et l'avait cru déchargé) et me manqua, l'amorce seulement ayant pris feu. Je grandissais. J'exerçais. J'allais à l'affût avec un petit fusil, et à la pluie sans chapeau. On m'apprenait à n'avoir peur de rien. Je tombai une fois du würst, entre les roues, et presque sous les pieds des chevaux; et je n'en eus ni crainte, ni mal. Des femmes ayant passé à un abbé élégant, de là en attendant aux pages devenus officiers, me voici à un bon prêtre qui s'appelait l'abbé Fervaques. Ce fut le seul de mes précepteurs qui croyait en Dieu. C'était un vrai curé de campagne. Il disait son bréviaire, dessinait, allait tirer ou prendre des cailles, me faisait porter sa poudre et son plomb et ramasser son gibier. Je le disputais à son petit épagneul. Cela me rendait leste. Je grandissais. On trouva que mon abbé ne m'apprenait rien qu'à apporter. On le renvoya chez lui. On eut encore recours au collège de Louis-le-Grand. Les successeurs des Porée, des Bouhours, des Bougrand me choisirent un de leurs excellents sujets. Il n'attaqua pas mes moeurs directement. Mais sa négligence à laisser traîner ses livres me rendit bientôt aussi habile que lui. Je trouvai dans un tiroir Les Amours du Père de la Chaise, Les Amants heureux, Thérèse philosophe et Le Prince Apprius en manuscrit, dont M. du Port du Tertre (c'est le nom de mon gouverneur) était lui-même l'auteur. Ces ouvrages firent beaucoup de bien à mon esprit, très peu à ma croissance. Mon dernier abbé chassait. J'apportais. Je grandissais. Son successeur écrivait. Je lisais. Je fus deux ans sans grandir. Mais que de choses à la fois s'élevèrent dans mon âme. Elle était trop petite pour les contenir. Mon gouverneur s'en aperçut. Je devenais inquiet, paresseux, distrait. La nature commençait à m'expliquer une partie de mes réflexions et de mes lectures. Je ne pouvais faire d'application que sur moi-même. M. du Tertre, père du garde des Sceaux des premiers temps honteux de la France, m'accabla d'ouvrages. Il travaillait à l'histoire des conspirations, conjurations et révolutions de l'Europe, ouvrage excellent que l'on connaît. Je devins son copiste. Il me consultait presque comme Molière consultait sa servante. Je profitais beaucoup. On accusa M. du Tertre auprès de mon père de vouloir faire des gens de lettres et des églogues dans le village où il trouvait quelques bergères à son gré. Me voici de nouveau dans d'autres mains. Un chevalier des Essarts, gentilhomme bien borné, brave officier revenant de la guerre de Bohême et de Bavière qu'il racontait toujours, se chargea de me donner une éducation dont il avait besoin lui-même. Le siège de Prague, la sortie, l'escalade me tournaient la tête. Je croyais devenir tout au moins un maréchal de Saxe. Il n'avait qu'un seul livre, les fables de Phèdre, et me les faisait apprendre par coeur, allant se promener à cheval. Une fois qu'il voulut me rosser pour n'avoir pas assez de mémoire, je lui sautai à la figure. J'allai chercher ma petite épée pour me battre avec lui. On me sépara de ce pauvre mentor ignorant et colère. C'est, après mon second abbé, celui dont j'ai fait le moins de cas. Cependant [pendant] ses cavalcades et surtout son exercice de manège (car il était officier de cavalerie), je m'échappais quelquefois et voulus, sans pouvoir réussir, mettre en pratique avec les petites filles de mon âge la théorie de mon gouverneur précédent. Mais maladroit dans les expériences que je voulais faire, je fus forcé de retourner à celles qui ne dépendaient de personne. Les jésuites et la cavalerie ayant si mal répondu aux intentions de mon père pour faire de moi un petit prodige, il se jeta dans un parti tout opposé. Un successeur des Arnauld, des Pas-cal, aussi éclairé, aussi enthousiaste, aussi éloquent, aussi sublime que la meilleure compagnie de Port Royal, fut choisi pour mettre la dernière main à mon éducation. La dernière, disait-on; mais que de mains s'en mêlèrent encore ! Il s'appelait M. Renault de la Roche Valain, était grand disputeur, profond théologien, et appelait le prédicateur du village un corbeau croassant dans l'église de Dieu. Celui-ci avait beaucoup de crédit sur l'esprit de mon oncle, petit maréchal fort borné. Celui-là fut accusé d'être janséniste. Je vois encore deux ânes chargés de Saint-Augustin, de quelques autres Pères de l'Église et de la Bible, arriver avec le gardien du couvent d'Ath, pour confondre mon gouverneur. Il eut raison. Il n'en fallut pas davantage pour qu'il eût tort. La cabale monacale me priva d'un homme rempli de lumières. J'avais été moliniste sans le savoir avec mes deux jésuites qui m'avaient entretenu de Mme Guyon, de Fénelon et du quiétisme ; j'étais devenu janséniste de même avec mon ex-oratorien qui ne me parlait que de Bossuet et me donnait à lire le catéchisme de Montpellier, l'Ancien Testament de Mézangui, l'Histoire des variations, etc. Les premiers m'avaient rendu savant sur Molina et Molino. L'abbé dont j'ai parlé, le seul qui crût en Dieu, m'avait donné à lire Marie Agreda et Marie Alacoque. Et avec toute mon érudition ecclésiastique, je ne savais pas un mot de la religion. On s'en aperçut parce que j'avais quatorze ans et qu'on me parla de me faire faire ma première communion. J'allai tout apprendre, tout, depuis la création jusqu'aux mystères, chez le curé du village. Il me dit qu'il n'y comprenait rien non plus que moi. Je crus au christianisme, dont on ne m'avait jamais parlé : et je fus dévot pendant quinze jours. Mon père, craignant que toutes ces controverses ne m'eussent gâté l'esprit, eut encore recours à l'armée française pour former mes moeurs et ma religion. Il se ressouvint que le chevalier des Essarts avait été déiste, et moi aussi, par conséquent, avec lui. Il demanda à un chevalier de Saint-Maurice, qui était capitaine des housards de la Morlière, s'il était déiste aussi. Celui-ci lui assura que non. Il le prit pour mon gouverneur. Le chevalier ne mentait pas, car il était athée : et nous voilà athées, ou plutôt ne pensant à rien de tout cela. Il pensait bien plus à moi qu'à Dieu. J'étais à la vérité fort joli. Le chevalier des Essarts m'avait trop peu aimé. Le chevalier de Saint-Maurice m'aimait trop, à ce qu'on disait. Nouveaux caquets, murmures, plaintes, accusations dans la maison. Voilà encore mon vieux petit oncle en train. Ce n'étaient plus les écrits de saint Augustin qu'il fallait avoir pour confondre mon gouverneur. C'étaient les miens et ceux de M. de Saint-Maurice. Pour en avoir, il le mène à la campagne, d'où il se doute qu'il m'écrira. Il intercepte sa lettre qui, à la vérité, était extrêmement tendre. Il y avait des plaisanteries sur sa bosse et sur une vierge renommée dans le pays, où il l'obligea d'entendre la messe, chemin faisant. Me voilà encore sans gouverneur. Les occupations de tous ceux que j'avais eus auprès de moi ne l'avaient fixé à aucune. Celle de l'histoire était pour moi un objet continuel de travail. J'étais fou d'héroïsme. Charles XII et Condé m'empêchaient de dormir. Il me semblait que je devais l'emporter sur eux. Je me pâmais sur Polybe. Je commentais les Commentaires de Folard. On parlait de guerre. J'avais fait promettre auparavant à un M. de Chaponois, capitaine dans Royal-Vaisseaux de garnison à Condé, de m'engager dans sa compagnie. Je serais déserté de chez mon père : et sous un nom inconnu je me faisais déjà un bonheur inexprimable de n'être reconnu qu'après les faits les plus éclatants. Au lieu de ce beau projet, un gouverneur beaucoup plus sage que les autres, et qui malheureusement ne donnait aucune prise sur lui, arriva pour me morigéner. Il seconda mon goût pour l'étude ; il la partagea de manière à la faire fructifier et me donna pour délassement celle de mes auteurs militaires, parmi lesquels je commençai à prendre, parmi eux, la place, quoique très mince, que j'occupe encore. M. de la Porte (c'est le nom de ce gouverneur) fut le troisième ex jésuite que j'eus auprès de moi. Il m'apporta du collège Louis-le-Grand toute cette fleur d'humanités, de littérature et d'urbanité qui fait le charme de ma vie; et formant mon âme en même temps que mon esprit, il acquit d'autant plus droits à ma reconnaissance que je crois que, si je valais quelque chose, ce serait à lui que je le devrais. J'ai eu de bien bonne heure quelques petits doutes, mais Mon-sieur de la Porte me rendit un peu plus catholique, et tant pour la santé du corps que de mon âme, me fit naître même quelques scrupules. Mon docteur de l'Église avait eu du goût pour sa blanchisseuse. Je l'avais remarqué. Saint-Maurice… je l'ai déjà fait entendre. Mais M. de la Porte, par principe et hypocondrie peut-être, était de bon exemple. Cela fit que lorsque j'avais couru après une lingère qui s'appelait Marie Anne, je demandais moi-même à aller à confesse et que je trouvai toujours trop peu de choses la pénitence de M. le curé. Je me rappelle avant cela (c'était sous le règne de l'abbé Fervaques) l'usage que je fis de ma première petite épée. Je la regardais tant que des polissons de mon âge se mirent à rire. Je m'en aperçus et, songeant à la vengeance, je voulus l'assurer par la dissimulation; je dis, M. l'abbé, me permettez-vous d'aller, pour un petit besoin, dans ce grand hangar qui sert d'asile aux daims? C'était dans le parc de Bruxelles que cela se passait. J'y fus bientôt suivi; c'est ce que je voulais. J'y fus bientôt hué; c'est ce que je ne voulais pas. Ma petite épée se tire. On se jette sur moi. Je pique. Je ne suis pas assez fort pour percer. On l'est assez pour me culbuter. Cette première petite colère était de la rage. Je me relève. On m'entoure. On me menace, on rit, ce qui est bien pis. Je donne des coups à droite, à gauche. Je pare vingt coups de poing, ou plutôt je les tiens suspendus sur mon visage. Enfin, il m'en tombe sur le derrière de la tête qui m'étourdissent au point que mes petits camarades des rues, avec qui je jouais à la porte de l'hôtel quand je pouvais m'échapper, sont vainqueurs et cassent la coquille de ma petite épée pour gage de leur triomphe. Plus furieux encore lorsqu'ils me rendent mes armes faussées, démontées, mais humilié, craignant d'autres coups de la part de M. l'abbé, je lui fais une petite histoire. C'était ma première bataille, mais non, mon premier mensonge. Je lui dis que quelques daims chassés par des polissons (car on pouvait les avoir vus) m'avaient culbuté en sortant de l'étable et que le désordre où mon épée et moi nous nous trouvions en était la suite ; et l'abbé, pensant vraisemblablement à autre chose, ne m'en demanda pas davantage. J'étais coquet et gourmand : et je vois qu'on ne se corrige de rien. On habillait les enfants à la housarde avant de les habiller ridiculement en beaux messieurs. Je me regardais sans cesse au miroir. Je me trouvais aussi joli que tout le monde me le disait. Je volais tout ce que je trouvais à manger, et en servant la messe, ce qu'on m'obligeait à faire tous les jours, je buvais souvent le vin des burettes. Je ne m'en corrigeai que pour ne pas faire gronder ceux qu'on soupçonnait de n'y en avoir pas mis. Ce n'était pas par impiété, car j'ai toujours eu assez d'imagination pour être dévot de temps en temps, à l'article près des devoirs à en remplir. Quand il m'en prenait même des accès un peu plus forts, je m'abstenais pendant huit jours des péchés qu'on commence, quand on a été précoce, comme moi à treize ans. Mon premier confesseur me les apprit en me demandant si je les commettais. J'y ajoutai celui de l'orgueil, en le priant de lire ma confession où j'avais fait ma plus belle écriture qu'on puisse voir. Une femme qui avait assez de pouvoir sur l'esprit de mon père, dont je trouvai (soit dit en passant) des lettres et des réponses d'amour de la fille d'un lieutenant-colonel de Teutschmeister nommé Mayer, à quatre-vingt-quatre ans, lui dit de me mener à un bal de théâtre. Deux petits masques s'emparent de moi. C'était du feu pour mon coeur et mes sens. J'étais hors de moi. On me serrait, m'agaçait, me tourmentait, me caressait, m'inspirait. Heureusement pour mon innocence, M. de la Porte me découvre et vient me tirer du plus charmant des précipices. Mais que de pensées, de désirs, de désordres dans ma tête et dans mon âme! Il me fut impossible d'étudier de deux jours. Je dis que j'avais une migraine affreuse (quoique je n'aie guère menti dans ma vie que lorsqu'ainsi, dans ce moment-là, cela était nécessaire), je restai couché deux fois vingt-quatre heures; mais hélas! je n'y dormis pas. Il n'y eut que l'amour d'offensé dans ceci. Mais voici deux offenses à l'amour-propre dans un jour. C'est bien pis. Mon père ayant dans sa loge la princesse de Hornes qui venait de se marier, aussi belle qu'aimable, craignant que je n'en devinsse amoureux, ne veut plus que j'y aille. Mon gouverneur aimait la comédie. Eh bien, lui dit-il, vous irez sur les bancs du théâtre. Il y en avait alors partout, comme on sait. Quelle grande spéculation ! ils devaient s'apercevoir l'un et l'autre que de voir de si près des actrices char-mantes, et de ne rien perdre de ce qui était un peu instructif dans les jolis opéras à vaudeville, m'avancerait beaucoup; entre autres La Chercheuse d'esprit. Une mine expressive à quelque gaieté dans un couplet, une attitude dans un ballet, me transportaient comme on peut s'en douter. Je fais semblant d'être obligé de sortir. Je m'arrête dans les coulisses. J'y trouve une danseuse. Une Mme Grégoire dont je croyais (étant déjà fat alors) que les beaux yeux se tournaient quelquefois vers moi. Je lui fais ma déclaration, elle se met à rire. D'abord interdit, puis confus, je me dis : au moins cette sortie dans la coulisse me servira à quelque chose. Le duel de M. de Turenne à neuf ans m'avait tourné la tête. J'en avais lu d'autres de jeunes gens dans des mémoires. J'ai treize ans, disais je, et je ne me suis pas encore battu! Un officier de trente au moins veut entrer sur le théâtre pour s'asseoir sur un banc. Je lui marche sur le pied. Ce petit prince est maladroit, dit-il. Non, Monsieur, lui dis je, c'est bien exprès, car vous m'avez regardé d'un air… Il se mit à rire, comme Mlle Grégoire. Et voilà que dans un quart d'heure je suis traité deux fois comme un enfant. Pour m'essayer, on me faisait aller tout seul, pendant la nuit, dans le jardin de l'hôtel de Ligne où l'on me faisait croire qu'il y avait des voleurs; et je me mis une fois en embuscade plus de deux heures, derrière un gros arbre, l'épée à la main. L'envie que j'avais eue de m'en servir au théâtre avait déplu à mon gouverneur, mais point du tout à mon père. C'est à un âge plus avancé qu'on peut voir les nuances du coeur dans celui qui l'est le moins. Je me souviens d'avoir eu des désirs, et une espèce de passion, dans cet espace de quatorze à quinze ans. Les premiers m'étaient inspirés par les beaux yeux de Mme de Los Rios qu'on rencontre ici presque encore belle à plus de soixante ans. Et la seconde pour une demoiselle de Luzani. Mon Dieu, que j'étais embarrassé, et rougissant à la fois, et que je fus triste en la quittant, la première fois que je quittai Vienne!
Table des matières VOLUME 1 CHARLES-JOSEPH DE LIGNE, MÉMOIRE VIVANTE DES LUMIÈRES, par Roland Mortier «J'étais élevé à la gloire et à l'amour» Une singulière éducation princière Le jeune officier La vedette mondaine Le petit monde de Vienne Ligne et Napoléon : Satan Ier ou l'Être prodigieux L'écrivain de tempérament L'amour et les femmes Le moraliste L'homme du monde L'Européen Ligne «hortomane» et portraitiste L'Autre et la différence LE PRINCE DE LIGNE PAR LUI-MÊME Introduction par Roland Mortier Fragments de l'histoire de ma vie Premier cahier Deuxième cahier Troisième cahier Quatrième cahier Cinquième cahier Sixième cahier Septième cahier Huitième cahier Neuvième cahier Dixième cahier Onzième cahier Douzième cahier Treizième cahier Quatorzième cahier Quinzième cahier Dix-septième cahier Dix-huitième cahier Dix-neuvième cahier Vingtième cahier Vingt et unième cahier Vingt-deuxième cahier Vingt-troisième cahier Vingt-sixième cahier Vingt-septième cahier Vingt-huitième cahier Vingt-neuvième cahier Trentième cahier Trente-deuxième cahier Trente-troisième cahier Trente-quatrième cahier Trente-cinquième cahier Trente-huitième cahier Quarantième cahier Quarante et unième cahier Quarante-deuxième cahier Quarante-troisième cahier Quarante-quatrième cahier Quarante-cinquième cahier Quarante-sixième cahier Quarante-septième cahier CONTES IMMORAUX Introduction par Roland Mortier Contes immoraux Conversations de Bélial, ou le Bon Diable Préface Première conversation Deuxième conversation Troisième conversation Quatrième conversation Cinquième conversation Sixième conversation Septième conversation Huitième conversation Neuvième conversation Dixième conversation Onzième conversation Douzième conversation Treizième conversation VOLUME 2 CORRESPONDANCE Lettres de Crimée à la marquise de Coigny Introduction par Roland Mortier Avertissement Lettre première Lettre Il Lettre III Lettre IV Lettre V Lettre VI Lettre VII Lettre VIII Lettre IX Lettres à divers correspondants Introduction par Roland Mortier Au prince de Kaunitz, au mois de novembre 1788 Au maréchal de Lacy, en décembre 1789 Au prince E. Kaunitz, en décembre 1789 À Catherine II Fragments d'une lettre à une grande Dame espagnole Autre fragment MES ÉCARTS Mes écarts, ou ma tête en liberté Introduction par Roland Mortier Préface Tome I Tome II VOLUME 3 CRITIQUE HISTORIQUE Introduction par Roland Mortier Lettres sur la dernière guerre des Turcs Lettre première Lettre seconde Lettre troisième Lettre quatrième Lettre cinquième Lettre sixième Lettre septième Lettre huitième Lettre neuvième Lettre dixième Lettre onzième JARDINS Introduction par Roland Mortier Préface Seconde préface Dédicace Coup d'œil sur Belœil Belœil Note de l'auteur Les environs Note de l'auteur Coup d'œil sur les plus beaux sites et les jardins naturels Coup d'œil sur les jardins de l'art SUR LE THÉÂTRE Lettres à Eulalie Introduction par Roland Mortier Lettre première Lettre deuxième Lettre troisième Lettre quatrième Lettre cinquième Lettre sixième Lettre septième Lettre huitième Lettre neuvième Lettre dixième Lettre onzième Lettre douzième et dernière Avis VARIA Introduction par Roland Mortier Autoportrait jour/nuit De moi pendant le jour De moi pendant la nuit Portraits de Voltaire et de Rousseau Introduction par Roland Mortier Mon séjour chez M. de Voltaire Mes deux conversations avec Jean-Jacques Mémoire sur Paris Lettre et portrait [en monosyllabes] Lettre du prince de Ligne sur le Discours sur l'héroïsme de Rousseau Introduction par Roland Mortier Lettre à MM. Tous deux frères, et mes amis, avec qui je parlais souvent de Jean-Jacques, dont nous venions de lire ensemble les Lettres sur l'héroïsme Pastiche du style biblique Synonymes [Le Lapin de La Fontaine] Portraits et caractères Portrait de feu Sa Majesté Impériale de toutes les Russies Portrait d'Hermine Portrait d'Aristophile Portrait d'Avanturos Portrait de Fleuros Portrait de Joseph II Mémoires sur les Juifs et les Égyptiens Introduction par Roland Mortier Sur les Juifs Sur les Égyptiens CHRONOLOGIE GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE

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Le mouvement romantique en Belgique (1815-1850). II Vers un romantisme national

À propos du livre Nonum prematur in annum… L'exigeant précepte d'Horace a trouvé, cette fois, sa rigueur dépassée, puisque c'est de 1948 qu'est daté le premier tome du présent ouvrage. Bien malgré nous, il est vrai : des occupations professorales absorbantes, la maladie ensuite, puis de cruelles épreuves familiales ont, trop longtemps sans doute, retardé la rédaction, la mise au point et l'achèvement de ce tome II et dernier. On s'en excuse. Après un tel délai, peut-être n'est-il pas inutile de rappeler à cette place le dessein qui n'a pas cessé d'être le nôtre. C'est de poursuivre, dans le milieu belge, entre 1815 et 1850, une enquête attentive sur l'évolution des idées, des tendances et des réputations littéraires. La suivant à la trace, nous avons cherché à en préciser la marche dans les esprits et dans les écrits de ce temps. Revues et journaux, préfaces et critiques nous ont fourni l'essentiel de notre documentation. Nous avons tenu le plus grand compte des influences étrangères, et singulièrement de celle du romantisme français, dont la contrefaçon multiplie alors les oeuvres parmi nous. Et nous n'avons pas négligé de mesurer, quand il y avait lieu, les répercussions des événements politiques ou sociaux sur le devenir, en nos provinces, de la «chose littéraire». Notre propos a donc été, dans l'essentiel, l'étude d'un mouvement d'idées. On aurait tort de chercher ici un relevé complet des auteurs belges de l'époque romantique et un catalogue de leurs ouvrages. Nous avons, pour notre modeste part, essayé de tracer un tableau abrégé de cette époque de notre passé littéraire dans quelques chapitres de la grande Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, dont nous avons naguère dirigé la publication avec notre savant confrère et collègue, M. Joseph Hanse. On nous permettra d'y renvoyer. Ici, la production nationale nous intéresse avant tout dans la mesure où elle rend témoignage de la marche des idées littéraires ou en illustre le cheminement. Volontairement réduites au minimum, nos indications bibliographiques sont, strictement, celles des textes qui ont fourni nos citations ou autorisé nos conclusions. En d'autres termes, notre dessein a été ici, avant tout d'apporter une contribution valable à l'histoire des idées, er souhaitant qu'elle puisse servir à illustrer un jour ce que notre regretté maître Fernand Baldensperger appelait «une sorte de philosophie de la vie et du mouvement en littérature». Nous ne nous flattons pas d'y avoir réussi. Du moins espérons nous qu'on pourra trouver aux pages du présent tome, comme à celles du précédent, des citations nouvelles ou peu connue: et des témoignages inédits,…