Dans l’essai Mes Amériques (1956), l’auteur relate sa rencontre avec un vagabond sur un pont dans une grande ville, ou celle avec le physicien Robert Oppenheimer (« père de la bombe atomique ») lorsqu’ils évoquent les relations entre science et poésie.
Dans les Dialogues africains (1952), on lit son échange avec l’écrivain congolais Paul Lomami Tshibamba, ou avec le chanteur Monongo, sa découverte de l’art pictural (Pilipili Mulongoy notamment), et son intérêt profond pour la spiritualité animiste (comme seule possible relation respectueuse au monde ?).
Dans Dialogues européens (1950), Bodart anticipe « l’oubli de la culture » dans la construction européenne ! Selon lui, il existe deux Europe : celle qu’on « veut faire », du monde économico-politique, et celle qui « se fait depuis des siècles sans le savoir, sans le vouloir », alors que Shakespeare lit Montaigne, que Thomas Mann et Proust évoquent le temps qui passe, que Tchekov et Sartre racontent de sombres histoires…
Pierre Mertens rappelle dans Le Soir du 16 décembre 1992, la générosité et l’ouverture d’esprit qui animaient Roger Bodart : « il voyageait de façon singulière à travers les pays et les œuvres (…) Il est de ceux qui ont su rendre sa légitimité au mot éclectisme. Nous manquons aujourd’hui d’hommes de cette nature ».
Ces trois rééditions sont une véritable aubaine pour ceux qui désirent rendre notre monde d’aujourd’hui plus lisible et meilleur.
Auteur de Dialogues : Europe, Amérique, Afrique, Israël
Une revue catholique au tournant du siècle : Durendal 1894-1919
À propos du livre (texte de l'Introduction) Lorsqu'on parcourt une histoire de la littérature belge de langue française, le chapitre consacré à cette époque particulièrement florissante, qui va de 1880 à la première guerre mondiale, frappe par l'éclosion soudaine de revues littéraires qui suivirent l'exemple de la Jeune Belgique. Dans la liste de ces revues plus ou moins éphémères, l'attention est attirée par la longévité surprenante de l'une d'elles, Durendal, revue catholique d'art et de littérature . Ce mensuel catholique parut pendant vingt ans, de 1894 à 1914, alors que la Jeune Belgique ne sortit de presse que durant seize années et que la Wallonie disparut au bout de sept ans. Quelle recette a donc permis à Durendal de garder si long-temps ses lecteurs? Et une seconde question vient à l'esprit : à quoi pouvait bien s'intéresser une revue littéraire catholique à un moment où la littérature catholique semble inexistante? Qui a fondé Durendal ? Quels étaient ses objectifs? Autant de questions sur lesquelles bien peu de critiques ou d'historiens littéraires se sont penchés. En faut-il davantage pour désirer examiner avec un peu d'attention cette revue et la sortir de l'oubli, comme ce fut fait autrefois pour la Jeune Belgique et la Wallonie ? C'est ce que nous allons essayer de faire : rechercher les origines de la revue, découvrir son but, analyser la manière dont elle l'atteignit et les raisons qui la maintinrent en vie au-delà de la durée moyenne d'existence des revues littéraires belges. Ce travail ne se veut pas exhaustif: beaucoup d'aspects devront malheureusement rester ignorés, principalement certains problèmes plus particulièrement artistiques qui sortent de nos compétences par leur caractère trop technique. Nous ne proposerons pas non plus, dans chaque chapitre, un relevé détaillé de tous les articles parus dans Durendal et traitant du sujet mais seulement les extraits les plus significatifs. La présentation typographique de la revue, son illustration de plus en plus abondante et le sommaire de chaque numéro ne nous paraissent pas mériter de longs développements. Il suffit de savoir qu'en 1894 chaque numéro comptait vingt pages, tandis que ce nombre…